Sanofi envisage des acquisitions après la cession d’Opella
PARIS (Reuters) – Le géant pharmaceutique français Sanofi a déclaré jeudi pouvoir être plus actif en matière de M&A, lors de l’annonce de ses ventes du quatrième trimestre.
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Le laboratoire français a dit s’attendre à finaliser la vente de sa participation majoritaire dans la branche de santé grand public Opella, qui produit notamment le Doliprane, au second trimestre de 2025 au plus tôt.
Cette vente doit l’aider à achever sa transition en un « pure-player » fabriquant uniquement des médicaments et des vaccins.
« Nous avons toujours été actifs en matière de M&A et nous pourrons l’être encore un peu plus dans le futur proche, car nous allons recevoir un montant significatif en ‘cash’ avec la cession d’Opella », a affirmé le directeur financier du groupe François-Xavier Roger lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes jeudi matin.
Sanofi avait annoncé en octobre entrer en négociations exclusives avec le fonds américain CD&R pour céder sa part dans Opella.
Le projet de cession avait suscité de vives critiques et provoqué un important débat politique sur la souveraineté sanitaire en France.
Sanofi, qui figure parmi les principaux fabricants de vaccins au monde en termes de ventes, a fait état d’un chiffre d’affaires de 10,56 milliards d’euros sur la période, en hausse de 10,3% à taux de changes constants, au-dessus des 10,39 milliards d’euros prévus par les analystes dans un consensus cité par Sanofi.
Le groupe prévoit par ailleurs de mener un programme de rachats d’actions d’un montant de cinq milliards d’euros en 2025.
2025 « sera une année très importante pour devenir un groupe de biopharma pure-player », a déclaré le directeur général de Sanofi, Paul Hudson, lors d’une conférence de presse jeudi matin.
Pour cette année, le groupe a dit viser « une croissance du chiffre d’affaires d’un pourcentage à un chiffre moyen à haut » et confirmé sa prévision d’un « fort rebond » du bénéfice net par action des activités « avec une croissance dans la fourchette basse d’un pourcentage à deux chiffres ».
VOLONTE D’INNOVER
Les ventes de Sanofi ont été aidées par le succès continu de son médicament vedette, le Dupixent, utilisé par exemple contre l’asthme et l’eczéma atopique. Il représente à lui seul environ un tiers des ventes du groupe avec 3,46 milliards d’euros.
En hausse de 16%, les ventes du médicament sont toutefois en-deçà des 3,61 milliards d’euros attendus par le consensus cité par Sanofi.
Le médicament a récemment été lancé pour le traitement de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), dite maladie du fumeur.
Sanofi a accéléré ses efforts de recherche et de développement au cours du dernier trimestre afin de répondre aux inquiétudes concernant sa trop grande dépendance à l’égard du Dupixent.
Ces efforts avaient contraint le groupe à abandonner, en 2023, ses objectifs de marge opérationnelle pour 2025.
Le groupe est fréquemment questionné sur son absence du marché en plein essor des médicaments GLP-1, conçus pour traiter le diabète et favoriser la perte de poids tels que l’Ozempic, de Novo Nordisk.
Interrogé à ce sujet jeudi matin, Paul Hudson a déclaré que « les entreprises qui avaient investi dans l’obésité l’ont fait il y a presque une décennie » et qu’il était « peut-être trop déjà trop tard pour suivre le marché GLP-1 ».
Le Britannique a aussi affirmé que « la prochaine bataille » serait celle de « la qualité de la perte de poids », différenciant la perte de muscle et celle de graisse, et que Sanofi « regarde où en sera le marché dans 5 ou 6 ans ».
INQUIETUDE AUX ETATS-UNIS
L’annonce des résultats de Sanofi intervient un jour après que Robert Kennedy Junior (RFK Jr), que le président américain Donald Trump a nommé secrétaire à la Santé, a été mis en difficulté par le Sénat américain lors de son audience de confirmation.
La politique de l’administration Trump constitue un sujet d’inquiétude pour les investisseurs.
Interrogé sur ses attentes pour le marché américain, Paul Hudson a affirmé que « la seule chose qui peut nous protéger en tant qu’entreprise, c’est d’innover à grande échelle de manière à être récompensé par les organismes payeurs » et qu’il ne s’agissait « pas vraiment d’une préoccupation ».
« Avec un changement d’administration, quel que soit le sentiment qui s’en suit, nous voyons toujours cela comme une occasion de tenter de mettre les patients au coeur du débat », a ajouté le dirigeant.
Mi-novembre, l’action Sanofi avait chuté en Bourse après l’annonce de la nomination de Robert Kennedy Junior, fortement critiqué pour ses déclarations erronées et complotistes sur les vaccins notamment.
Le titre Sanofi a augmenté de 1,35% à 103,24€ à 10h30. Depuis le début de l’année, il a pris 10,1%.
(Rédigé par Florence Loève, édité par Blandine Hénault)