Réponses à la prière ou les voies de Dieu envers George Müller
VOUS AIMEZ CHRÉTIENS TV? DONNEZ-NOUS LES MOYENS DE PRODUIRE DE NOUVELLES ÉMISSIONS CHRÉTIENNES EN FAISANT UN DON ICIGeorge Müller n’avait jamais recherché la volonté de Dieu une seule fois avec sincérité et persévérance, au moyen de la Parole de Dieu et par le Saint-Esprit, sans avoir été invariablement conduit sur la droite voie.
Introduction
Comment discerner la Volonté de Dieu
Les débuts de l’œuvre parmi les orphelins
Les nouvelles maisons pour les orphelins à Ashley Down
Exaucements remarquables à la prière
Encore des épreuves de foi et de patience
Appendice
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Introduction
« Au cours de ma vie chrétienne, qui comprend actuellement (mars 1895), une période de 69 ans et 3 mois, je n’ai pas le souvenir d’avoir recherché la volonté de Dieu une seule fois avec sincérité et persévérance, au moyen de la Parole de Dieu et par le Saint-Esprit, sans avoir été invariablement conduit sur la droite voie. Mais lorsque la droiture du cœur et l’intégrité devant Dieu m’ont fait défaut et que je n’ai pas su attendre, avec patience, le conseil de Dieu, mais que, plutôt, j’ai préféré le conseil de mes semblables aux déclarations de la Parole du Dieu vivant, alors j’ai commis de graves fautes. » – George Müller
Comment discerner la Volonté de Dieu
1 Je cherche, d’abord, à m’assurer s’il n’y a dans mon cœur aucune volonté propre sur un sujet quelconque. Les neuf dixièmes du tourment que se donnent certaines personnes, en général, provient de ce fait. Les neuf dixièmes des difficultés sont vaincues lorsque nos cœurs sont prêts à faire la volonté de Dieu quelle qu’elle soit. Quand on est véritablement dans un tel état, la volonté de Dieu ne tarde pas à vous être révélée.
2 Ce premier point acquis, je ne m’attarde pas aux sentiments et aux impressions. S’il en était ainsi, je tomberais bientôt dans de grandes illusions.
3 Je cherche la Volonté de l’Esprit de Dieu dans la Parole de Dieu. L’Esprit et la Parole vont ensemble. Si je consulte le Saint-Esprit seul sans la Parole, je puis encore me faire illusion. Si le Saint-Esprit me conduit, ce sera toujours en accord avec les Ecritures.
4 Ensuite, je mets dans la balance les circonstances. Ces dernières indiquent souvent la volonté de Dieu, d’accord avec la Parole et le Saint-Esprit.
5 Je supplie Dieu ensuite de me révéler toute sa volonté.
6 Ainsi, par la prière, l’étude de la Parole, la réflexion, j’en viens à me former un jugement, et, selon ma connaissance et ma capacité, mon esprit étant en paix, je prends la détermination d’agir, toujours dans un esprit de prière. Dans les choses ordinaires et dans les transactions de grande importance, cette méthode m’a toujours réussi.
Les débuts de l’œuvre parmi les orphelins
« Afin que l’épreuve de votre foi, beaucoup plus précieuse que celle de l’or qui, quoique périssable, est pourtant éprouvé par le feu, tourne à votre louange, à votre honneur et à votre gloire, lorsque paraitra Jésus Christ. » 1 Pierre 1. 7.
M. Georges Muller fut le fondateur des nouveaux orphelinats à Ashley Down, Bristol, établissements qui ont été, pendant bien des années, les plus grands monuments des temps modernes, prouvant que Dieu exauce les prières. Dans un livre, d’une grande valeur, Les voies de Dieu envers Georges Muller, l’auteur donne entre autres motifs, pour lesquels il a fondé des orphelinats, le motif suivant :
« J’ai souvent rencontré des enfants de Dieu abattus par la perspective que, lorsqu’ils seront vieux et qu’ils ne pourront plus travailler, ils devront avoir recours à une maison de charité. Si je leur rappelle, à ceux-là, que leur Père céleste n’a jamais manqué de venir au secours de ceux qui se sont attendus à Lui, ils ne diront peut-être pas toujours que les temps ont changé ; cependant il sera assez évident qu’ils ne regardent pas à Dieu comme à celui qui est le Dieu vivant. Souvent, j’ai été grandement attristé par ces choses, et je désirais vivement mettre sous les yeux des chrétiens un fait qui pût leur montrer que, même dans les temps particuliers où nous vivons, Il ne délaisse pas ceux qui se confient en Lui. »
»Une autre classe de personnes se compose de frères dans les affaires, dont l’âme est en souffrance et la conscience chargée, parce qu’ils se conduisent à peu près comme les gens du monde. La concurrence dans le commerce, les temps difficiles, la trop grande population du pays, sont des raisons qu’on allègue quelquefois à l’appui de cette idée qu’on ne réussirait pas, si l’on regardait simplement à la Parole de Dieu pour la direction des affaires. Tel frère, par exemple, s’est dit : Si seulement je pouvais changer de position ! Rarement j’ai rencontré une détermination bien arrêtée de tenir ferme pour Dieu, de se confier en Lui, coûte que coûte, afin de conserver une bonne conscience. Je désirais donner aussi à cette classe de personnes une preuve visible que Dieu demeure toujours le même.
» D’autres frères ou sœurs ont des professions qu’ils ne peuvent pas exercer en bonne conscience et se trouvent dans une position que l’Ecriture n’approuve pas, même en ce qui concerne les choses spirituelles. Les uns redoutent de quitter la profession qu’ils ne peuvent pas continuer avec l’approbation de Dieu, à cause des conséquences qu’ils entrevoient ; les autres craignent de renoncer à leur position, de peur de se trouver sans emploi. Il me tardait donc d’être un instrument dans les mains de Dieu pour fortifier la foi de ces chers enfants de Dieu, non seulement en leur montrant par des exemples de la Parole de Dieu qu’Il veut et peut secourir tous ceux qui se reposent en Lui, mais surtout en leur mettant sous les yeux des faits qui peuvent les convaincre qu’Il est toujours le même.
