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Il faut remettre les relations américano-chinoises sur la bonne voie

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Dans des domaines allant du commerce et des investissements aux échanges entre les peuples, les relations entre la Chine et les Etats-Unis se trouvent à un point bas rarement vu depuis l’établissement de leurs relations diplomatiques.

Ces dernières années, cette relation bilatérale, la plus importante au monde, a dévié de son cap en raison des perturbations causées par des politiques irresponsables, une mentalité de Guerre froide et des préjugés idéologiques portés par une poignée d’hommes politiques américains.

Alors qu’une nouvelle administration a pris ses fonctions à Washington, des experts américains, dans leurs récents enretiens avec Xinhua, ont appelé à saisir l’occasion de remettre les liens bilatéraux sur la bonne voie.

UNE POLITIQUE MANQUEE

Certains experts américains dans le domaine des affaires étrangères ont estimé que l’administration précédente n’avait pas réussi à développer une stratégie cohérente sur la Chine et n’avait pas résolu les problèmes dans les relations bilatérales.

« C’est une très longue histoire. Savoir si l’approche de Donald Trump envers la Chine était vraiment une stratégie demeure une question très ouverte », a déclaré Daniel Russel, vice-président pour la sécurité internationale et la diplomatie à l’Asia Society Policy Institute.

M. Russel, qui a été secrétaire d’Etat adjoint pour les affaires de l’Asie de l’Est et du Pacifique sous l’administration de Barack Obama, a confié à Xinhua que le plus grand échec de l’administration Trump était de n’avoir jamais travaillé à la résolution des problèmes dans les relations américano-chinoises.

Les droits de douane que Donald Trump a mis en place « ont finalement été payés par les consommateurs et les détaillants américains », et les importantes subventions qu’il a accordées aux agriculteurs « sont également sorties de la poche des contribuables américains », a-t-il noté.

« Donald Trump a permis à ses conseillers les plus agressifs […] de dire des choses et de prendre des mesures qui ne reflétaient peut-être pas ses convictions ou ce qu’il essayait d’accomplir par-delà le fait de se faire réélire », a ajouté M. Russel.

Certains responsables de l’administration Trump ont vanté le soi-disant « réalisme de principe » dans l’orientation de sa politique à l’égard de la Chine, une notion avec laquelle les universitaires sont en désaccord.

« L’absence de principes […] en termes de capacité à élaborer une politique étrangère stratégique intégrée est exactement ce qui a fait défaut », a souligné Arne Westad, professeur d’histoire et d’affaires mondiales à l’université de Yale.

M. Westad a également mentionné que le rapport sur la Chine publié par l’équipe de planification de la politique du département d’Etat américain en novembre 2020 suggérait que l’approche américaine n’était pas réaliste. Durant l’ensemble de son exercice, cette administration est devenue de plus en plus idéologiquement orientée au fil du temps, a-t-il observé.

UNE MAUVAISE ANALOGIE

Au cours des dernières années, les tensions entre la Chine et les Etats-Unis ont incité de nombreux observateurs à établir des parallèles avec la Guerre froide, car les termes de « Nouvelle guerre froide » et « Guerre froide 2.0 » apparaissaient souvent à la Une de la presse et dans les débats politiques.

Certains législateurs et anciens responsables américains ont, ouvertement ou secrètement, adopté la notion de Guerre froide dans leurs remarques et articles. D’éminents historiens de la Guerre froide ont toutefois souligné que cette analogie donne une interprétation manifestement erronée des relations entre la Chine et les Etats-Unis.

Melvyn Leffler, professeur émérite d’histoire à l’université de Virginie, a confié à Xinhua que l’analogie avec la Guerre froide exagérait grossièrement la nature de la menace dans l’environnement international.

Ce célèbre historien de la politique étrangère américaine pense que les contextes géopolitiques et idéologiques de la fin des années 1940 étaient totalement différents de la situation actuelle.

« Je ne pense pas que ces deux pays soient impliqués dans un jeu à somme nulle, et je ne pense pas non plus que la Chine veut renverser l’ordre économique international établi, comme l’a fait l’Union soviétique », a-t-il affirmé.

