Les doutes sur l’IA plongent les marchés dans le rouge
par Diana Mandia
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(Reuters) – Wall Street est attendue en nette baisse et les Bourses européennes reculent à mi-séance, lundi, les investisseurs évaluant les implications du lancement par la startup chinoise DeepSeek d’un modèle d’intelligence artificielle (IA) plus performant que le ChatGPT d’OpenAI.
L’annonce de l’entreprise chinoise pèse fortement sur un secteur qui a connu une ascension fulgurante au cours de l’année écoulée.
Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse de 0,89% pour le Dow Jones, de 2,4% pour le Standard & Poor’s-500 et de 4,13% pour le Nasdaq.
À Paris, le CAC 40 perd 0,78% à 7.866,10 points vers 11h51 GMT. À Francfort, le Dax recule de 1,15% et à Londres, le FTSE 100 cède 0,30%.
L’indice EuroStoxx 50 est en baisse de 1,25%, le FTSEurofirst 300 de 0,67% et le Stoxx 600 de 0,58%.
Les Bourses européennes souffrent lundi, plombées par le secteur de la technologie alors que le modèle d’intelligence artificielle (IA) présenté par la startup chinoise DeepSeek pourrait remettre en cause l’enthousiasme pour le secteur et décevoir les investisseurs qui avaient misé sur lui au cours des dernières années.
La start-up chinoise DeepSeek, qui vient de lancer un modèle d’IA plus performant que celui de l’Américain ChatGPT, alimente les craintes que les investissements dans cette technologie ne soient pas aussi importants qu’on le pensait.
L’entreprise affirme notamment utiliser des puces moins chères et moins de données, ce qui semble remettre en question le pari largement répandu sur le marché selon lequel l’IA stimulera la demande tout au long de la chaîne d’approvisionnement, depuis les fabricants de puces jusqu’aux centres de données.
« La Chine et DeepSeek affirment, à tout le moins, qu’ils peuvent offrir ce que ChatGPT peut offrir aujourd’hui à une fraction du coût », a déclaré George Lagarias, stratège en investissement chez Forvis Mazars.
« Il est logique que les marchés remettent en question le discours qui a sous-tendu l’ensemble du marché (…). C’est un marché très agité, il ne faut donc pas grand-chose pour que les investisseurs prennent des bénéfices », a-t-il ajouté.
En réponse à ces craintes, l’indice technologique du STOXX 600 recule de 4,6% lundi, sa plus forte baisse en une journée depuis la mi-octobre, et les valeurs technologiques américaines s’attendent également à une séance difficile au début d’une semaine au cours de laquelle les grands noms du secteur doivent présenter leurs résultats annuels.
Les investisseurs se préparent également à une semaine chargée en résultats d’entreprises, en indicateurs macroéconomiques et surtout en politique monétaire : la Réserve fédérale américaine (Fed) annoncera sa prochaine décision sur les taux mercredi, optant très probablement pour le statu quo, suivie jeudi par la Banque centrale européenne (BCE), qui devrait annoncer un nouvel assouplissement des coûts d’emprunt.
La présidente de l’institution de Francfort, Christine Lagarde, a par ailleurs mis en garde lundi contre les risques qui pèsent sur l’indépendance des banques centrales dans certaines parties du monde, ce qui pourrait éroder leur capacité à maîtriser l’inflation.
Le président américain Donald Trump, qui a déclaré la semaine dernière qu’il exigerait de la Fed qu’elle réduise ses taux d’intérêt, continue de susciter des interrogations sur sa politique commerciale après avoir levé pour l’instant les droits de douane sur la Colombie, qui a accepté d’accueillir des migrants expulsés des États-Unis.
LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET
Le secteur de la technologie devrait accuser une forte chute lundi à l’ouverture après les annonces de la start-up chinoise DeepSeek. Nvidia, dont l’action a progressé de plus de 800% depuis le début de l’année 2023 grâce aux espoirs suscités par l’IA, abandonne environ 7% en avant-Bourse.
VALEURS EN EUROPE
L’effondrement des valeurs technologiques entraîne lundi l’ensemble du secteur en Europe.
Les géants néerlandais des semi-conducteurs ASML, ASMI et BE Semi perdent entre 9% et 13%, tandis que Siemens Energy, qui fournit du matériel électrique pour l’infrastructure de l’IA, a perd 20% et Schneider Electric, également très exposée à ce secteur, abandonne 10%.
Les valeurs industrielles européennes, qui avaient également bénéficié de la hausse des prix liées à l’IA, sont aussi touchées, l’indice sectoriel reculant de 3%.
Dans le reste de l’actualité des entreprises, Ryanair prend 2,7% après avoir affiché un bénéfice trimestriel plus important que prévu.
Universal Music Group avance pour sa part de 5,5% après l’annonce, la veille, d’un accord de licence pluriannuel avec le géant suédois du streaming Spotify.
À Paris, l’action Bureau Veritas perd 2,6% après l’annonce de la fin des pourparlers entre le groupe français et son concurrent suisse SGS.
TAUX
Les rendements obligataires reculent fortement lundi aux Etats-Unis, les investisseurs recherchant la sécurité de la dette souveraine, tandis que l’appétit pour le risque diminue en raison des craintes de concurrence du modèle chinois d’IA.
Le rendement des Treasuries à dix ans perd 11,1 points de base à 4,5101%. Le deux ans abandonne 9,2 points de base à 4,1801%.
En Europe, où les investisseurs attendent en outre la baisse des taux par la BCE plus tard dans la semaine, le rendement du Bund allemand à dix ans cède 7,3 points de base à 2,4720%.
CHANGES
Sur le marché des changes, le dollar est en baisse alors que Donald Trump a supprimé les droits de douane imposés à l’encontre de la Colombie, le pays ayant accepté d’accueillir des migrants expulsés des Etats-Unis. La Chine, le Mexique et le Canada restent toutefois sur le qui-vive, le président américain ayant annoncé la semaine dernière qu’il leur imposerait des droits supplémentaires à partir du 1er février.
Le billet vert perd ainsi 0,27% face à un panier de devises de référence.
L’euro gagne pour sa part 0,16% à 1,0510 dollar.
PÉTROLE
Les prix du pétrole reculent légèrement lundi, alors que Donald Trump a de nouveau appelé les pays de l’Opep à accepter une baisse des prix et que le retrait des menaces de sanctions contre la Colombie a réduit les préoccupations immédiates concernant les perturbations de l’approvisionnement.
Le Brent perd 0,28% à 78,28 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,33% à 74,41 dollars.
PLUS AUCUN INDICATEUR ÉCONOMIQUE MAJEUR À L’AGENDA DU 27 JANVIER:
(Certaines données peuvent accuser un léger décalage)
(Rédige par Diana Mandiá, édité par Augustin Turpin)