» Je savais bien que la parole seule de Dieu devrait suffire — et grâces Lui en soient rendues, elle me suffisait à moi, — mais cependant, je pensais que si cette preuve visible de l’immuable fidélité du Seigneur (je veux parler de l’établissement d’une maison d’orphelins) pouvait servir à fortifier mes frères en la foi, je serais trop heureux de leur être en bénédiction, en entrant dans cette voie. J’avais un souvenir vivant du bien que mon âme avait reçu en considérant la fidélité de Dieu envers son serviteur A.-H. Francke, qui, en s’appuyant entièrement sur le Dieu vivant, avait fondé la plus grande maison d’orphelins existant alors dans le monde. Je me crus appelé à être ainsi le serviteur de l’Eglise de Christ pour lui communiquer la grâce qu’Il m’a faite de le prendre au mot dans toutes ses promesses. Toutes les peines que mon âme a éprouvées en voyant un si grand nombre de croyants, avec lesquels je suis entré en relation, être accablés ou angoissés, et ayant une mauvaise conscience parce qu’ils doutaient du Seigneur, toutes ces choses, dis-je, ont été dans les mains du Seigneur autant de moyens pour réveiller dans mon coeur le désir de présenter à l’Eglise et au Monde une preuve que Dieu écoute nos requêtes et qu’Il les exauce. — Si donc, moi, qui ne suis qu’un pauvre homme, je pouvais arriver à obtenir par la foi et la prière, sans rien demander à personne, les moyens d’établir une maison d’orphelins et la continuer, en la développant, n’est-il pas évident que, avec la bénédiction du Seigneur, un tel fait contribuerait à fortifier la foi des enfants de Dieu et parlerait à la conscience même des incrédules ? Telle est la raison principale qui m’a porté à entreprendre ce travail.
» Je désirais sans doute de tout mon cœur que Dieu se servît de moi pour faire du bien à des pauvres orphelins, au point de vue corporel, leur être utile dans les choses qui concernent la vie présente, et les élever dans la crainte de Dieu, mais mon but principal était que Dieu fût glorifié. Oui, je me suis proposé (et je me propose encore) de magnifier le Nom du Seigneur en obtenant de Lui seul, par la prière et par la foi, tout ce qui est nécessaire pour l’entretien de ces chers orphelins. Mes compagnons d’oeuvre et moi, ne demandons rien à personne. Ce qui s’est passé depuis le mois de novembre 1835 a démontré d’une manière remarquable que je ne m’étais pas trompé ; non seulement les rapports qui ont été publiés concernant cette oeuvre ont porté des fruits abondants parmi les enfants de Dieu, mais ils ont encore contribué à la conversion de bien des pécheurs. Du plus profond de mon âme, je rends grâces à Dieu et lui attribue l’honneur et la gloire qui n’appartiennent qu’à Lui seul. »
Nouveaux détails sur la fondation de l’Orphelinat
« Lorsque, ces derniers temps, la pensée de fonder un orphelinat, en ne comptant, pour les ressources, que sur Dieu seul, eut repris vie dans mon esprit, la seule chose que je demandais à Dieu pendant deux semaines, ce fut si cette pensée venait de Lui, d’en amener Lui-même la réalisation, sinon de me l’ôter entièrement. La pensée du Seigneur ne m’était pas claire. Sans doute, j’étais sûr qu’Il verrait d’un œil favorable se fonder une maison où des enfants, privés de leurs père et mère, trouveraient un abri et une éducation conforme aux enseignements de la Parole ; mais était-ce sa volonté que je fusse, moi, son instrument pour mettre cette oeuvre sur pied, puisque mon temps était plus que rempli ? Toutefois, ce qui m’encourageait, c’était la pensée que, si telle était sa volonté, Il me donnerait non seulement les moyens nécessaires, mais encore les personnes qualifiées pour prendre soin des enfants, en sorte que mon concours personnel à l’œuvre ne me prendrait pas plus de temps, vu son importance et, malgré toutes mes autres occupations, que ne j’en pourrais raisonnablement lui donner. Durant ces deux semaines, pas une seule fois, je ne demandais au Seigneur soit de l’argent, soit des collaborateurs, dont je pusse m’assurer les services. Tout à coup, le 5 décembre, l’objet de ma prière changea. Je lisais le Psaume 81, et je fus tout particulièrement saisi, plus que jamais auparavant, par le verset 11 : « Ouvre ta bouche, et je la remplirai. » Je réfléchis quelques instants à cette parole, et fus amené à en faire l’application à mon projet. Frappé par cette pensée que je n’avais encore rien demandé au Seigneur en vue de cet Orphelinat, sauf de me faire connaître s’Il voulait qu’il fût fondé ou non, je tombai à genoux, et, ouvrant ma bouche toute grande, je demandai beaucoup. Je priai dans une pleine soumission à la volonté de Dieu, sans lui dire : Réponds-moi à tel moment. Je lui demandai de me donner une maison, qui me serait prêtée ou qui me serait donnée pour cet objet à titre définitif. De plus, je demandai à Dieu de m’envoyer vingt-cinq mille francs, en même temps que des personnes bien qualifiées pour prendre soin des enfants. Depuis, j’ai été amené à demander aussi au Seigneur de mettre au cœur des siens de m’envoyer des meubles pour la maison et des vêtements pour les orphelins. En priant ainsi, je me rendais parfaitement compte de ce que je faisais, c’est-à-dire je savais fort bien que ce que je demandais, il n’y avait, à vues humaines, aucune probabilité que je l’obtinsse des frères que je connaissais ; mais je savais aussi que ce n’était pas trop pour que le Seigneur pût me l’accorder. »
Un grand encouragement
17 décembre. — « J’ai été abattu hier soir et ce matin et me suis demandé si je devais m’engager dans cette entreprise ; j’ai aussi prié le Seigneur de bien vouloir me donner quelque nouvel encouragement. Peu d’instants après, un frère envoya deux coupons d’indienne, l’un mesurant 7 yards (environ 0.90 m) et l’autre 23 3/4 ; 6 3/4 yards de calicot, quatre coupons de doublure mesurant en tout 4 yards, un drap de lit et un yard pour mesurer les étoffes.