« De plus, étant donné la nature de l’interdépendance économique sino-américaine, les deux pays ont beaucoup à gagner dans la coopération », a-t-il ajouté. « De tels liens économiques n’existaient pas du tout pendant la Guerre froide entre les Etats-Unis et l’Union soviétique. »

M. Westad, qui a co-édité avec M. Leffler « Histoire de Cambridge de la Guerre froide (The Cambridge History of the Cold War) », est d’accord avec cette distinction.

« C’est très différent parce que la Chine opère globalement dans un système économique international axé sur le marché, ce qui lui a permis de sortir de la terrible pauvreté dans laquelle elle a vécu pendant la plus grande partie de la Guerre froide, pour ensuite s’affirmer en tant que grande puissance internationale », a-t-il confirmé à Xinhua.

Il a en outre indiqué qu’étant donné que plusieurs puissances s’élèvent dans le monde d’aujourd’hui, l’ordre international devient davantage multipolaire que bipolaire.

UNE NOUVELLE OCCASION

Tandis que MM. Leffler et Westad ont rejeté l’analogie avec la Guerre froide, ils ont également remarqué que la Chine et les Etats-Unis pouvaient tirer des leçons de cette époque.

La Guerre froide nous a enseigné que même des rivaux peuvent essayer de poursuivre des intérêts mutuels, a déclaré M. Leffler. « La Chine et les Etats-Unis sont confrontés à des menaces beaucoup plus graves à long terme, du fait du changement climatique et de la propagation de maladies. Il existe des raisons impérieuses pour que les deux gouvernements poursuivent des efforts de collaboration qui favorisent leurs intérêts vitaux en matière de sécurité et d’économie. »

Selon M. Westad, la Chine et les Etats-Unis doivent se préparer à un monde beaucoup moins stable que celui de la Guerre froide. « Ce qu’ils doivent faire, c’est tenter de trouver un terrain d’entente là où il est possible d’en trouver un, tout en essayant en même temps de définir quelles sont les différences entre eux, de manière à ne pas se retrouver en guerre. »

Interrogé sur ses attentes concernant l’approche de l’administration du nouveau président Joe Biden à l’égard de la Chine, M. Leffler a répondu : « Il est important que les deux pays prennent du recul, modulent leurs instincts compétitifs et se concentrent sur des domaines d’intérêt mutuel ; il existe de nombreux domaines où la coopération pourrait s’avérer fructueuse ».

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a dit plus tôt cette semaine que les relations entre les Etats-Unis et la Chine comportaient des aspects compétitifs et coopératifs, et qu’il a placé la lutte contre le changement climatique sur la liste des domaines de coopération.

« Je ne pense pas que le président Biden aura des difficultés à concurrencer la Chine dans certains domaines et à coopérer avec elle dans d’autres », a noté M. Russel. « Il ne va pas manquer de respect à la Chine et il ne va pas non plus délibérément contrarier la Chine uniquement pour des raisons idéologiques. »

M. Russel a considéré la prise de fonctions de M. Biden comme « une sorte de sursis de dernière minute » pour les relations bilatérales.

« Nous ne pouvons pas nous permettre de mal gérer ou de gâcher cette occasion », a-t-il averti. « La perspective de voir les Etats-Unis et la Chine remettre leurs relations bilatérales sur une voie constructive qui nous permette de relever les véritables défis et d’affronter les difficultés auxquelles nous sommes tous deux confrontés […] n’est en aucun cas garantie. »

M. Russel a jugé qu’il était insuffisant que Beijing et Washington coopèrent sur les questions de santé publique, de changement climatique et de contre-prolifération, appelant les deux pays à trouver un moyen de régler leurs désaccords fondamentaux.

« Les deux parties devront déployer d’énormes efforts, faire preuve de jugement, de prudence, de retenue, mais aussi de courage pour s’attaquer à certains domaines où il existe de réelles différences », a-t-il conclu.

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