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Berlusconi se rêve en président de l’Italie malgré les handicaps

par Angelo Amante

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ROME (Reuters) – Qu’importent son âge, ses problèmes de santé et les scandales, Silvio Berlusconi compte bien honorer la promesse faite jadis à sa mère: être un jour président de la République italienne.

Un collège d’un millier de grands électeurs – essentiellement les élus des deux chambres du Parlement – doit désigner en début d’année prochaine le successeur de l’actuel chef de l’Etat, Sergio Mattarella, pour un mandat de sept ans.

A 85 ans, Silvio Berlusconi ne cache pas ses ambitions pour ce scrutin sans candidat officiel, dont l’issue pourrait avoir d’importantes répercussions sur le paysage politique italien.

Si le président de la République dispose de prérogatives essentiellement honorifiques en Italie, il se retrouve au centre du jeu en cas de crise institutionnelle et de paralysie au Parlement.

Malgré les nombreux obstacles sur sa route, Silvio Berlusconi affiche la même envie que celle lui ayant permis d’abord de faire fortune dans les médias puis de remporter trois élections législatives, au point de devenir le président du Conseil à la plus grande longévité depuis la Seconde Guerre mondiale.

« Je l’ai rencontré à deux reprises ces deux dernières semaines et il était gonflé à bloc », a déclaré un parlementaire de son parti conservateur Forza Italia, ayant requis l’anonymat.

L’homme d’affaires reste toutefois controversé en Italie alors que la fonction présidentielle est généralement confiée à une personnalité consensuelle à même de rassembler et de faire autorité. C’est d’autant plus vrai dans le contexte actuel qui a vu la plupart des grands partis se rassembler au sein d’une vaste coalition dirigée par Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne, pour surmonter la crise sanitaire du COVID-19 et ses conséquences économiques.

Silvio Berlusconi a été condamné en 2013 à plusieurs années d’interdiction d’exercer un mandat public dans une affaire de fraude fiscale concernant son empire Mediaset et les multiples procédures judiciaires découlant de ses soirées « Bunga Bunga » à connotation sexuelle, avec notamment des accusations de corruption de témoins et de prostitution de mineures, ne sont toujours pas épuisées plus de 10 ans après leur déclenchement.

ARITHMÉTIQUE DÉFAVORABLE

Enrico Letta, secrétaire national du Parti démocrate de centre gauche, a déjà exclu de soutenir l’ancien chef du gouvernement.

A ses yeux, l’élection du chef de l’Etat doit se faire « sur la base d’une large majorité (…) sinon le gouvernement s’effondrera immédiatement ».

En dépit de ses handicaps, Silvio Berlusconi persiste dans sa campagne, officieuse mais à peine voilée, en se présentant comme un dirigeant expérimenté à la stature européenne.

Interrogé au cours d’une conférence en octobre sur ses perspectives en vue de l’élection présidentielle, il a déclaré: « Je crois que Silvio Berlusconi peut être utile au pays (…) Je ne me déroberai pas et je ferai ce dont mon pays a besoin. »

Le mois suivant, il a adressé à la quasi-totalité des parlementaires une anthologie de ses discours et de ses priorités politiques, en s’engageant à défendre des valeurs libérales pour tenter de séduire un maximum de grands électeurs.

Dans un complet revirement, il est même allé jusqu’à défendre le revenu de citoyenneté instauré à l’initiative du Mouvement 5-Etoiles, adversaire jusque là honni mais aussi principale force politique dans les deux chambres du Parlement italien.

L’élection du président de la République se déroule à la majorité des deux tiers au cours des trois premiers tours de scrutin puis à la simple majorité absolue si nécessaire.

Si tous les parlementaires de droite votent pour lui, ce qui est déjà loin d’être acquis, Silvio Berlusconi aura encore besoin des voix d’au moins 50 grands électeurs pour accéder au palais du Quirinal, ce qu’il peut tenter d’obtenir auprès des 113 élus sans étiquette.

Au vu de cette arithmétique défavorable, certains pensent que l’ancien président du Conseil cherche simplement avec cette campagne qui ne dit pas son nom à se positionner en faiseur de roi.

« Il n’a aucun pouvoir de négociation s’il ne se considère pas lui-même comme crédible », résume Lorenzo De Sio, directeur du centre italien d’études électorales à l’université LUISS de Rome.

(Version française Bertrand Boucey, édité par Nicolas Delame)

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