Ce soir, un frère a apporté un séchoir, trois petites robes, quatre tabliers, six mouchoirs de poche, trois couvertures piquées, une de laine, deux salières en étain, six gobelets en fer blanc et six petites cuillères en métal. Il m’a également remis 3 shillings 6 pences (environ) de la part de trois différentes personnes et m’annonça en même temps un don de 2500 francs pour demain. »
Vingt-cinq mille francs
15 juin 1837. — J’ai recommencé à prier ardemment le Seigneur afin qu’Il veuille bien compléter les 25 000 francs que je lui ai demandés déjà. — Ce soir, on m’a remis 125 francs, ce qui fait que la somme entière se trouve maintenant réalisée. Je voudrais rappeler ici, po11r la gloire du Seigneur, à qui j’appartiens et que je sers, que chaque franc de cette somme de même que tous les articles d’habillement et d’ameublement, dont il a été fait mention dans les pages précédentes, m’ont été donnés, sans que j’aie rien demandé à qui que ce soit. »
Des orphelins pour l’Orphelinat
« Autant que je puisse m’en souvenir, le sentiment de ma faiblesse et de mon ignorance m’avait toujours conduit à exposer au Seigneur de la manière la plus minutieuse tout ce qui concernait la Maison des Orphelins. Cependant, il était un point sur lequel je ne l’avais pas entretenu ; je ne lui avais pas demandé de vouloir bien lui envoyer des enfants, car je m’assurais que les demandes ne manqueraient pas. Cependant plus le jour qui avait été indiqué pour recevoir les demandes approchait, plus aussi j’avais le pressentiment secret que le Seigneur pourrait bien vouloir me désappointer dans mon attente, et me montrer que je ne pouvais prospérer sans Lui, pas même dans les plus petites choses. Le jour fixé arriva, et pas une seule demande ! J’avais été tant de fois tenté auparavant par le doute, au sujet de la volonté de Dieu sur mon entreprise, que, à ce moment-là, je fus profondément abattu devant Dieu et fus en prières toute la soirée du 3 février. J’examinai de nouveau mon cœur et les motifs qui me faisaient agir. Je découvris que mon but principal avait bien été de rechercher la gloire de Dieu, en démontrant que ce n’est pas en vain que l’on se confie en Lui ; que j’avais cherché également et d’abord le bonheur spirituel, puis le bonheur temporel des orphelins. En persévérant dans la prière, je fus amené à me réjouir de tout mon cœur, lors même que la gloire de Dieu serait dans l’anéantissement de tout ce plan. Cependant, l’établissement et la prospérité de l’Orphelinat me semblaient devoir glorifier le Seigneur plutôt que la non-réussite de l’entreprise et je pus ainsi demander au Seigneur, avec instances, d’envoyer des enfants. Je jouis après cela d’une grande paix intérieure et j ‘arrivai à l’assurance que Dieu établirait cette Maison. — Dès le lendemain, 4 février, la première demande fut faite et depuis lors 42 enfants ont été présentés. »
Au jour le jour
22 juillet 1888. — « Le soir, je me promenais dans notre petit jardin en méditant Hébreux 13.8, « Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui et éternellement. » En pensant à cet amour, à cette puissance et à cette sagesse immuables, et que je convertissais, comme j’ai l’habitude de le faire, tout ce que je médite, en prières, pour moi-même, j’ai appliqué cet amour, cette puissance et cette sagesse, à mes circonstances tant spirituelles que temporelles. Tout à coup, les besoins actuels de la Maison des Orphelins me vinrent à l’esprit. Immédiatement, je fus amené à me dire : Puisque Jésus, dans son amour et sa puissance, m’a accordé jusqu’ici tout ce qui m’était nécessaire pour les orphelins, et que cet amour et cette puissance ne changent pas, Il sera fidèle jusqu’au bout. Mon âme fut alors inondée de joie à la pensée de cette immutabilité de notre adorable Sauveur.
» Un instant après, on m’apporte une lettre renfermant un billet de 500 francs avec ce qui suit : « Veuillez appliquer la somme ci-incluse à continuer la diffusion des Ecritures, à votre Orphelinat, ou enfin à la cause du Maître, d’une manière ou d’une autre, selon qu’Il vous dirigera. Ce n’est pas une forte somme, mais il y aura suffisamment pour les besoins d’aujourd’hui et en général le Seigneur pourvoit au jour le jour ; le lendemain prendra soin de ce qui le regarde, etc. »
(J’ai consacré la moitié de cette somme, soit 250 francs au fonds des orphelins, et l’autre moitié aux autres objets, ce qui m’a mis à même de faire face à environ 850 francs de dépenses relatives aux Maisons des Orphelins auxquelles je m’étais attendu et qui se sont présentées dans l’espace de quatre jours.)
