Les Etats-Unis transmettent une proposition de trêve au Liban
par Maya Gebeily
BEYROUTH (Reuters) – L’ambassadeur des Etats-Unis à Beyrouth a transmis jeudi soir une proposition de trêve au président du Parlement libanais Nabih Berri, que le Hezbollah a accepté d’examiner, a-t-on appris de deux sources politiques libanaises.
Ce texte est la première proposition écrite de Washington depuis plusieurs semaines pour faire cesser les affrontements entre Israël et la milice chiite pro-iranienne, ont dit ces sources.
« C’est un brouillon pour recueillir des observations de la partie libanaise », a dit l’une des sources à Reuters.
Interrogé à ce propos, un porte-parole de l’ambassade américaine à Beyrouth s’est borné à dire que des efforts étaient en cours pour parvenir à un accord diplomatique.
En visite à Beyrouth, Ali Larijani, haut responsable de la République islamique d’Iran, proche conseiller du guide suprême Ali Khamenei, a déclaré que l’Iran soutiendrait toute décision prise par le gouvernement libanais et le Hezbollah lors des négociations.
« Nous ne cherchons pas à saboter quoi que ce soit. Nous cherchons une solution aux problèmes », a déclaré Ali Larijani à l’issue d’entretiens avec Nabih Berri et le Premier ministre par intérim Najib Mikati.
Celui-ci a déclaré que son gouvernement avait pour priorité de mettre en oeuvre la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies dans son intégralité, et sans amendements.
La résolution 1701, adoptée en 2006, appelle à la cessation des hostilités entre Israël et le Hezbollah, au retrait des forces israéliennes du Liban, au désarmement du Hezbollah et à son retrait de la zone au sud du Litani, fleuve situé à une trentaine de kilomètres de la frontière israélo-libanaise.
NOUVELLES FRAPPES ISRAÉLIENNES SUR LE SUD DE BEYROUTH
L’administration de Joe Biden a déjà tenté à plusieurs reprises d’obtenir une trêve au Liban, alors que les pourparlers pour un cessez-le-feu à Gaza en échange de la libération d’otages israéliens sont au point mort depuis un an.
Jeudi, le ministre israélien de l’Energie Eli Cohen, membre du cabinet de sécurité, a déclaré que la perspective d’un cessez-le-feu au Liban n’avait jamais été aussi proche en un an de conflit.
Le Washington Post a rapporté que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pressait pour obtenir une trêve au Liban afin de créditer son allié le président américain élu Donald Trump d’un premier succès sur la scène internationale.
Après des mois de conflit à basse intensité, Israël a déclenché une vaste offensive contre le Hezbollah en septembre dernier, tuant son chef Hassan Nasrallah et décimant sa direction, pilonnant sans relâche les fiefs présumés de l’organisation chiite de Beyrouth à la plaine de la Bekaa, lançant des raids de commandos dans le sud du Liban.
L’armée israélienne bombarde depuis quatre jours les quartiers sud de Beyrouth contrôlés par le Hezbollah. Un missile a détruit vendredi matin un immeuble sur le carrefour de Tayouneh, à la limite entre le centre et le sud de la capitale libanaise.
La milice chiite continue cependant de tirer des roquettes en territoire israélien et ses combattants affrontent les troupes israéliennes dans le sud du Liban.
L’un des obstacles majeurs à la conclusion d’un cessez-le-feu est la volonté réaffirmée par Israël d’être libre d’agir à sa guise contre le Hezbollah si ce dernier venait à enfreindre un accord de cessez-le-feu, une exigence jugée inacceptable par le Liban.
L’offensive déclenchée en septembre par Israël au Liban a fait plus d’un million de déplacés. Depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre 2023, au moins 3.386 personnes ont été tuées dans les attaques israéliennes au Liban, depuis septembre pour une grande majorité d’entre elles, d’après le ministère libanais de la Santé.
Une centaine de civils et soldats israéliens ont été tués par les attaques du Hezbollah dans le nord d’Israël, le sud du Liban et le plateau occupé du Golan au cours de l’année écoulée, selon Israël.
(Avec la rédaction de Beyrouth; Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Sophie Louet)
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