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Les chrétiens syriens avouent leurs préoccupations après le massacre des Alaouites

Après le massacre à motifs religieux d’alaouites par des milices proches du gouvernement, l’optimisme des minorités a cédé la place à une grande incertitude. Des chrétiens syriens et une alaouite avouent leurs préoccupations à la Solidarité Chrétienne Internationale (CSI).
Pendant le règne du président alaouite Bachar al-Assad, le moine franciscain, le père Bajhat Karakach d’Alep, s’était déjà beaucoup inquiété pour les chrétiens de Syrie : « Ils sont complètement épuisés par la vie sous le régime », surtout parce que la croissance économique était au point mort.

Après la chute d’al-Assad et la prise du pouvoir par les islamistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS) en décembre 2024, de nombreux chrétiens syriens ont exprimé un optimisme prudent, tout comme Wakil : « Nous avions bon espoir lorsque la chute d’al-Assad a été confirmée. »

De l’espoir à la terreur

Mais l’optimisme, aussi prudent soit-il, s’est effondré après que le gouvernement de transition a appelé le 7 mars 2025 des volontaires à combattre les « vestiges de l’ancien gouvernement » sur la côte syrienne. Des attaques systématiques ont été perpétrées contre les alaouites. Lors de leurs massacres, les combattants proches du gouvernement, issus de la majorité musulmane sunnite, ont lancé des slogans tels que : « Ce sont des porcs alaouites. » La violence a également fait des victimes chrétiennes et a attisé les craintes de toutes les minorités religieuses.

En trois jours, plus de mille civils, principalement des alaouites, ont été victimes de ces campagnes meurtrières. En réaction, CSI a émis une alerte au génocide.

Des souvenirs d’attaques contre des chrétiens

Pour Natalie, chrétienne de 35 ans originaire de Homs, le massacre religieux du début du mois de mars 2025 confirme ses craintes vis-à-vis du nouveau gouvernement syrien d’Ahmed al-Charaa : « De nombreux chrétiens se sentent menacés par les groupes djihadistes. Nous les connaissions déjà lorsqu’ils se battaient sous le nom de Jabhat al-Nosra. Ils étaient à l’origine de l’attaque contre Maaloula en 2013, au cours de laquelle ils ont enlevé des moines et tué plusieurs chrétiens. »

À la même époque, dans la ville d’Idlib, au nord-ouest du pays, des chrétiens ont été déplacés de force et agressés, en particulier après l’invasion de l’actuel président al-Charaa. « Ses combattants ont pillé des maisons chrétiennes et ont averti toutes les minorités qu’elles devaient se soumettre à la charia ou disparaître », poursuit Natalie.

Sous un masque de modération

La jeune femme exprime son scepticisme lorsque le nouveau président parle de modération et de tolérance religieuse. « Il essaie de se présenter à l’Occident comme un dirigeant modéré, mais il n’a rien changé au fond de sa doctrine. Il attend juste le bon moment pour consolider son pouvoir après la levée des sanctions. Il va alors retirer son masque d’« Ahmed al-Charaa » et revenir à son véritable rôle d’émir de l’organisation « Abu Mohammed al-Jolani », son nom de chef de milice », affirme Natalie.

Le président par intérim de la Syrie, Ahmed al Charaa, lors d'une interview avec Reuters au palais présidentiel, à Damas, Syrie. /Photo prise le 10 mars 2025/REUTERS/Khalil Ashawi

Le président par intérim de la Syrie, Ahmed al Charaa, lors d’une interview avec Reuters au palais présidentiel, à Damas, Syrie. /Photo prise le 10 mars 2025/REUTERS/Khalil Ashawi

Fabrice Balanche, professeur et directeur de recherche à l’université de Lyon, qui étudie la politique syrienne depuis des décennies, est également sceptique :

« On peut s’interroger sur le fait de savoir comment quelqu’un qui a passé vingt ans dans un groupe terroriste, qui a certes rompu avec Al-Qaïda sur le plan tactique mais pas vraiment idéologique, peut se déradicaliser du jour au lendemain et devenir un démocrate ? »

« Mourir de faim ou être tués »

Aliyah, une alaouite de 44 ans originaire de Jablé, dans le gouvernorat de Lattaquié, est également inquiète. Elle souligne que sous Bachar al-Assad, « contrairement à l’opinion générale, les alaouites ne jouissaient d’aucun privilège. Comme la plupart des Syriens, nous avons souffert des conséquences du monopole du pouvoir ». Désormais, appartenir ouvertement à la communauté alaouite est devenu un arrêt de mort : « Avant même le massacre, les employés alaouites étaient licenciés arbitrairement. Maintenant, nous avons le choix entre mourir de faim ou être tués à cause de notre appartenance religieuse. »

Un fragile espoir

Aliyah partage l’avis de Wakil selon lequel les Syriens souhaitent une Constitution laïque qui donne à chaque citoyen la liberté de vivre sans ingérence de la religion ou de la loi islamique. « La solution réside dans la création d’un État pour tous les Syriens et dans le rejet des discours de haine qui sèment la discorde et incitent au meurtre. »

Cependant, de tels efforts ont subi un revers cuisant après le massacre du 13 mars 2025 : Ahmed al-Charaa a signé une Constitution qui doit rester en vigueur pendant cinq ans et qui stipule que le chef de l’État doit être un musulman sunnite et que la charia est la principale source de jurisprudence.

En outre, mis à part les attaques meurtrières, il existe des signes inquiétants d’intolérance religieuse en Syrie. Ainsi, Wakil rapporte des incidents « allant du bris de bouteilles d’alcool à la séparation des femmes et des hommes dans les transports en commun, en passant par la prédication de l’islam dans les quartiers chrétiens et la destruction de croix sur les tombes. Il est vrai que l’on a réagi immédiatement à tous ces incidents, mais les minorités ont vraiment peur ».

Malgré ces sombres perspectives, des chrétiens comme Natalie ont un fragile espoir pour l’avenir de la Syrie : « J’espère que l’influence des groupes islamistes diminuera et qu’ils ne recevront plus de soutien extérieur. Il est tout aussi important que les communautés locales prennent conscience que les idéologies extrémistes n’ont apporté que destruction jusqu’à présent. »

Les Syriens se trouvent toujours à la croisée des chemins : ils sont prisonniers du souvenir d’un passé autoritaire, de la réalité d’un présent violent et d’un avenir incertain.

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