Dieu n’oublie pas
Au cours des premières années de son œuvre dans l’Institution, M. Muller et ses compagnons d’œuvre eurent à endurer bien des épreuves de foi ; exemple, les paroles suivantes de M. Muller lui-même :
Juillet 1845. — Il y a maintenant 7 ans environ nos fonds ont été si épuisés pendant ce laps de temps, que je pourrais à peine mentionner un seul cas où nous ayons eu des ressources pendant 3 jours consécutifs, pour l’entretien de plus de 100 personnes ! Cependant mon esprit n’a été inquiet qu’une seule fois, et c’était le 18 septembre 1838. Le Seigneur semblait refuser toute réponse à nos prières. Mais quand Il nous envoya la délivrance et que je fus assuré qu’Il ne nous avait pas oubliés, mais qu’Il avait voulu seulement éprouver notre foi, mon âme fut si fortifiée et encouragée que, même dans la plus profonde pauvreté, Il m’a accordé la grâce de ne plus douter de Lui. Dès lors, je ne fus plus abattu. »
Un don de 300 francs
20 août 1838. — « Les 125 francs que j’avais reçus le 18, ayant été donnés pour le ménage, je me trouvais de nouveau sans le sou ; mais mes yeux étaient tournés vers le Seigneur. Sachant que cette semaine, il me faudrait de 300 à 500 francs, je me suis mis en prières ce matin. Dans la journée je reçois la réponse. Une dame qui demeure à Clifton, et que je ne connais pas, m’a envoyé 300 francs. Adorable Sauveur, fais que ce soit un nouvel encouragement pour moi ! »
Crise solennelle
A propos d’une des plus dures épreuves, M. Muller écrit :
10 septembre 1838 (lundi matin). — Il n’est point venu d’argent ni samedi, ni hier. Il me paraît maintenant nécessaire de faire quelques démarches relatives au besoin où nous nous trouvons. J’ai la pensée de me rendre aux Orphelinats, rassembler les frères et sœurs employés dans ces établissements, et qui, à l’exception du frère T … , n’ont jamais été informés de l’état des fonds. Mon intention est de leur exposer le cas, de nous assurer combien d’argent il nous faut, et leur dire en même temps que, malgré cette épreuve de foi, je continue à croire que Dieu nous viendra en aide. Nous prierons ensemble. Il me paraît surtout nécessaire de les aviser qu’ils ne fassent pas plus d’achats que nous n’avons moyen d’en payer, mais que, quant aux enfants, il ne faut les laisser manquer ni de bonne nourriture, ni des vêtements indispensables, attendu que je préférerais les renvoyer plutôt que de les voir privés des choses nécessaires. Je tenais aussi à m’assurer s’il n’y aurait pas encore quelques articles qui auraient été envoyés pour être vendus, ou s’il se trouverait peut-être quelques objets inutiles qu’on pourrait vendre également. Je sentais que l’œuvre traversait une crise solennelle. A neuf heures et demie, nous trouvâmes 60 ct. qui avaient été mis dans le tronc de la chapelle Gédéon. Je considérai cette somme comme des arrhes que Dieu me donnait pour m’assurer qu’Il veut avoir compassion de nous et envoyer davantage. A 10 heures environ, après être revenu de chez le frère Craik, à qui j’avais de nouveau ouvert mon cœur, comme j ‘étais encore en prières pour demander du secours, une sœur vint nous voir et donna à ma femme 50 francs pour les orphelins, en disant qu’elle s’était sentie pressée de venir, et qu’elle avait même trop tardé ! Quelques minutes après j’entre dans la chambre où se trouvait cette dame, elle me remet encore 50 francs, tout cela, sans rien connaître de notre disette. Ainsi le Seigneur, dans sa miséricorde, m’a envoyé quelques petites ressources, pour le plus grand encouragement de ma foi. Quelques minutes plus tard, on vient me demander de l’argent pour l’Orphelinat des enfants en bas âge. J’envoyai 50 fr. à cet établissement, 25 fr. 60 à l’établissement des orphelins et 25 fr. à celui des orphelines. »
Une précieuse délivrance
17 septembre 1838. — « L’épreuve continue. Plus il va, et plus la foi est éprouvée. C’est sans doute dans des vues bien sages que le Seigneur permet que nous réclamions si longtemps son secours ; mais je suis persuadé qu’Il l’enverra, si seulement nous pouvons l’attendre. L’un des frères employés ayant reçu quelque argent, en a donné une partie, savoir 15 fr. 60, un autre employé a aussi remis 14 fr. 50 ; tout l’argent qui lui restait. Ces deux sommes jointes aux 21 fr. 85 que nous avions en partie, et dont le reste nous est arrivé depuis, nous a mis à même de payer ce qui était dû et de nous procurer des provisions ; de sorte que, jusqu’à présent, nous n’avons en aucune façon manqué de rien. Ce soir j’étais un peu éprouvé de ce que des sommes plus fortes tardaient à arriver. Mais ayant cherché du soulagement dans les Ecritures, mon âme fut extrêmement rafraîchie et ma foi de nouveau fortifiée par le Psaume 34. Avec joie j’allai rejoindre mes compagnons d’œuvre pour prier avec eux. Je leur lus le Psaume en cherchant à les encourager par les précieuses promesses qu’il renferme. »
18 septembre. — Frère T. avait environ 31 fr. et moi 3 fr. 75. Avec ces 35 fr., nous avons pu acheter le pain et la viande nécessaires, un peu de thé pour l’une des maisons, enfin du lait pour tous, mais pas plus qu’il ne nous fallait de toutes ces choses pour le besoin présent. Le Seigneur y a donc pourvu, non seulement pour aujourd’hui, car il y a du pain pour deux jours. Nous nous trouvions néanmoins réduits à l’extrémité. Les fonds étaient épuisés ; les employés avaient donné jusqu’à leur dernier centime. Remarquez maintenant comment le Seigneur est venu à notre aide ! Une dame, des environs de Londres, déléguée par sa fille pour nous apporter un paquet et de l’argent, était arrivée à Bristol cinq jours auparavant et s’était logée à côté de l’Orphelinat. Cet après-midi, elle est venue s’acquitter de sa commission et nous a remis 78 fr. 10. Notre pénurie avait été si grande que nous avions été sur le point de vendre les choses dont nous aurions pu nous passer ; mais ce matin j’avais prié le Seigneur d’empêcher cette dernière extrémité. Le fait que, pendant plusieurs jours, cet argent avait été si près de nous sans qu’il nous fût remis, ne prouve-t-il pas surabondamment que, dès le début, Dieu avait à cœur de nous aider ? Oui, Il prend un singulier plaisir à écouter le cri de ses enfants, et Il permet souvent que nous priions longtemps, soit pour éprouver notre foi, soit pour nous faire trouver la réponse d’autant plus agréable. N’est-ce pas là une précieuse délivrance ? Resté seul, j’éclatais tout haut en actions de grâces et en louanges.
