Election contestée en Roumanie, la Cour constitutionnelle reporte sa décision
par Luiza Ilie
BUCAREST (Reuters) – La Cour constitutionnelle de Roumanie décidera lundi s’il convient d’annuler les résultats du premier tour de l’élection présidentielle remporté dimanche dernier contre toute attente par un candidat indépendant pro-russe peu connu jusqu’alors, ce qui a entraîné des suspicions d’irrégularités.
Réunis vendredi à la mi-journée, les neuf juges de la Cour ont repoussé leur décision au lendemain des élections législatives qui doivent se tenir dimanche et pourraient, à en croire un sondage effectué cette semaine par AtlasIntel, porter en tête l’Alliance pour l’unité des Roumains (AUR, extrême droite) au détriment du Parti social-démocrate (PSD) au pouvoir.
Présenté comme l’un des favoris de la présidentielle, le chef de file de l’AUR, George Simian, a dû se contenter de la quatrième place au premier tour de la présidentielle, derrière le Premier ministre Marcel Ciolacu.
Tous deux ont été devancés à la surprise générale par Calin Georgescu, crédité de 23% des suffrages environ, et la candidate de centre-droit Elena Lasconi, qui compte, avec 19% des voix environ, moins de 3.000 voix d’avance sur Marcel Ciolacu.
Agé de 62 ans, Calin Georgescu s’était signalé par le passé par des propos élogieux sur les dirigeants fascistes roumains de l’entre-deux-guerres. Lors de sa campagne, menée essentiellement sur les réseaux sociaux, il a prôné l’arrêt de l’aide à l’Ukraine et un dialogue avec la Russie.
Jeudi, le Conseil suprême de la défense nationale a dit avoir des preuves de cyberattaques et d’interférence dans la campagne par des « acteurs hostiles », pointant du doigt le Kremlin, qui a dénoncé des allégations sans fondement.
Le Conseil de défense a aussi critiqué le rôle de Tiktok, estimant que Calin Georgescu avait bénéficié d’une « exposition massive » sur la plate-forme sans avoir été étiqueté comme candidat politique, des accusations rejetées par la société.
Le président de la commission électorale, Toni Grebla, a mentionné les dates des 15 et 29 décembre pour une nouvelle élection présidentielle en cas d’invalidation du scrutin du 24 novembre par le tribunal.
Les juges constitutionnels ont ordonné préalablement à leur décision le recomptage des 9,4 millions de bulletins déposés dans les urnes dimanche dernier, mais ce dernier ne sera pas achevé avant plusieurs jours, selon la commission électorale.
(Reportage Luiza Ilie et Anca Cernat, rédigé par Alan Charlish; Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Sophie Louet)
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