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Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles. Jacques 4:6

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Dans ce verset, Jacques cite Proverbes 3:34 pour souligner l’opposition entre les humbles, auxquels Dieu accorde sa grâce, et les orgueilleux, auxquels Dieu s’oppose. Malgré sa colère, Dieu est prêt à manifester généreusement sa grâce (par le pardon) à celui qui reconnaît humblement son péché. Mais il résiste aux orgueilleux qui, par nature, s’opposent aux Vérités et aux lois divines pour assouvir leurs passions.
Dans cette section consacrée au thème de la sagesse, Jacques met tout d’abord en lumière les motivations ambiguës de ceux, nombreux, qui désirent enseigner : c’est peut-être la soif de pouvoir que Jacques dénonce avant tout dans sa description du danger de la langue : le croyant doit apprendre à la dompter (Jacques 3:112).
Deux sagesses s’affrontent : celle d’en bas, du monde, du diable et celle d’en haut, de Dieu (Jacques 3:13-18). C’est pourquoi, à la manière de la sagesse du livre des Proverbes (Proverbes 3:4) et des prophètes, Jacques appelle le peuple adultère à revenir à Dieu.
Les conflits que connaît la communauté ne sont finalement que l’aboutissement de l’orgueil humain, elle doit apprendre la vraie humilité (Jacques 4:1-10). Car c’est face à Dieu et sa Loi que l’homme est appelé à vivre, et le sage est celui qui se soumet au juge et qui ne juge pas autrui (Jacques 4:11-12).

L’opposition entre les humbles et les orgueilleux

« Il accorde, au contraire, une grâce plus excellente ; c’est pourquoi l’Ecriture dit : Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles. » (Jacques 4:6)
L’humilité se vit élevée au rang le plus élevé lorsque Jésus s’affirma « doux et humble de coeur » (Matthieu 11:29). Par contre, l’orgueil (huperèphania) fut placé sur la liste des impuretés qui proviennent du coeur humain mauvais (Marc 7:22). Selon le Magnificat (Luc 1:51), Dieu disperse les orgueilleux et élève les humbles. Jacques 4:6 et 1 Pierre 5:5 citent Proverbes 3:34 pour souligner l’opposition entre les humbles (tapeinos), auxquels Dieu accorde sa grâce, et les orgueilleux (huperèphanois), auxquels Dieu s’oppose. Dans sa présentation de la société païenne corrompue, Paul associe l’insolent (hubristas) et le fanfaron (alazonas) à l’orgueilleux (Romains 1:30; cf. 2 Timothée 3:2). La vantardise (alazoneia) est critiquée en Jacques 4:16 et 1 Jean 2:16. En 1 Corinthiens 13:4, l’amour ne connaît ni l’arrogance ni la vanité qui font la perte des enseignants hérétiques de 1 Timothée 6:4.

Dieu résiste aux orgueilleux

La Bible a la particularité d’insister sur l’orgueil et sur son opposé, l’humilité. L’orgueil rebelle, qui refuse de dépendre de Dieu et de se soumettre à lui mais s’attribue l’honneur qui lui revient, forme la racine même du péché.
Pour Thomas d’Aquin, l’orgueil apparaît pour la première fois lorsque Lucifer tente d’élever son trône dans les lieux célestes, marquant son indépendance à l’égard de Dieu (voir Esaïe 14:1-14). C’est le diable (Luc 10:18) qui inspire à Adam et Ève le désir de devenir comme des dieux (Genèse 3:5). En conséquence de la chute, la nature humaine entière est souillée par l’orgueil (Romains 1:21-23).
La condamnation du diable est associée à l’orgueil en 1 Timothée 3:6 (comparer avec les « pièges du diable » en 1 Timothée 3:7; 2 Timothée 2:26); l’orgueil qui a causé sa perte demeure le moyen principal par lequel il cause la perte des humains. D’où la condamnation constante de l’arrogance humaine dans l’Ancien Testament, en particulier dans les Psaumes et la littérature de sagesse.
En Proverbes 8:13, les mots gē’āh, « arrogance », et ga’ăwāh, « insolence », sont détestables aux yeux de la sagesse divine: leur manifestation nationale en Moab (Esaïe 16:6), Juda (Jérémie 13:9) et Israël (Osée 5:5) est dénoncée par les prophètes. Le fameux « orgueil qui précède la chute » est appelé gā’ôn, « élévation arrogante », en Psaumes 16:18, où il est rejeté au profit de l’humilité d’esprit. L’arrogance, gōbah, est à la racine de l’athéisme en Psaumes 10:4. C’est elle qui causa la chute de Nebucadnetsar (Daniel 4:27, 34). Le mot zādôn, « prétention », moins fort, est appliqué à l’enthousiasme juvénile de David en 1Samuel 17:28; mais en Abdias 1:3, ce même trait est considéré comme source d’égarement. 