Ce soir, nous nous réunissions mes compagnons d’œuvre et moi pour prier et rendre grâces. Leurs cœurs ont été grandement réjouis. Cette somme a été répartie ce soir, et pourvoira suffisamment à tout ce qu’il faut pour demain. »
Attendant le secours
21 novembre 1838. « Jamais nous ne nous étions trouvés dans une si grande disette. Les gouvernantes des trois maisons n’avaient absolument plus rien. Malgré cela, il y eut un bon dîner. En partageant le pain qui restait, on eut la perspective d’atteindre ainsi la fin de la journée, mais nous n’avions aucune idée d’où nous viendrait le secours, sinon du Seigneur Lui-même. Et voyez comment nous vint la délivrance : Ayant quitté les frères et sœurs, après avoir prié ensemble, à une heure de l’après-midi, je vins à Ringsdown. Ayant froid, je sentis que j’avais besoin d’exercice, et au lieu de prendre le chemin le plus court pour retourner chez moi, je fis le tour par la place de Clarence. A peu près à 15 mètres de ma maison, je rencontre un frère qui se met à cheminer avec moi. Après une courte conversation, il me remet 250 fr. qui devaient être remis à des frères diacres, en vue de procurer du charbon, des couvertures et des vêtements chauds aux pauvres enfants de Dieu ! Cent vingt-cinq francs pour les orphelins et le reste pour les autres objets de l’Institution afin de répandre la connaissance des Ecritures. Ce frère était venu deux fois pendant que je me trouvais à l’Orphelinat et, si j’étais arrivé une demi-minute plus tard, je l’aurais manqué. — Mais le Seigneur qui connaissait nos besoins, avait voulu me le faire rencontrer. J’envoyai immédiatement les cent vingt-cinq francs aux gouvernantes. »
A l’abri de toute déception
21 septembre 1840. — « Avec ce qui nous est arrivé hier et ce que nous avions en main, nous avons assez de provisions pour aujourd’hui et demain. — Un frère des environs de Londres m’a remis aujourd’hui deux cent cinquante francs à employer pour ce qui sera le plus nécessaire. Comme nous avons fait un sujet spécial de prière pour le fonds des Ecoles, des Bibles et des Missions, j’ai consacré toute cette somme à cet objet. Lorsque ce frère arriva, il y a trois jours, à Bristol, il ignorait absolument notre œuvre. »
« Le Seigneur, pour montrer comment Il prend toujours soin de nous, nous suscite de nouveaux collaborateurs. Quiconque se confie en Lui ne sera jamais confus. Parmi ceux qui nous aident pendant un temps, les uns peuvent s’endormir en Jésus, d’autres peuvent se refroidir au service du Maître, d’autres, toujours désireux d’aider, peuvent n’en avoir plus les moyens, ou bien se sentir appelés de Dieu à en faire un autre usage. Ainsi, pour une raison ou pour une autre, si nous nous appuyons sur l’homme, sûrement, nous serions réduits à la confusion. Mais en nous appuyant sur Dieu, le Dieu vivant, nous sommes à l’abri de toute déception, et bien au-dessus de toute crainte de nous voir réduits à l’abandon soit par la mort, soit par l’épuisement des ressources, soit par le manque d’amour, soit par les exigences d’autres branches de l’œuvre du Seigneur. Qu’il est précieux d’avoir appris, ou même d’avoir commencé à apprendre à se contenter dans ce monde, du seul appui de Dieu, et de savoir que certainement, tant que nous marcherons dans l’intégrité, Il ne nous refusera aucun bien. »
La fidélité de Dieu
25 janvier 1842. — M. Muller écrit à cette date : « Peut-être, mon cher lecteur, vous êtes-vous dit dans votre cœur avant de lire jusqu’ici : « Comment les choses iraient-elles, si les fonds des orphelins étaient réduits à rien ? si ceux qui s’emploient dans les établissements n’avaient rien à donner de leur poche, et que l’heure du repas arrivât sans que vous ayez de la nourriture pour les enfants ? Certes, cela pourrait arriver, car nos cœurs sont désespérément mauvais. Oui, si jamais, complètement abandonnés à nous-mêmes, nous cessions de nous attendre à Dieu, si jamais nous « concevions de l’iniquité dans notre cœur », alors, nous avons lieu de le croire, nous pourrions nous trouver dans une telle situation. Mais aussi longtemps que Dieu nous concerne. Et comment ferait Il autrement ? Lui qui nous a donné la plus grande preuve d ‘amour qu’Il pouvait donner, en livrant son Fils pour nous, ne nous donnera-t-Il pas toutes choses libéralement avec Lui ? »
Vous déchargeant sur Lui de tous vos soucis car Il a soin de vous
« Je désirerais beaucoup que les enfants de Dieu qui liront ces détails, soient amenés par ce moyen à se confier plus simplement en Dieu pour les choses nécessaires, et dans toutes les circonstances. Je souhaite aussi que les nombreuses réponses qui ont été accordées à nos prières, les encouragent à prier eux-mêmes, essentiellement pour la conversion de leurs parents et de leurs amis, pour leur propre avancement dans la grâce et dans la connaissance. Il est urgent aussi de présenter au Seigneur l’état des saints avec lesquels ils sont en relation, l’Eglise en général et le succès de la prédication de l’Evangile. Je tiens surtout à les mettre en garde contre cette ruse de Satan qui les porterait à penser que ces choses sont spéciales pour moi, et que d’autres ne pourraient pas en jouir. Si, comme cela a été déjà dit, tout croyant n’est pas appelé à établir des orphelinats, des écoles de charité, et à s’attendre au Seigneur seul pour toutes ressources, cependant tous sont appelés à se décharger sur Lui de tous leurs fardeaux, avec cette confiance enfantine que donne la foi. Non seulement il faut faire un sujet de prières de toutes choses, grandes ou petites, mais encore, faut-il attendre l’exaucement à toute prière, faite au nom du Seigneur Jésus.
» Quand, humainement parlant, tout a paru sombre, excessivement sombre, relativement au service que j’accomplis au milieu des croyants, ce qui est arrivé quelquefois ; quand j’aurais pu être accablé par le chagrin et le désespoir, pour peu que je me fusse arrêté à l’apparence qu’avaient les choses, alors je cherchais à me fortifier en Dieu, en m’appuyant sur sa toute-puissance, son immuable amour, sa sagesse infinie. Je me disais : Dieu peut me délivrer, et Il me délivrera si cela m’est utile, car il est écrit : « Lui qui n’a point épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-Il pas aussi toutes choses avec Lui ? (Romains 8.32). Et c’est parce que, par la grâce de Dieu, je crois cela que mon âme est gardée dans la paix.
