Emmanuel Macron planifie « l’écologie à la française »
PARIS (Reuters) – Partisan d’une « écologie de progrès », Emmanuel Macron a présenté lundi un plan pluriannuel destiné à diviser de moitié les émissions de gaz à effet de serre (GES) françaises d’ici 2030 via diverses mesures, de l’isolement des logements aux transports en passant par la plantation de forêts.
Plus de 10 milliards d’euros supplémentaires seront engagés à cette fin, dont sept appelés à être dépensés dès 2024, en vertu de ce dispositif qui a fait l’objet d’une réunion à l’Elysée en présence d’une quinzaine de ministres.
Le chef de l’Etat, dont les propos conclusifs ont été diffusés par l’Elysée, a vanté une « écologie à la française », à la fois « créatrice de valeurs », « compétitive », « accessible et juste » et apte à « protéger les Français et la nature ».
Objectif affiché : réduire de 55% les émissions de gaz à effet à serre d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990 soit une diminution de 4% à 5% par an, en mettant à contribution les secteurs les plus émetteurs que sont l’industrie, l’agriculture, le bâtiment et les transports.
« Nous devons réussir à faire davantage en sept ans que ce que nous avons fait ces 33 dernières années », résume la présidence dans son dossier de presse.
Emmanuel Macron a annoncé dimanche la sortie définitive du charbon d’ici 2027. Les deux dernières centrales du pays, dont celle de Saint-Avold (Moselle), seront converties à la biomasse.
Le nucléaire, qui n’émet pas de C02, reste le principal atout énergétique de la France.
« REPRENDRE LE CONTRÔLE » DU PRIX DE L’ÉLECTRICITÉ
Emmanuel Macron a dit son intention de « reprendre le contrôle du prix de notre électricité » alors que l’Etat détient à nouveau 100% du capital d’EDF.
« Nous pourrons en octobre véritablement annoncer des prix de l’électricité qui seront en ligne avec notre compétitivité (…) et donner la visibilité à nos ménages et à nos industriels », a-t-il dit.
Une loi ad hoc devrait voir le jour d’ici la fin de l’année, a précisé l’Elysée, alors que les prix du gaz ont gonflé les prix de l’électricité en Europe, et en particulier en France, sur fond de guerre en Ukraine.
En matière de transports, le gouvernement privilégie la voiture électrique via un projet de leasing (location avec option d’achat) pour 100 euros par mois. Ce système sera mis en place en novembre selon Emmanuel Macron, qui table sur un million de véhicules électriques produits en France en 2027.
Les transports en commun sont aussi encouragés, avec le lancement de 13 lignes de RER métropolitains, dotés d’un accompagnement de l’Etat de 700 millions d’euros.
Le covoiturage bénéficiera d’une prime de 100 euros pour les nouveaux « covoitureurs » et l’usage du vélo sera stimulé par une enveloppe de deux milliards d’euros pour les pistes cyclables.
La rénovation des logements, notamment encouragée par le système d’aide « Ma Prime Renov », reste une priorité et un plan de rénovation du parc social sera lancé en octobre.
La première ministre, Elisabeth Borne, a dit son souhait d’atteindre 200.000 « rénovations énergétiques d’ampleur » en 2024 et jusqu’à 900.000 en 2030.
En matière de chauffage, le président a renoncé à interdire les chaudières à gaz, les plus polluantes. Le gouvernement espère la disparition de 75% des chaudières au fioul d’ici 2030 et entend favoriser les pompes à chaleur.
Le transport aérien, à l’empreinte carbone très lourde, est également ciblé par le gouvernement qui entend remplacer les flottes actuelles par des avions « plus performants, hybrides, électriques ou à hydrogène ».
Dans l’industrie, les groupes les plus polluants se sont d’ores et déjà engagés dans une trajectoire vertueuse lors d’une réunion l’an dernier à l’Elysée, où Emmanuel Macron a demandé à une cinquantaine de sites de baisser de moitié leur volume d’émissions de GES d’ici dix ans, avec des aides à la clé.
Pour lutter contre la sécheresse, l’objectif est de baisser de 10% les prélèvements d’eau d’ici 2030 en luttant notamment contre les fuites et en réutilisant les eaux usées.
Un volet biodiversité est aussi prévu, avec la plantation annoncée de 5.000 km de haies chaque année et d’un milliard d’arbres d’ici 2030.
(Reportage Elizabeth Pineau et Ingrid Melander)