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Renault pourrait annoncer des fermetures de sites jeudi

par Gilles Guillaume

PARIS (Reuters) – Renault pourrait annoncer jeudi soir des suppressions d’emplois et des fermetures de sites dans le cadre de son plan d’économies de deux milliards d’euros, ont dit à Reuters deux représentants syndicaux.

Le groupe au losange doit détailler en fin de semaine un plan d’économie drastique sur trois ans pour redresser sa situation financière – il a accusé l’an dernier sa première perte nette en dix ans – que l’épidémie de coronavirus est venue encore aggraver cette année.

« Il y a un CCSE qui va avoir lieu jeudi soir à 18h30 pour une heure, c’est là que la direction générale officialisera ce qu’elle appelle la réduction des coûts de deux milliards, dans laquelle on peut s’attendre à de nouvelles diminutions d’effectifs, voire à des fermetures de site », a déclaré Fabien Gâche, représentant de la CGT chez Renault, dans une vidéo postée lundi sur internet.

Il s’exprimait depuis la Fonderie de Bretagne à Caudan (Morbihan), l’un des sites du groupe qui seraient menacés par le plan d’économies selon plusieurs médias français.

En guise de protestation, une centaine de salariés entendent bloquer le site breton, qui emploie environ 370 personnes, jusqu’à mercredi.

Un porte-parole de Renault a déclaré de son côté que « la loi prévoit une information préalable des représentants du personnel », ajoutant qu’il n’avait connaissance ni de la date, ni de l’heure de cette réunion.

Ebranlé par la chute de son ex-homme fort Carlos Ghosn et la dégradation de ses ventes sur ses principaux marchés, tout comme celle de son partenaire Nissan, le groupe qui employait l’an dernier 48.500 personnes en France, a prévenu en début d’année qu’il n’aurait aucun tabou pour son plan d’économies, faisant craindre aux salariés des fermetures d’usines.

LE MAIRE N’EXIGE PAS QU’AUCUN SITE NE FERME

Selon plusieurs médias français, les petits sites de Caudan, mais aussi de Choisy-le-Roi (recyclage mécanique) et de Dieppe (assemblage de l’Alpine) pourraient être fermés, tandis que l’usine de Flins (montage de la Zoé électrique et de la Nissan Micra) pourrait perdre la production de véhicules au profit d’autres activités.

Selon une source proche du groupe, les fermetures se feraient sans licenciement sec. Dans le cas de l’usine de Caudan, ajoute la source, l’arrivée d’un repreneur n’est pas exclue.

Le Premier ministre Edouard Philippe a assuré la semaine dernière devant les sénateurs que le gouvernement français serait intransigeant sur la préservation des sites de Renault en France, d’autant que l’Etat s’apprête à dévoiler mardi un plan de soutien à la filière et à accorder un prêt garanti de cinq milliards d’euros au constructeur.

Mais le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a précisé lundi matin qu’il n’irait pas jusqu’à demander au groupe de ne fermer aucun site, afin de le laisser adapter son outil de production car sa survie est, selon lui, en jeu.

L’Etat français est le principal actionnaire de Renault avec 15% du capital.

Selon trois sources proches du groupe, cette optimisation industrielle passerait également par le transfert de l’activité d’assemblage de véhicules de l’usine Renault de Maubeuge (Nord) vers le site de Douai, distant de 70 kilomètres. Maubeuge renouerait ainsi avec ses origines, ne conservant que l’emboutissage et la tôlerie.

La CGT entend appeler à des actions sur les sites automobiles français pour protester contre les mesures qui s’annoncent. Les quatre grands syndicats du groupe doivent s’entretenir mardi sur l’attitude à adopter. Franck Daout, de la CFDT, est favorable à un front uni.

Au-delà des usines menacées, la CGT craint aussi pour l’emploi sur l’ensemble des sites du groupe. Selon elle, les nouvelles activités qui seraient transférées à Flins ne suffiront pas à garantir une charge de travail suffisante pour les 2.600 salariés.

Elle redoute aussi les retombées de la réduction drastique du nombre de modèles au catalogue Renault sur la demande en châssis fabriqués sur le site du Mans.

Reuters a rapporté mi-mai que le groupe allait procéder à une purge profonde de sa gamme de véhicules et arrêter des modèles au passé glorieux mais en perte de vitesse, comme l’Espace, fabriquée à Douai.

(Gilles Guillaume, avec Stéphane Mahé, édité par Marc Angrand et Jean-Michel Bélot)

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