Football: Les Bleus accrochés par Israël, des échauffourées en tribunes
par Vincent Daheron
SAINT-DENIS, Seine-Saint-Denis (Reuters) – L’équipe de France de football s’est qualifiée jeudi pour les quarts de finale de la Ligue des nations malgré son match nul au Stade de France contre Israël (0-0), une rencontre marquée par des échauffourées en tribunes et un dispositif de sécurité exceptionnel malgré une très faible affluence.
Une semaine après les violences qui ont éclaté à Amsterdam entre des locaux et des supporters du club visiteur du Maccabi Tel Aviv en marge d’un match de Ligue Europa, près de 4.000 membres des forces de l’ordre ont été déployés dans et autour du stade, ainsi que les forces spéciales de la BRI (Brigade de recherche et d’intervention) et du RAID (recherche, assistance, intervention, dissuasion).
Pour leur premier match au Stade de France depuis le 19 juin 2023, les Bleus ont évolué devant seulement 16.611 spectateurs, dont quelques centaines de supporters d’Israël, alors que l’enceinte dionysienne peut accueillir 80.000 personnes. Il s’agit de la pire affluence au Stade de France pour un match de l’équipe masculine nationale, hors crise sanitaire du Covid-19.
Des sifflets ont accompagné l’entrée à l’échauffement des Israéliens, de même que leur hymne – joué à un niveau sonore très élevé – puis leurs touches de balle en début de partie.
Au cours de la première période, des échauffourées ont éclaté dans le virage nord du Stade de France, près de la tribunes où des fans avec des drapeaux israéliens étaient assis. Plusieurs personnes ont été vues en train de courir et d’asséner des coups de poing.
L’incident, dont la cause n’a pu être déterminée, a été contenu par quelques stadiers qui se sont ensuite déployés en nombre pour former un barrage.
« Je n’ai pas vu (les échauffourées) », a déclaré le sélectionneur de l’équipe de France, Didier Deschamps, en conférence de presse.
Les supporters d’Israël ont chanté « Libérez les otages » à plusieurs reprises pendant la partie en référence aux personnes enlevées par le Hamas palestinien lors l’attaque du 7 octobre 2023.
« On veut remercier les services de sécurité qui nous ont protégés. Merci aussi aux services français », a déclaré le sélectionneur israélien, Ran Ben Shimon, devant les journalistes. « Les autorités ont organisé cette rencontre de manière fantastique. »
Quelques supporters d’Israël ont remercié la police en quittant le stade.
Près de deux heures avant le début du match, les forces de l’ordre patrouillaient sur le parvis, particulièrement vide, du Stade de France, tandis qu’un hélicoptère de la gendarmerie survolait la zone.
Devant les portes d’accès au stade, quelques supporters d’Israël affichaient à la fois les couleurs israéliennes et françaises. Certains arboraient des t-shirts du club du Maccabi Tel Aviv avec le slogan « Ni oubli ni pardon » dans le dos.
Une femme portait une feuille avec la mention « fuck Hamas ».
En marge de la rencontre, plusieurs centaines de personnes se sont réunies sur la place du Front Populaire de Saint-Denis, à un peu plus de deux kilomètres du Stade de France, pour manifester contre la tenue du match avec des drapeaux palestiniens et quelques drapeaux libanais et algériens.
Une banderole affichait le message « On ne joue pas avec le génocide », en référence à la guerre à Gaza. Israël nie les accusations de génocide dans le cadre de son offensive dans l’enclave palestinienne.
De nombreux responsables politiques, parmi lesquels le président Emmanuel Macron mais aussi ses prédécesseurs François Hollande et Nicolas Sarkozy, ont assisté à la rencontre. Le Premier ministre Michel Barnier était également en tribunes.
« Nous ne céderons rien à l’antisémitisme, où que ce soit. Et la violence, y compris dans la République française, ne l’emportera jamais. Et l’intimidation non plus », a déclaré Emmanuel Macron sur BFM TV à son arrivée au stade.
Sur le plan sportif, les Bleus ont été tenus en échec par Israël, dernier du groupe avec quatre défaites en autant de rencontres avant de se déplacer en France.
Sans Kylian Mbappé, de nouveau absent du rassemblement, ni Ousmane Dembélé, blessé, les Tricolores ont manqué d’efficacité.
« Ce n’est pas un contexte qu’on a envie de revivre, bien évidemment, mais ce n’est pas une excuse », a dit Didier Deschamps. « Malheureusement, on doit composer avec ça. »
Ses joueurs ont quand même assuré leur qualification pour les quarts de finale de la Ligue des nations, avant leur déplacement en Italie, dimanche.
(Reportage de Vincent Daheron, avec la contribution de Layli Foroudi et Reuters TV, édité par Jean Terzian)