Pour Paul, l’orgueil (se vanter de sa connaissance de la Loi et de ses oeuvres) maintenait ses coreligionnaires dans l’incrédulité. Il affirme que l’Évangile exclut fondamentalement toute raison de se vanter (Romains 3:27) car il enseigne que tous sont pécheurs, qu’il est donc hors de question de se justifier soi-même, qu’il faut chercher la justification en Christ et la recevoir par la foi comme un don gratuit. Le salut « n’est pas en vertu des oeuvres, pour que personne ne puisse faire le fier » (Ephésiens 2:9, NBS); il provient de la grâce. Personne donc, pas même Abraham, ne peut prétendre être l’auteur de son propre salut (voir 1 Corinthiens 1:26-31; Romains 4:1-2). Le message évangélique de justice par le Christ sonne donc la fin de toute religion des oeuvres, mais reste la pierre d’achoppement des Israélites (Romains 9:30-10:4).

Dieu fait grâce aux humbles

« Il se moque des moqueurs, mais il fait grâce aux humbles » (Proverbes 3.34)
Dieu accorde au contraire une grâce plus excellente pour nous permettre de vaincre notre amour pour le monde et notre orgueil. C’est pourquoi l’Écriture nous rappelle que les humbles devant Dieu reçoivent d’abondantes grâces.
Le seul rayon d’espoir dans notre obscurité spirituelle, c’est la grâce souveraine de Dieu, qui a seule le pouvoir de sauver l’homme de sa propension à désirer les choses mauvaises. Dieu donne une grâce « plus excellente » : par conséquent, sa grâce est plus forte que la puissance du péché, de la chair, du monde et de Satan (voir Romains 5:20).

La vraie humilité

L’humilité est une vertu qui tire son importance du fait qu’elle appartient au caractère même de Dieu. En Psaumes 113:5-6, Dieu est décrit comme un être incomparablement grand et élevé qui, pourtant, s’humilie jusqu’à tenir compte du monde créé. En Psaume 18:36 (voir 2 Samuel 22:36), la grandeur du serviteur de Dieu est attribuée à l’humilité (ou la sollicitude) de Dieu à son égard.
Dans l’Ancien Testament, chaque fois que cette qualité apparaît, elle est célébrée (par exemple en Proverbes 15:33; 18:12) et la bénédiction de Dieu est fréquemment déversée sur celui ou celle qui la possède. Par humilité, Moïse, quoique manifestant une grande force dans sa façon de conduire le peuple, était prêt à supporter les attaques personnelles sans ressentiment ni récrimination (Nombres 12:1-3). Si Moïse est défendu par Dieu à cause de son humilité, Balthazar est réprouvé par Daniel (Daniel 5:22) parce qu’il n’a pas tiré profit de l’expérience de son prédécesseur, Nebucadnetsar, qui aurait dû lui apprendre l’humilité. 2 Chroniques fait en particulier de l’humilité le critère sur la base duquel les rois successifs sont évalués.

En Matthieu 23:12, le même verbe (tapeinoô) est utilisé pour exprimer le châtiment des arrogants (l’abaissement) et le pré-requis à l’élévation (l’humilité). Dans le premier cas, il s’agit d’un état d’abaissement engendré par le jugement divin. Dans le second cas, il s’agit d’un esprit d’abaissement qui permet à Dieu d’apporter la bénédiction de l’élévation. De même, en Philippiens 4:12, Paul utilise le mot pour décrire son affliction, mais poursuit en décrivant la vertu qui consiste à accepter cette expérience, de sorte qu’une condition imposée de l’extérieur devienne l’occasion d’un développement de l’attitude intérieure correspondante. Dans la même épître (2:8), il donne en exemple à imiter l’humilité du Christ (voir Matthieu 11:29) qui renonce délibérément à ses prérogatives divines et s’abaisse lui-même progressivement jusqu’à recevoir inévitablement en temps voulu la gloire donnée par Dieu.

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