Varsovie accuse Minsk de faire revenir des migrants à la frontière
VARSOVIE (Reuters) – La Pologne a accusé vendredi la Biélorussie de convoyer à nouveau des centaines de migrants vers la frontière entre les deux pays et de les inciter à tenter de la traverser, au lendemain de l’évacuation par Minsk des camps érigés dans cette zone.
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Les autorités biélorusses ont évacué jeudi les principaux camps de fortune situés près de la frontière avec la Pologne, dans lesquels s’abritaient des milliers de migrants.
Des vols de rapatriement, les premiers au départ de Biélorussie depuis le mois d’août, ont également été organisés jeudi pour reconduire des centaines d’Irakiens dans leur pays.
Mais la porte-parole de la garde-frontières polonaise a déclaré que les autorités biélorusses avaient ramené des centaines de migrants à la frontière dès jeudi soir, en les forçant à tenter de la traverser à la faveur de l’obscurité.
« Au début, il y avait 100 personnes, mais ensuite les Biélorusses ont ramené davantage de gens dans des camions. Ensuite, ils étaient 500 », a dit cette porte-parole en signalant une tentative « contrainte » de traversée de la frontière.
Les camps évacués la veille – dont les occupants ont été conduits jeudi dans un hangar un peu plus éloigné de la frontière où la presse a pu se rendre – semblaient cependant encore vides vendredi matin, d’après un message de la police polonaise sur Twitter.
Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a évoqué ce dossier vendredi avec son allié et homologue russe Vladimir Poutine. Selon les services du Kremlin, qui ont fait part de cet entretien téléphonique, les deux hommes ont souligné l’importance de la coopération entre la Biélorussie et l’Union européenne.
Alors qu’aucun dirigeant occidental ne s’était entretenu avec Alexandre Loukachenko depuis sa réélection contestée en août 2020, la chancelière allemande sortante Angela Merkel l’a contacté à deux reprises cette semaine.
La Commission européenne – qui n’entend pas négocier avec le président biélorusse – a rejeté jeudi un plan de sortie de crise que la Biélorussie dit avoir soumis à Angela Merkel, qui prévoirait le rapatriement de 5.000 migrants par Minsk et la prise en charge de 2.000 autres par l’Union européenne.
L’UE accuse depuis plusieurs mois la Biélorussie d’avoir acheminé des milliers de migrants en provenance du Moyen-Orient pour créer une situation de crise à la frontière de la Pologne mais aussi de la Lituanie, en représailles aux sanctions imposées après la répression des manifestations contre la réélection d’Alexandre Loukachenko.
Minsk dément toute instrumentalisation des migrants.
(Reportage Joanna Plucinska, Pawel Florkiewicz et Anna Wlodarczak-Semczuk à Varsovie, Andrius Sytas à Vilnius, rédigé par Joanna Plucinska ; version française Juliette Portala et Myriam Rivet, édité par Bertrand Boucey)