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France: Menacé de censure, Barnier veut croire qu’une sortie de crise est « possible »

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PARIS (Reuters) – Le Premier ministre Michel Barnier a estimé mardi « possible » que son gouvernement ne soit pas censuré mercredi, appelant à la responsabilité des députés « au-delà des différences politiques » et malgré la volonté réaffirmée des oppositions de le faire tomber.

« Je pense que c’est possible qu’il y ait ce réflexe de responsabilité ou, au-delà des différences politiques, des divergences, des contradictions normales dans une démocratie, on se dise qu’il y a un intérêt supérieur », a-t-il déclaré dans les journaux télévisés de France 2 et TF1.

« Si la motion de censure passe, tout sera plus difficile et plus grave », a-t-il de nouveau mis en garde.

Le Premier ministre a engagé lundi la responsabilité de son gouvernement pour adopter sans vote le projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS).

Le Nouveau Front Populaire (NFP) et le Rassemblement national (RN) ont par la suite déposé des motions de censure, qui seront débattues mercredi à partir de 16h00 pour un vote vers 20h00.

Le renoncement de dernière minute sur le projet de déremboursement des médicaments en 2025, qui visait à convaincre le RN de ne pas se tourner vers la censure, n’aura pas suffi. Le RN demandait en outre l’abandon de la désindexation des retraites sur l’inflation dès le 1er janvier, ce qu’il n’a pas obtenu.

Interrogé sur cette concession, annoncée à la suite d’une discussion avec Marine Le Pen, le Premier ministre a affirmé qu’il y avait eu « une écoute, du respect », tout en accusant la cheffe de file du RN d’être « entrée dans une sorte de surenchère ».

« On n’est pas dans du marchandage, on n’est pas dans du chantage », a-t-il défendu sur France 2 et TF1.

Marine Le Pen a acté l’échec du gouvernement Barnier sur X, à la suite de l’interview du Premier ministre.

« En inscrivant son budget dans la continuité catastrophique d’Emmanuel Macron, le Premier ministre ne pouvait qu’échouer. »

En déplacement en Arabie saoudite, Emmanuel Macron a déclaré à des journalistes qui l’accompagnaient plus tôt dans la journée ne « pas croire au vote de la censure ».

Le président français, cité par les médias, a dénoncé le « cynisme insoutenable » du RN s’il votait la motion déposée par la gauche et a accusé le Parti socialiste de faire preuve d’une « perte de repères complète ».

Le chef de l’Etat a également balayé les appels d’une partie de l’opposition à sa démission, jugés dignes d’une « politique fiction ».

« J’honorerai cette confiance avec toute l’énergie qui est la mienne jusqu’à la dernière seconde », a-t-il déclaré.

Concernant les appels à la démission du président, son chef de gouvernement a assuré qu’Emmanuel Macron détenait « la légitimité populaire » et était « garant de la stabilité ».

« Il a été élu pour cinq ans, il a la légitimité populaire, il a été clairement élu », a défendu Michel Barnier.

LE CHOIX

Plus tôt dans la journée, le ministre de l’Economie Antoine Armand a déclaré sur France 2 que les députés avaient le choix « de ne pas plonger le pays dans l’incertitude ».

« Nous avons été au bout du dialogue, nous avons fait le maximum pour que les forces politiques du Parlement puissent nous soutenir », a-t-il avancé.

Laurent Saint-Martin, le ministre du Budget et des Comptes publics, a également déclaré sur RTL que l’exécutif avait toujours été ouvert à la négociation.

« Nous sommes ouverts au dialogue depuis le début jusqu’à la fin. Ce que j’observe, c’est que je vois bien que maintenant on n’est plus dans un dialogue de l’autre côté. On est dans des prétextes permanents », a-t-il dit.

Marine Le Pen, la cheffe de file des députés RN à l’Assemblée nationale, a affirmé sur X que « la seule et unique » raison qui guide le choix de la formation d’extrême droite est celle de « protéger les Français d’un budget dangereux, injuste et punitif qui de surcroît aggrave les déficits déjà monstrueux de sept ans de macronisme ».

Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme, a pour sa part réitéré l’intention de son parti de voter en faveur de la motion de censure contre Michel Barnier que les présidents des groupes parlementaires du Nouveau Front populaire ont annoncé avoir déposée lundi.

« Nous en sommes sûrs (de voter la censure) parce que c’est notre devoir », a-t-il dit sur Europe 1.

« Il n’y a aucune rupture avec le macronisme comme on demandait », a-t-il ajouté.

Pour Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes, l’une des composantes du Nouveau Front Populaire (NFP), cette situation est la preuve de la dépendance du gouvernement Barnier à l’égard du parti d’extrême droite.

« Ils se sont mis dans les mains de Marine Le Pen », a-t-elle dit sur franceinfo. « (Michel Barnier) aura la censure et le déshonneur. »

La crainte d’une chute du gouvernement de Michel Barnier cette semaine a affecté les marchés boursiers et obligataires de la France, deuxième économie de la zone euro, déjà sous pression en raison de son déficit.

(Rédigé par Diana Mandiá, édité par Kate Entringer)

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