Ukraine: La Russie attend d’être informée par les USA avant de se prononcer sur une trêve
par Dmitry Antonov
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MOSCOU/SHANNON, Irlande (Reuters) – La Russie a besoin d’être informée par les États-Unis de l’issue des pourparlers américano-ukrainiens en Arabie saoudite avant de se prononcer sur l’acceptabilité d’une proposition de cessez-le-feu en Ukraine, a déclaré mercredi le Kremlin.
L’Ukraine a accepté mardi à Djeddah le principe d’une trêve de 30 jours proposée par les Etats-Unis et le secrétaire d’État américain Marco Rubio a indiqué que Washington allait maintenant présenter ce projet à Moscou.
Lors d’une escale en Irlande, de retour vers Washington, Marco Rubio a déclaré que les Etats-Unis prévoyaient de contacter la Russie ce mercredi.
« Nous attendons tous avec impatience la réponse de la Russie et nous lui demandons instamment d’envisager de mettre fin à toutes les hostilités », a souligné le secrétaire d’Etat.
« S’ils disent non, il est évident que nous devrons tout examiner et déterminer où nous nous situons dans le monde et quelles sont leurs véritables intentions. S’ils disent non, cela nous en dira long sur leurs objectifs et leur état d’esprit », a-t-il ajouté, sans préciser quelle serait dans ce cas la réaction des Etats-Unis.
Marco Rubio a cependant ajouté que les entretiens précédents avec Moscou témoignaient d’une volonté de mettre fin au conflit, tout en soulignant qu’un cessez-le-feu devrait et pourrait être surveillé pour s’assurer que les deux parties y adhérent.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, n’a pas exclu la possibilité d’un appel entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue américain Donald Trump, qui pourrait selon lui être organisé très rapidement si nécessaire.
Prié de dire lors de son point de presse quotidien si la proposition de cessez-le-feu de 30 jours était avantageuse pour la Russie ou non et si le pays lierait une éventuelle trêve à d’autres demandes, telles que la levée des sanctions occidentales contre Moscou, Dmitri Peskov a déclaré : « Vous allez un peu vite en besogne. »
« Hier, lors de leurs entretiens avec la presse, messieurs Rubio et Waltz ont tous deux déclaré qu’ils nous transmettraient, par différents canaux, des informations détaillées sur l’essentiel de la conversation qui s’est déroulée à Djeddah. Nous devons d’abord recevoir ces informations. »
Dmitri Peskov a précisé que des contacts avec les Américains étaient prévus dans les prochains jours, au cours desquels Moscou espère « des informations complètes ».
« DIFFICILE POUR POUTINE D’ACCEPTER »
Selon plusieurs sources russes de haut rang, il est peu probable que Vladimir Poutine accepte en l’état la proposition américaine de trêve de trente jours.
« Il est difficile pour Poutine d’accepter cela sous sa forme actuelle », a déclaré à Reuters l’une de ces sources, qui a requis l’anonymat. « Poutine est en position de force car la Russie progresse. »
Une autre source russe de haut rang a déclaré que, du point de vue de Moscou, la proposition de cessez-le-feu semblait être un piège, car Vladimir Poutine aurait du mal à arrêter la guerre sans garanties ou engagements concrets.
En juin, Vladimir Poutine a exposé ses conditions pour qu’une paix soit conclue, déclarant que l’Ukraine devait officiellement abandonner ses ambitions d’intégration de l’Otan et retirer ses troupes des quatre régions ukrainiennes revendiquées et désormais en grande partie contrôlées par la Russie.
La Russie contrôle 75% des régions de Donetsk, Zaporijjia et Kherson et plus de 99% de celle de Louhansk, selon les estimations russes.
Moscou affirme que ces quatre régions font désormais intégralement partie de la Russie et qu’elles ne seront jamais restituées à l’Ukraine. Kyiv affirme pour sa part qu’elles ont été annexées illégalement et qu’elle ne reconnaîtra jamais la souveraineté russe.
En Irlande, Marco Rubio a déclaré que d’éventuelles concessions territoriales avaient fait partie des pourparlers de Djeddah mais ajouté que l’essentiel des discussions avait porté sur les modalités du processus de négociation.
Il a ajouté que l’accord sur les minerais que Washington espère signer avec Kyiv serait bénéfique pour les deux pays mais ne constituerait pas une garantie de sécurité, ce que réclament les Ukrainiens.
La sécurité à long terme de l’Ukraine fera « très certainement partie de la conversation », a cependant ajouté le chef de la diplomatie américaine.
« Je pense que la question est davantage celle de la dissuasion. L’Ukraine est-elle en mesure de créer une dissuasion suffisante contre une future agression, contre une future attaque, contre une future invasion? » a-t-il dit.
(Dmitry Antonov, Mark Trevelyan, Daphne Psaledakis et Doina Chiacu; version française Benjamin Mallet et Jean-Stéphane Brosse, édité par Kate Entringer)
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