Accord USA-taliban sur le retrait américain d’Afghanistan
Les Etats-Unis et les taliban afghans ont signé samedi à Doha un accord qui doit ouvrir la voie au retrait des troupes américaines d’Afghanistan et à des négociations de paix entre les insurgés islamistes et le gouvernement de Kaboul.
Cet accord prévoit le retrait complet des contingents américain et de l’Otan dans un délai de 14 mois, à condition que les taliban respectent leurs engagements.
Au cours des 135 prochains jours, les Etats-Unis et leurs alliés retireront leurs forces de cinq bases militaires, est-il encore écrit.
Les Etats-Unis et le gouvernement afghan s’engagent également à libérer avant le 10 mars jusqu’à 5.000 prisonniers taliban, les insurgés promettant de leur côté de relâcher un millier de détenus.
Le gouvernement américain accepte en outre de retirer d’ici au mois d’août les sanctions visant des responsables taliban.
Le retrait d’Afghanistan des quelque 13.000 soldats américains toujours stationnés dans le pays est un objectif majeur de politique étrangère de Donald Trump, qui, s’il l’atteint, pourrait y puiser un argument de campagne supplémentaire en vue de sa réélection en novembre prochain.
Outre les Américains, environ 8.500 soldats venus de 37 pays participent sous l’égide de l’Otan à la mission « Resolute Support » de formation, de conseil et d’assistance aux forces afghanes.
La guerre en Afghanistan, qui a fait des dizaines de milliers de morts, a débuté il y a dix-huit ans avec l’intervention américaine consécutive aux attentats du 11-Septembre aux Etats-Unis revendiqués par Al Qaïda.
Accusant les taliban d’abriter et protéger l’organisation djihadiste et son chef Oussama ben Laden, les Américains et leurs alliés ont chassé en quelques semaines les islamistes qui étaient au pouvoir depuis 1996, mais ces derniers contrôlent toujours aujourd’hui environ 40% du territoire afghan.
Même s’il peut sembler s’agir d’une victoire politique pour Donald Trump, certains experts soulignent que l’accord de samedi conférera aux taliban une légitimité internationale.
La mise en oeuvre du texte signé à Doha reste une inconnue pour les prochains mois. Certains analystes soulignent notamment la possibilité que l’accord ne soit pas appliqué par des groupes taliban dissidents, alors que les négociations inter-afghanes s’annoncent également très compliquées.
Présent à Doha, le chef taliban Hibatullah Akhundzada a appelé tous les combattants à respecter l’accord signé avec les Etats-Unis.
(Bureau de Doha, version française Jean-Stéphane Brosse)