Etats-Unis: Le secteur privé a créé 256.000 emplois en décembre, bien plus que prévu
WASHINGTON (Reuters) – L’économie américaine a créé bien plus d’emplois que prévu en décembre et le taux de chômage a reculé de façon inattendue, démontrant la solidité du marché du travail aux Etats-Unis et renforçant les anticipations sur un statu quo de la Réserve fédérale sur ses taux ce mois-ci.
Selon le rapport mensuel du département du Travail publié vendredi, 256.000 emplois non agricoles ont été créés sur le mois, alors que les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne 160.000 créations nettes après 212.000 en novembre (chiffre révisé de 227.000).
Le taux de chômage recule quelque peu à 4,1% après 4,2% en novembre, alors que les analystes s’attendaient à un taux stable.
Le salaire moyen dans le secteur privé a quant à lui augmenté de 0,3% en décembre, conformément aux attentes des analystes.
Si le rythme des embauches a ralenti avec le resserrement monétaire abrupt mené en 2022 et 2023, le marché du travail est resté résilient, alimentant les dépenses de consommation et les hausses de salaires – de quoi soutenir l’économie mais aussi l’inflation.
Le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis se développe à un rythme bien supérieur à celui de 1,8% que les responsables de la Fed considèrent comme étant un taux de croissance non inflationniste.
Lors de leur dernière réunion de politique monétaire, ils se sont ainsi montrés très prudents sur le calendrier des prochaines baisses de taux alors que la Fed a débuté un cycle d’assouplissement monétaire en septembre.
La perspective d’une nouvelle administration Trump, dont les mesures promises sont perçues comme étant inflationnistes, a ajouté à la circonspection parmi les responsables de la Fed.
Le mois dernier, la banque centrale américaine a dit prévoir deux baisses de taux d’un quart de point cette année, contre quatre prévues en septembre, évoquant la résistance de l’économie et une inflation toujours élevée.
« Les chances sont de plus en plus grandes que la Fed soit sur le point d’en finir avec son cycle d’assouplissement, en particulier si la nouvelle administration Trump poursuit son programme ‘stagflationniste’ de tarifs douaniers et de restrictions sur l’immigration », estime Thomas Ryan, économiste chez Capital Economics.
Les marchés financiers s’attendent à ce que la Fed maintienne la fourchette des fonds fédéraux entre 4,25% et 4,50% lors de sa réunion de politique monétaire qui se tiendra les 28 et 29 janvier selon le baromètre FedWatch du CME.
Ils estiment désormais que la banque centrale américaine attendra juin pour procéder à une nouvelle réduction et s’abstiendra par la suite. Avant la statistique sur l’emploi, ils s’attendaient pour 2025 à une première baisse en mai, potentiellement suivie par une deuxième réduction avant la fin de l’année.
Sur les marchés financiers, les rendements obligataires ont grimpé à la publication de la statistique sur l’emploi américain. Si la hausse s’est ensuite modérée, elle entraînait néanmoins le dollar et faisait pression sur les marchés d’actions.
Peu avant 16h00 GMT, le taux des emprunts d’Etat américains à 30 ans prend près de deux points à base, à 4,9384% après avoir brièvement dépassé la barre de 5% pour la première fois depuis octobre 2023.
Le rendement des Treasuries à 10 ans bondit de près de sept points de base, à 4,745% après un pic en séance à 4,79%. En Europe, le rendement du Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, gagne près de trois points de base à 2,564%.
(Rédigé par Lucia Mutikani, version française Pauline Foret et Blandine Hénault)