Le numéro deux du Hamas tué dans une attaque israélienne au sud de Beyrouth
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.Un haut responsable du Hamas palestinien, Saleh al-Arouri, a été tué mardi soir dans une attaque au drone israélienne dans la ville de Daniyeh, en périphérie sud de Beyrouth, la capitale libanaise, ont déclaré à Reuters trois sources sécuritaires.
Via sa radio Al Aqsa, le Hamas a confirmé la mort du numéro deux de son bureau politique, qui était aussi considéré comme impliqué dans les affaires militaires du groupe palestinien pour avoir cofondé sa branche armée, les brigades Al Qassam, lesquelles ont planifié l’attaque du 7 octobre dans le sud d’Israël.
Contactée par Reuters, l’armée israélienne n’a pas commenté l’information, indiquant ne pas répondre aux questions concernant des informations de la presse étrangère.
Un conseiller du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré dans un entretien à la chaîne de télévision américaine MSNBC qu’Israël n’avait pas revendiqué l’attaque.
Peu importe le responsable, a ajouté Mark Regev, « une chose est claire: il ne s’agit pas d’une attaque contre l’Etat libanais » mais d’une « frappe chirurgicale » contre la direction du Hamas.
Le Premier ministre libanais par intérim, Najib Mikati, a dénoncé un « nouveau crime israélien » et estimé qu’il s’agissait d’une nouvelle tentative d’Israël pour pousser le Liban à prendre part à la guerre.
Ses services ont annoncé avoir demandé au ministre des Affaires étrangères de transmettre une plainte au Conseil de sécurité des Nations unies pour dénoncer notamment ce que Beyrouth décrit comme une violation de la souveraineté libanaise.
A Téhéran, le ministère iranien des Affaires étrangères a déclaré que l’assassinat de Saleh al-Arouri allait donner encore plus de motivation à l' »axe de résistance » qui lutte contre Israël, selon des propos rapportés par la presse officielle.
En Cisjordanie occupée, des centaines de personnes se sont rassemblées à Ramallah pour réclamer vengeance.
UN BASTION DU HEZBOLLAH
La presse officielle libanaise a rapporté que cette attaque contre un bureau du Hamas au sud de Beyrouth avait fait six morts au total. Selon deux sources sécuritaires, l’attaque a été menée au cours d’une réunion à laquelle participait aussi un commandant du Hamas, qui a été tué. Les sources ont dit ne pas être en mesure dans l’immédiat d’identifier l’ensemble des victimes.
Via la messagerie Telegram, la chaîne de télévision du Hamas a indiqué que deux commandants des brigades Al Qassam ont été tués dans l’attaque, précisant qu’il s’agissait de Samir Findi Abou Amer et Azzam al-Aqraa Abou Ammar.
Il semble qu’un drone a frappé le troisième étage d’un immeuble situé dans un quartier densément peuplé de Daniyeh, a constaté une journaliste de Reuters. Des pompiers et des secouristes se trouvaient sur place.
La zone est considérée comme un bastion du Hezbollah qui, comme le Hamas, est aligné sur l’Iran. La milice chiite libanaise soutient le Hamas dans sa guerre contre Israël en lançant quasi-quotidiennement des roquettes sur le nord d’Israël – des affrontements frontaliers sans précédent depuis la guerre de l’été 2006 entre le Hezbollah et l’Etat hébreu.
L’attaque à Daniyeh survient à la veille d’un discours du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, pour commémorer l’anniversaire de la mort de Qassem Souleimani, le chef de la Force al Qods, unité d’élite du corps des gardiens de la Révolution, tué dans une frappe américaine en Irak le 3 janvier 2020.
Au cours de sa première prise de parole publique depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre et le début du nouveau conflit dans la bande de Gaza, Hassan Nasrallah avait menacé début novembre d’une « vaste guerre » si Israël ne mettait pas fin à ses bombardements sur le territoire palestinien.
Selon le Hezbollah et des sources sécuritaires, les bombardements israéliens dans le sud du Liban en marge de l’offensive à Gaza ont tué plus d’une centaine de combattants du Hezbollah et une vingtaine de civils, parmi lesquels des enfants, ainsi que des journalistes.
(Reportage Maya Gebeily et Laila Bassam, avec Suleiman al-Khalidi; version française Jean Terzian, édité par Kate Entringer et Jean-Stéphane Brosse)