L’ex-gouverneur de la banque centrale, Riad Salamé, arrêté à Beyrouth
BEYROUTH (Reuters) – L’ancien gouverneur de la banque centrale du Liban, Riad Salamé, a été arrêté mardi à Beyrouth après avoir été entendu par la justice pour des délits financiers liés à une société de courtage, ont déclaré trois sources judiciaires à Reuters.
Riad Salamé, 73 ans, sera détenu quatre jours avant que son dossier ne soit transmis au procureur de Beyrouth, a déclaré une autre source.
L’audience, ont précisé deux des sources judiciaires, portait sur des transactions jugées suspectes entre la Banque du Liban (BDL) et le courtier Optimum Invest.
Le courtier aurait fréquemment acheté et vendu des titres souverains et des certificats de dépôt pour la BDL, lui permettant de réaliser d’importants profits.
Le directeur général d’Optimum, Reine Abboud, a déclaré à Reuters que le courtier n’était pas présent à l’audience.
Reine Abboud a par ailleurs évoqué un rapport d’audit de 2023, disponible sur le site web d’Optimum, et qui conclut à l’absence de malversations dans les transactions entre le groupe et la BDL.
Riad Salamé, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt en France et en Allemagne ainsi que d’un signalement international d’Interpol, n’avait jamais été arrêté. Il est accusé de plusieurs délits financiers, incluant du blanchiment d’argent et du détournement de fonds, et est accusé d’enrichissement illicite. L’ancien gouverneur, qui a dirigé la banque centrale durant 30 ans, nie les allégations formulées contre lui.
Le premier ministre libanais, Najib Mikati, a déclaré à la chaîne Al-Hadath que le gouvernement n’interviendrait pas dans le dossier.
Ni Riad Salamé, ni son avocat n’ont pas pu être joints dans l’immédiat.
Une source diplomatique et une source judiciaire estiment que l’arrestation de Riad Salamé vise à rassurer le Groupe d’action financière (GAFI), un organisme international de lutte contre le blachiment d’argent.
Le GAFI doit publier prochainement une mise à jour de sa liste de pays dont les mesures de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme sont faibles, et le Liban craint d’être ajouté à la liste grise, des pays soumis à une surveillance renforcée.
Le manque de mesures judiciaires au Liban fait partie des lacunes identifiées par le GAFI.
(Reportage Laila Bassam, Tala Ramadan, version française Corentin Chappron, édité par Kate Entringer et Blandine Hénault)