Erdogan donné en tête du second tour de la présidentielle en Turquie
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.par Ece Toksabay et Daren Butler
ANKARA (Reuters) – Le président turc Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis deux décennies, est donné en tête du second tour de la présidentielle organisé dimanche, selon les premières estimations disponibles.
Le président sortant obtenait 53,41% des voix après le dépouillement de 75,42% des bulletins du second tour, d’après la commission électorale turque.
De son côté, l’agence de presse officielle Anadolu a fait état de 52,21% des voix en faveur de Recep Tayyip Erdogan contre 47,79% pour son adversaire, Kemal Kiliçdaroglu, après le dépouillement de 97,12% des bulletins.
Les électeurs turcs ont voté dimanche pour le second tour de l’élection présidentielle que Recep Tayyip Erdogan abordait en position de favori. Le résultat devrait être connu en début de soirée.
Recep Tayyip Erdogan, 69 ans, est arrivé en tête du scrutin il y a deux semaines avec 49,51% des voix, un score plus important qu’anticipé mais insuffisant pour l’emporter dès le premier tour, comme cela avait été le cas lors des deux élections présidentielles précédentes, en 2014 et 2018.
Recep Tayyip Erdogan, qui dirige la Turquie depuis son accession au poste de Premier ministre en 2003 à la tête de son parti islamo-conservateur AKP (Parti de la justice et du développement), a déposé son bulletin de vote à la mi-journée dans une école proche de son domicile, dans la partie asiatique d’Istanbul, avant de serrer des mains et de discuter avec une foule de partisans.
Son adversaire, soutenu par six partis d’opposition, Kemal Kiliçdaroglu, 74 ans, qui a obtenu 44,88% des voix au premier tour, a voté dans la capitale Ankara.
Pendant l’entre-deux-tours, Recep Tayyip Erdogan a reçu le soutien du troisième homme de la présidentielle, l’ultranationaliste Sinan Ogan (5,17% des voix).
Kemal Kiliçdaroglu a quant à lui obtenu le ralliement d’un autre dirigeant d’extrême droite, Ümit Özdag, chef du Parti de la Victoire, après avoir promis de renvoyer les migrants dans leurs pays s’il parvenait au pouvoir, alors que la question du sort des 3,3 millions de réfugiés syriens a été l’un des thèmes de la campagne électorale.
Après ce virage à droite, le Parti démocratique des peuples (HDP), formation pro-kurde, qui avait apporté son soutien à Kemal Kiliçdaroglu lors du premier tour, n’a pas explicitement appelé à voter pour l’opposant au second tour mais à rejeter Erdogan et son « régime d’un seul homme ».
Un sondage d’opinion effectué les 20 et 21 mai, avant l’annonce de ces deux ralliements, donnait Erdogan vainqueur avec 52,7% des voix, contre 47,3% pour Kiliçdaroglu.
En vingt ans de pouvoir, Recep Tayyip Erdogan a refaçonné le visage de la Turquie, membre de l’Otan, puissance régionale de 85 millions d’habitants, notamment dans ses relations avec la Russie, le Moyen-Orient et l’Occident. Il a pris le contrôle de la plupart des institutions et réprimé l’opposition.
Dans son rapport mondial 2022, Human Rights Watch estimait que la Turquie avait reculé de plusieurs décennies en matière de droits de l’homme sous la présidence d’Erdogan.
« La Turquie a de longue date une tradition démocratique et de longue date une tradition nationaliste. Aujourd’hui, c’est clairement le volet nationaliste qui s’impose. Erdogan a fusionné la fierté religieuse et la fierté nationale, proposant aux électeurs un anti-élitisme agressif », commente l’historien de la Turquie Nicholas Danforth.
« Plus d’Erdogan signifie plus d’Erdogan. Les gens savent qui il est et quelle est sa vision pour le pays, et il semble que beaucoup l’approuvent. »
(Avec la contribution de Jonathan Spicer à Istanbul, rédigé par Alexandra Hudson; version française Camille Raynaud, Jean-Stéphane Brosse et Kate Entringer)