» Si vraiment nous désirons que notre foi soit fortifiée, nous ne reculerons pas devant les occasions qui peuvent amener l’épreuve de notre foi, car c’est par ce moyen qu’elle sera fortifiée. Dans notre état naturel, nous n’aimons pas marcher avec Dieu seul. Par suite de l’éloignement où nous sommes naturellement de Lui, nous Le fuyons, ainsi que les réalités éternelles. Cette tendance nous reste après notre régénération. Il résulte de cela que, quoique nous soyons enfants de Dieu, nous craignons plus ou moins de nous trouver avec Dieu seul, de dépendre de Lui seul, de regarder à Lui seul ; et c’est là cependant la vraie position dans laquelle nous devons être, si nous désirons que notre foi se développe. Plus je me trouve dans l’épreuve au sujet de ma santé, de ma famille, de mon service pour le Seigneur ou dans mes affaires, etc., plus aussi j’ai l’occasion de voir le secours de Dieu et sa délivrance. Ma foi est alors grandement fortifiée. En conséquence le croyant ne doit pas éviter les situations, les positions, les circonstances dans lesquelles sa foi peut se trouver éprouvée, mais les saisir avec joie comme autant d’occasions dans lesquelles il pourra voir la main de Dieu s’étendre pour le secourir et le délivrer. Encore une fois sa confiance en Dieu sera augmentée. Il est encore un point d’une haute importance pour que notre foi soit fortifiée : c’est que nous devons laisser à Dieu le soin de travailler pour nous lorsque l’heure de la tentation est là, au lieu de chercher à nous délivrer nous-mêmes. Quand Dieu donne la foi à quelqu’un, elle lui est donnée, entre autres motifs, pour être mise à l’épreuve.
Oui, quelque faible que soit notre foi, Dieu l’éprouvera un jour ou l’autre. Dans sa grande miséricorde, Il nous mène toujours avec douceur, avec patience, et pas à pas ; il n’agit pas autrement dans l’épreuve de notre foi. Comme Dieu ne nous charge jamais d’un fardeau plus lourd que nous ne pouvons le porter, ainsi en est-il dans l’épreuve de la foi. Quand l’heure de cette épreuve a sonné pour nous, nous sommes généralement enclins à douter de Dieu. Nous nous confions en nous-mêmes, en nos amis, dans les circonstances.
» Pourquoi donc, ne regardons-nous pas simplement à Dieu, en attendant son secours, au lieu de chercher à nous tirer d’affaire par nous-mêmes ? Puissions-nous apprendre toujours plus et toujours mieux — et afin que notre foi s’augmente de jour en jour — à accorder le temps nécessaire à notre Dieu, qui est toujours prêt à nous secourir, à nous délivrer, juste au moment propice. »
Le pain quotidien
3 août 1844. — « Nous avons commencé la journée avec 15 francs. Je me suis dit en moi-même : Je vais maintenant attendre le moyen par lequel le Seigneur me délivrera aujourd’hui ; car Il le fera sûrement. Combien de fois, dans le passé, n’est-Il pas venu à mon secours ? Et ainsi, je m’attends à Lui. » Entre 9 et 10 heures ce matin, je me suis adonné à la prière pour obtenir ce qui nous est nécessaire. Trois de mes collaborateurs étaient avec moi, chez moi. Pendant que nous priions, on a frappé à ma porte, et on vient m’annoncer qu’un monsieur désirait me voir. C’était un frère de Tetbury, qui m’apportait 43 francs pour les orphelins. On lui avait remis cette somme à Barnstaple.
Je continue à m’attendre au Seigneur.
6 août. — De nouveau dans l’extrême pauvreté. La poste ne m’a rien apporté, et je n’ai rien reçu d’ailleurs ; seulement à dix heures dix, le contenu de la boîte aux lettres chez les orphelins m’a été apporté et il y a assez pour nos besoins de la journée. — Voyez la délivrance du Seigneur ! Une collaboratrice m’avait envoyé un billet avec 52 fr., partie d’un présent qu’elle avait reçu pour elle-même d’une manière tout à fait inattendue. Ainsi le Seigneur nous a secourus aujourd’hui.
4 septembre. — Pas même un sou en main, ce matin. Réfléchissez un peu, cher lecteur ! Seulement un farthing (un peu plus d’un centime) pour commencer la journée. Pensez à cela, et pensez aux cent quarante personnes qui doivent être nourries aujourd’hui. Vous, frères pauvres, qui avez six ou huit enfants avec de petits gages, pensez à ma situation ; et vous, mes frères, qui n’appartenez pas à la classe ouvrière, mais qui avez, comme on dit, des revenus bien limités, pensez à cela. Vous pouvez faire ce que nous faisons, dans nos épreuves, n’est-ce pas ?·Le Seigneur vous aimerait-Il moins que nous ? Selon cette parole de Jean 17.20-23, n’aime-t-Il pas ses enfants du même amour qu’Il aime son Fils unique ? Ou serions-nous mieux partagés que vous ? Non, non, nous ne sommes que de pauvres misérables pécheurs tels que vous ; et c’est justement à cause de notre indignité, que nous pouvons avoir droit à la justice du Seigneur Jésus, laquelle est imputée à tous ceux qui croient en Lui. C’est pourquoi, cher lecteur, de même que nous confions au Seigneur tout ce qui concerne l’œuvre dans laquelle Il nous a engagés, et qu’Il nous envoie le secours, de même, Il est prêt à aider tous ses enfants qui mettent leur confiance en Lui. — Et maintenant, rendez-vous bien compte de la manière dont Dieu nous secourut au matin du 4 septembre 1844 :
« Vers 9 heures, je reçus 26 francs d’une sœur en Christ, qui ne désire pas nommer le lieu de sa résidence. Entre 10 et 11 heures, le sac aux dépêches me fut envoyé de l’Orphelinat, dans lequel je trouvai un message me réclamant 29 francs pour les besoins de la journée. J’avais à peine lu le billet mentionné, qu’une voiture s’arrêtait devant ma porte. Un monsieur des environs de Manchester est annoncé. Je m’aperçois qu’il est un croyant, venu pour affaires à Bristol. Il avait entendu parler des orphelinats et exprima sa surprise de ce que sans aucune collecte — simplement par la prière — j’avais obtenu plus de 50 000 francs annuellement pour l’œuvre du Seigneur confiée à mes soins. Je n’avais jamais connu, ni même vu ce frère auparavant. Il me donna 50 francs pour exprimer sa satisfaction de tout ce que je lui avais dit. »
« Vous aurez toujours des pauvres avec vous »
12 février 1845. — « Après avoir envoyé, ce matin, l’argent nécessaire pour l’entretien des orphelins, il ne me restait plus que vingt francs vingt-cinq, à peu près le quart de ce qu’il faut pour un jour. Il fallait de nouveau recourir au Seigneur. Comme d’habitude, dans la matinée, ma chère femme, sa sœur et moi, nous rencontrons pour prier afin de demander de grandes bénédictions sur cette œuvre. Nous parlons aussi au Seigneur des besoins matériels.
