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Face au couvre-feu à Paris, le sentiment d’injustice de la jeunesse

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par Caroline Pailliez

PARIS (Reuters) – Colère et lassitude: le couvre-feu décidé par Emmanuel Macron passe mal auprès d’une grande partie des jeunes qui dénoncent un discours culpabilisant à leur égard, alors que les fêtes étudiantes sont pointées du doigt comme étant l’un des principaux accélérateurs de la deuxième vague épidémique.

Attablés à un café, quelques heures avant l’entrée en vigueur du couvre-feu, Solène Tissot et Nicolas Litaudon, étudiants à Sciences Po Paris, de bords politiques différents, discutent ce vendredi des dernières annonces du gouvernement et de la perception qu’en ont eue leur entourage.

« J’ai entendu beaucoup de monde prendre ça comme une forme de punition, parce que l’aspect social dans les études, c’est vraiment primordial. Ça permet de décompresser, de faire une soupape et aussi d’échanger avec les autres », témoigne Solène, qui explique que les jeunes se construisent beaucoup grâce à leurs relations sociales en dehors des cours.

« Je pense que le gouvernement doit essayer de dédiaboliser cette mesure et expliquer que c’est pour le bien de tous », poursuit la jeune fille, favorable à un couvre-feu qui, dit-elle, qui devrait permettre de maintenir l’économie sans couper complètement les liens sociaux.

Nicolas est moins conciliant.

« Est-ce que le gouvernement a suffisamment anticipé, planifié, a suffisamment fait ce qui devait être fait pour mieux maîtriser la deuxième vague et empêcher ces mesures restrictives ? On n’en est pas sûr », dit le jeune homme de 19 ans, qui craint que les jeunes ne paient les pots cassés d’une impréparation gouvernementale.

« Beaucoup d’étudiants vont se retrouver dans une situation d’isolement », regrette-t-il en citant surtout les premières années qui arrivent de province et n’ont pas eu l’occasion de rencontrer beaucoup de monde depuis leur arrivée, les activités d’intégration ayant été limitées.

Pour endiguer la deuxième vague épidémique et éviter une saturation des hôpitaux, notamment dans les services de réanimation, le couvre-feu entre en vigueur ce vendredi à minuit (22h00 GMT) en Ile-de-France et dans huit métropoles (Aix-Marseille, Lyon, Lille, Toulouse, Montpellier, Grenoble, Saint-Etienne et Rouen).

Il s’appliquera chaque jour entre 21h00 et 06h00 sur une période initiale de quatre semaines.

« C’EST DUR D’AVOIR 20 ANS AUJOURD’HUI »

Emmanuel Macron a pourtant pris des gants mercredi pour annoncer les dernières mesures restrictives. « C’est dur d’avoir 20 ans aujourd’hui. Donc je ne donnerai jamais de leçon à nos jeunes », a-t-il dit, ne souhaitant « culpabiliser personne ».

Les jeunes ont été rapidement pointés du doigt dans la reprise de l’épidémie. Environ 25% des clusters en cours d’investigation se trouvent dans les universités et milieux scolaires, selon Santé publique France.

Le risque de transmission dans ces foyers puis de diffusion en population générale est toutefois beaucoup plus faible que pour les autres types de clusters, peut-on lire dans son dernier point épidémiologique https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/infection-a-coronavirus/documents/bulletin-national/covid-19-point-epidemiologique-du-15-octobre-2020 en date.

Une quarantaine d’établissements ont dû fermer leurs portes pendant deux semaines depuis la rentrée et des mesures renforcées de distanciation ont été prises. La ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a par ailleurs exhorté les jeunes à limiter les soirées effectuées dans un cadre privé.

Zoé, étudiante de 21 ans en Master patrimoine et musée à la Sorbonne, fulmine. Elle vient de passer plusieurs heures dans une salle encore trop petite pour accueillir toute la classe tout en respectant les distanciations sociales. Elle dénonce un traitement en deux poids, deux mesures.

« C’est très marrant d’infantiliser les jeunes et de dire que c’est de notre faute, on n’est pas responsable, on fait des soirées, alors que du point de vue de l’Education nationale, il n’y a pas assez de prof pour nous, on n’a pas assez de salles », ironise-t-elle.

Le couvre-feu aura également un impact sur la situation financière des étudiants qui dépendent pour beaucoup de petits boulots effectués le soir. Pour Zoé, c’est le babysitting.

« On ne sait pas si on peut avoir une dérogation, on ne sait pas si les parents vont continuer à nous demander des services. Et on dépend de ces petits boulots-là pour notre loyer et nos courses », dit-elle.

(avec Maxime Lahuppe et Gonzalo Fuentes; édité par Henri-Pierre André)

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