Joe Biden en ouverture d’une convention démocrate focalisée sur Harris
Le président Joe Biden, poussé par ses alliés à mettre fin en juillet à sa campagne de réélection, sera en lumière uniquement lors de la soirée inaugurale de la convention nationale du Parti démocrate, lundi, trois jours avant que sa vice-présidente Kamala Harris soit formellement investie comme candidate pour l’élection présidentielle américaine de novembre.
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Alors qu’il espérait tenir à nouveau le premier rôle de la convention, l’actuel locataire de la Maison blanche sera seulement le « premier acte » du rendez-vous de Chicago (Illinois), un mois après la convention nationale républicaine à Milwaukee (Wisconsin) où Donald Trump a été officiellement désigné candidat du parti pour le scrutin du 5 novembre.
Joe Biden devrait lors de son discours mettre en exergue les réussites de son mandat – croissance économique et renforcement des alliances de Washington sur la scène internationale – et plaider pour que Kamala Harris prenne sa succession à la présidence américaine.
On ne sait pas dans l’immédiat si Kamala Harris, 59 ans, apparaîtra lundi sur l’estrade au côté de Joe Biden, 81 ans, alors que son équipe de campagne continuait de s’interroger sur la pertinence et la manière d’utiliser le président pour convaincre les électeurs.
Il est toutefois prévu que Joe Biden organise d’ici l’élection des événements de collecte de fonds au profit de Kamala Harris, qui était initialement à nouveau sa colistière sur le « ticket » présidentiel démocrate.
Quand il a annoncé le 21 juillet mettre fin à sa campagne de réélection, Joe Biden a immédiatement apporté son soutien à Kamala Harris, qui a rapidement obtenu l’appui d’un nombre suffisant de délégués démocrates pour devenir la candidate du parti pour l’élection présidentielle.
Joe Biden a dû se résoudre à ne pas briguer un second mandat face aux pressions croissantes d’élus et cadres du Parti démocrate, dont les craintes sur l’âge et les facultés cognitives du président ont été exacerbées par le débat télévisé face à Donald Trump le 27 juin.
Il avait résisté pendant trois semaines à ces pressions, convaincu de sa capacité à remporter une nouvelle victoire électorale en dépit de sondages montrant que Donald Trump prenait l’avantage dans les intentions de vote, avant de craquer quand son amie de longue date, Nancy Pelosi, l’a « lâché ».
Le président américain et l’ancienne ‘speaker’ de la Chambre des représentants, 84 ans, à l’influence toujours grande dans les rangs démocrates et qui a expliqué ériger une victoire du parti en priorité, ne se sont pas réconciliés depuis lors.
« SE DÉMARQUER SANS L’ALIÉNER »
Deux conseillers de Joe Biden ont déclaré que celui-ci ne s’attardait pas sur cette question mais se focalisait plutôt sur ce qu’il pouvait encore accomplir avant la fin de son mandat, le 20 janvier prochain, et qu’il voulait aider Kamala Harris à s’imposer le 5 novembre.
A la Maison blanche, on souligne que Joe Biden est ravi de l’enthousiasme généré par la candidature de Kamala Harris, le président estimant que cela valide sa décision de soutenir sa vice-présidente quand certains membres du Parti démocrate voulaient lancer une nouvelle course à l’investiture.
La candidate démocrate à l’élection présidentielle de 2016, Hillary Clinton, devrait prendre la parole lundi soir avant Joe Biden et recevoir un hommage de ses pairs démocrates. Les anciens présidents Barack Obama et Bill Clinton s’exprimeront respectivement mardi et mercredi lors de la convention, avant le discours de clôture que prononcera jeudi soir Kamala Harris pour accepter formellement l’investiture du parti.
Joe Biden devrait associer lundi soir Kamala Harris aux succès de son mandat et prévenir à nouveau du danger d’un retour de Donald Trump à la Maison blanche en citant l’assaut meurtrier du Capitole, le 6 janvier 2021, quand des partisans de Trump ont voulu empêcher le Congrès de certifier la victoire électorale de Biden au détriment du président républicain sortant.
Un proche de Joe Biden, l’ancien sénateur Ted Kaufman, a déclaré que le principal enjeu pour le président sortant était de souligner l’importance du scrutin de novembre.
« La menace d’une présidence Trump permet de se focaliser sur ce qui est vraiment important. Je pense que Biden se demande: ‘comment puis-je renforcer la probabilité que Kamala Harris soit élue présidente des Etats-Unis ?' », a-t-il dit.
Thomas Alan Schwartz, historien de la présidence américaine à l’université Vanderbilt, à Nashville dans le Tennessee, a déclaré que la convention donnait à Joe Biden l’occasion d’effectuer un tour d’honneur.
« Je n’imagine pas quiconque ayant soutenu Biden avant qu’il se retire ne pas soutenir Harris », a-t-il dit, ajoutant que le président avait fait le choix de placer son parti en premier en mettant fin à sa campagne de réélection.
« Mais d’une certaine manière, (Kamala Harris) est dans la délicate position de vouloir se démarquer de (Joe Biden) sans l’aliéner ».
(Steve Holland; rédigé par Jean Terzian, édité par Zhifan Liu)