» Une heure plus tard environ, je reçois une lettre du Devonshire, contenant un mandat de 550 francs, dont 250 francs pour les orphelins, 50 francs pour un frère pauvre de Bristol et 250 francs pour moi-même. J’avais une nouvelle preuve que notre Père céleste voulait continuer à secourir les orphelins, mais il y avait aussi autre chose : Depuis quelques mois, j’avais à cœur d’aider les enfants de Dieu, pauvres, au milieu de nous. La parole du Seigneur : « Vous aurez des pauvres avec vous » et « faites du bien à ceux qui sont de la foi », m’avait souvent préoccupé, et ce matin-là en particulier. C’était la plus froide matinée que nous eussions eue de tout l’hiver. Au cours de ma promenade matinale, méditant et priant le long du chemin, je me disais : « Toi, tu as du charbon, de la bonne nourriture, des vêtements chauds, et beaucoup de chers enfants de Dieu sont peut-être dans le besoin. J’avais alors élevé mon âme à Dieu, afin qu’Il voulût bien m’envoyer pour moi-même quelque argent, afin qu’il me fût possible de venir en aide à mes frères dans la disette. Trois heures après, je recevais 250 fr. pour moi. »
Confiez-vous dans le Seigneur et non dans vos semblables
6 mai 1845. — Il y a à peu près six semaines, un frère m’annonça qu’il s’attendait à recevoir une certaine somme d’argent et que s’il réussissait dans ses espérances, il consacrerait 2500 francs pour l’œuvre qui m’était confiée et une autre somme pour mes dépenses et celles de frère Craik. — Un certain temps s’écoule et pas de nouvelles. Je ne me confiais pas dans cet argent, mais, comme plus ou moins, nous étions dans la gêne, je pensais à la promesse de ce frère. Je m’appuyais, par la grâce de Dieu, sur le Seigneur et non sur ce frère. Des semaines et des semaines se passent et aucune nouvelle. — Ce matin, il m’est venu à l’esprit que de telles promesses devaient être considérées par moi comme nulles ; que mon esprit ne devait pas s’y arrêter, car mon attente est seulement dans le Dieu vivant. J’ai vu clairement que les promesses de ce genre ne devaient avoir aucune valeur pour moi, surtout si je comptais sur elles pour le secours. C’est pourquoi, j’ai demandé au Seigneur — en priant avec ma femme bien-aimée — qu’Il voulût bien enlever de ma pensée tout ce qui concernait cette promesse, et de me venir en aide.
Je fus exaucé. — A peine avions-nous fini de prier que je recevais la lettre suivante : 5 mai 1845
« Bien cher frère,
» Veuillez me dire si vos banquiers sont toujours MM. Stukey et Cie, de Bristol, et s’ils sont en correspondance avec MM. Roharts et Cie, de Londres. J’attends votre réponse afin de déposer dans cette dernière banque la somme de 1750 francs que vous pourrez employer selon la sagesse que Dieu vous donnera.
Bien à vous, X. »
« Ainsi le Seigneur me donna la récompense de mon attente en Lui seul. Mais ce ne fut pas tout. Vers deux heures de l’après-midi, je reçus du frère qui m’avait fait la promesse (il y avait plus de 40 jours), la somme de 3992 fr. 50. Il avait reçu cet argent le jour même où il en faisait l’expédition. Cette somme était répartie comme suit : 2500 francs pour l’usage des orphelins et le reste pour les besoins de frère Craik et les miens. »
Les nouvelles maisons pour les orphelins à Ashley Down
En octobre 1845, on fit part à M. Muller de certaines plaintes qui avaient été formulées par les habitants de la rue où se trouvait l’orphelinat. Ils étaient, disaient-ils, incommodés par la proximité de cet établissement. M. Muller décida donc, après beaucoup de réflexions et de prières, de faire bâtir un orphelinat ailleurs, pouvant contenir 300 enfants. Il commença donc à demander au Seigneur ce qui était nécessaire pour cet objet.
31 janvier 1846. — Il y a maintenant 89 jours que je me tiens devant Dieu, par la prière, pour l’érection d’une maison pour les orphelins. Il me semble toutefois que je m’approche du moment où le Seigneur me donnera l’emplacement. J’ai fait part de ce sentiment aux frères et sœurs ce soir, après notre réunion habituelle du samedi soir.
1er février. — Une pauvre veuve a envoyé 12 fr. 50.
1er février. — J’ai entendu parler d’un bon emplacement à Ashley Down. Il n’est pas trop cher.
3 février. — J’ai vu la pièce de terre. C’est la plus convenable que j’aie encore vue. — Il y avait un don anonyme de 26 francs dans la boîte aux lettres de l’orphelinat. Enveloppée dans du papier, il y avait cette inscription : « Pour la nouvelle maison destinée aux orphelins. »
4 février. — Je suis allé ce soir faire une visite au propriétaire de la terre à Ashley Down. L’on m’avait dit, il y a deux jours, qu’il était absent de chez lui. J’avais toutefois été informé que je pourrais le trouver à son bureau. Je m’y rends ; il venait de sortir ! J’aurais pu de nouveau revenir chez lui, vers huit heures, puisque l’une de ses servantes m’avait affirmé que je l’y trouverais sûrement, mais je n’y suis pas allé, voyant dans ces contretemps la main du Seigneur. J’ai donc jugé qu’il valait mieux attendre et laisser « l’œuvre de la patience devenir parfaite ».
