JO: Beaugrand en or et Bergère en bronze, premières médailles individuelles pour le triathlon français
par Vincent Daheron
PARIS (Reuters) – Vingt-quatre ans après l’apparition du triathlon aux Jeux olympiques, Cassandre Beaugrand a offert mercredi à Paris la première médaille individuelle à la France dans cette discipline en obtenant l’or, quelques heures avant le bronze décroché par Léo Bergère.
Vierge de podium aux Jeux en individuel, l’équipe de France a vécu, en deux temps, une journée magnifique sur le Pont Alexandre-III. « C’est incroyable. Je n’ai pas les mots, c’est fou ce qui m’arrive », a d’abord réagi Cassandre Beaugrand (27 ans).
« C’est assez historique. Aujourd’hui, le triathlon français a fait quelque chose d’extraordinaire », a poursuivi Léo Bergère (28 ans). « On vient de concrétiser dix, quinze ans de travail de toute une équipe. »
« Il a fallu attendre 24 ans mais ça y est, c’est résolu », s’est réjoui Benjamin Maze, directeur technique national (DTN) de la Fédération française de triathlon (FFTri). « Il y a eu tellement de places d’honneur, de finalistes. On entre enfin dans ce panthéon avec cette médaille et ça va en appeler beaucoup d’autres. »
Si le relais mixte avait obtenu le bronze en 2021, les individualités ne s’étaient jamais hissés sur la boite : David Hauss avait fini quatrième à Londres en 2012 devant son compatriote Laurent Vidal (5e) quand Léonie Périault avait, elle aussi, pris la cinquième place à Tokyo.
« Il a fallu s’interroger sur les raisons pour lesquelles ça ne passait pas sur cette course d’un jour », a expliqué Stéphanie Gros, conseillère technique national de la FFTri et responsable de l’équipe olympique.
Médaillée d’argent aux Mondiaux 2014 en relais mixte à seulement 17 ans et propulsée très jeune sur le devant de la scène, Cassandre Beaugrand avait été l’un des symboles de ces triathlètes français dominants pendant la saison qui ne montaient pas sur le podium individuel aux Jeux olympiques.
Trentième à Rio de Janeiro pour ses premiers Jeux, elle avait abandonné à Tokyo, en 2021, après une crevaison alors qu’elle était sortie loin en natation (24e).
« Ce matin, j’étais toute paniquée, je me suis mise à vomir avant le départ alors que ça ne m’était jamais arrivé. A Tokyo, j’étais trop stressée et j’avais perdu tous mes moyens. Le nombre de fois où mon mental a été ma faiblesse et aujourd’hui, ça a été ma force. C’est une revanche sur le passé », a estimé la numéro un mondiale et actuelle troisième de la WTCS (World Triathlon Championship Series), le championnat du monde à étapes du triathlon.
« Après Tokyo, ça n’a pas été un long chemin facile, je n’ai jamais cessé d’y croire. C’était le rêve de ma vie et je l’ai réalisé », a savouré celle qui faisait partir du relais récompensé du bronze au Japon trois ans plus tôt. « Personne ne m’a vu quand j’étais au fond du trou. Je me le suis prouvé à moi-même et je suis trop contente. »
Champion du monde 2022, Léo Bergère avait été déçu de sa 21e place au JO de Tokyo l’année précédente.
« On peut le faire, on peut aller rivaliser avec les meilleurs. Il ne fallait pas avoir de complexes pour aller prendre une médaille », a-t-il conclu, le bronze autour du cou.
(Reportage de Vincent Daheron, édité par Blandine Hénault)
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