5 février. — « J’ai vu ce matin le propriétaire susmentionné. Il m’a dit qu’il s’était réveillé cette nuit à trois heures et qu’il n’avait pu se rendormir qu’à cinq heures. Pendant qu’il était ainsi réveillé, son esprit était tout le temps préoccupé de cette pièce de terre qui lui avait été demandée pour bâtir un orphelinat. Il arriva à cette conclusion que si je revenais lui en parler, il me laisserait le dit emplacement pour la somme de tant, bien inférieure à celle qu’il avait fixée auparavant. Oh ! combien le Seigneur est bon ! — Tout a été réglé ce matin. »
« Observez la direction du Seigneur en ne me permettant pas de trouver ce propriétaire chez lui hier soir. Pendant les heures d’insomnie de la nuit, Dieu désirait parler à son serviteur, afin de lui faire d’abord prendre une décision à mon égard avant ma visite chez lui. »
19 novembre 1846. — « J’importune toujours plus le Seigneur afin qu’Il m’envoie les moyens nécessaires pour commencer à bâtir.
1 Parce qu’il a été publié depuis déjà quelque temps (et ce n’est pas sans raison) que les habitants de la rue où se trouve notre orphelinat sont incommodés par notre voisinage. Il me tarde, par conséquent, de transporter les orphelins ailleurs, aussitôt que possible. »
2 Je suis de plus en plus convaincu également que ce déplacement sera tout au bénéfice des enfants, soit au point de vue physique, soit du point de vue moral.
3 Parce que le nombre des orphelins, dénués de tout et qui attendent d’être admis, est très élevé et que d’autres demandes nous arrivent constamment.
« Quoique, par la grâce de Dieu, je ne voudrais pas commencer à bâtir un seul jour plus tôt que le Seigneur ne l’a désigné (et je crois fermement qu’Il me donnera tout ce dont j’ai besoin pour cela), cependant je sais aussi qu’Il prend son plaisir à nos prières, à nos supplications, à notre importunité (voir la parabole de la veuve et du juge inique, Luc 18.1-8). Etant donné tous ces motifs que je crois très importants, je me suis adonné à la prière hier soir pour demander au Seigneur de m’envoyer des fonds, car outre les raisons déjà mentionnées, j’ajouterai que depuis le 29 du mois dernier, nous n’avons reçu que peu, comparativement. »
« Ce matin, entre 5 et 6 heures, je priai de nouveau pour le même sujet : des fonds pour nos constructions ; et je consacrai ensuite un temps assez long pour la lecture de la Parole de Dieu. Au cours de ma lecture, j’en suis arrivé à l’Evangile de Marc 11.22 : « Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous le recevrez et il vous sera accordé. » J’ai souvent senti l’importance de ces paroles et je les ai souvent prises pour sujet de méditation ; mais ce matin, elles se sont particulièrement appliquées au sujet qui me préoccupe et j’ai dit au Seigneur : « Seigneur, je crois que tu me donneras tout ce dont j’ai besoin pour faire bâtir le nouvel Orphelinat. Le cœur en paix, j’ai continué ma lecture jusqu’au chapitre suivant. — Après le culte de famille, j’ai encore présenté au Seigneur les œuvres diverses qui me sont confiées avec tous leurs besoins divers. J’ai aussi prié pour mes collaborateurs, pour la distribution des Bibles et des traités, pour les âmes précieuses dans récole des adultes, les écoles du dimanche et celles des jours de semaine, et enfin, pour les quatre Maisons des Orphelins. Je n’ai pas oublié de mentionner la nouvelle construction. »
« Et maintenant veuillez être attentifs à ce qui suit : Il n’y avait pas cinq minutes que j’avais cessé de prier lorsque l’on me remit une lettre chargée, contenant un chèque de 7500 francs, dont 7000 francs pour le fonds de construction, 250 francs pour mes dépenses personnelles et 250 francs pour celles du frère Craik. Le saint Nom du Seigneur soit loué pour ce précieux encouragement ! La somme totale pour notre construction s’élève donc à l’heure actuelle à plus de 150 000 francs. »
La première Maison, bâtie pour les Orphelins, par M. Muller
25 janvier 1847. — « La meilleure saison pour bâtir s’approche. Dès lors, je me suis mis à importuner le Seigneur afin qu’Il voulût bien compléter la somme requise pour commencer le travail, ayant la conviction que l’heure est venue où le Seigneur va me donner l’exaucement à mes requêtes. Je lui ai encore apporté ce matin tous les sujets qui ont fait si souvent l’objet de mes prières, il y a aujourd’hui un an deux mois et trois semaines que je n’ai cessé jour après jour de Lui parler de ce travail. Après avoir encore prié ce matin, j’ai été rempli de confiance que, non seulement Dieu peut, mais qu’Il veut pourvoir à tout ce qui m’est nécessaire, et même qu’Il le fera promptement. Pendant tout le temps mentionné plus haut, je n’ai jamais douté qu’Il vînt à mon aide, d’une manière ou d’une autre. »
« Bien-aimé lecteur, réjouissez-vous avec moi, car une heure environ après ma prière, on m’a remis la somme de 50 000 francs pour la construction de notre Orphelinat ! J’ai donc reçu en tout : 232 130 francs pour cette œuvre. Comment décrire la joie que j’ai éprouvée, dans le Seigneur ! Il faut l’avoir expérimentée pour la connaître ! Je me suis attendu au Seigneur pendant 447 jours avant d’atteindre au chiffre sus-mentionné. Oh ! quelle bénédiction de se confier en Dieu et d’attendre patiemment la délivrance !
« La somme totale qui nous est arrivée pour nos constructions, s’est élevée à deux cent trente-deux mille cent cinquante-trois francs cinquante. »
Les Orphelinats, Maisons Nos 2 et 3
12 mars 1862. — « Au mois de novembre 1850, je fus préoccupé au sujet du développement de l’Œuvre des Orphelins. J’avais la pensée d’élever le nombre des orphelins à 1000 et plus tard à 1150. II y en avait eu jusque-là 300. J’avais gardé cette pensée secrète pendant 7 mois, priant tous les jours pour cela, jusqu’en juin 1851. Aujourd’hui seulement, la nouvelle maison N° 3 est presque terminée et nous pourrions même l’habiter.
Remarquez, cher lecteur, comment il peut plaire à Dieu de retarder l’exaucement définitif à des milliers, même à des dix milliers de prières ! Ces prières peuvent être faites avec foi, avec ardeur et au nom du Seigneur Jésus ; nous pouvons ne désirer la réponse que pour sa gloire et son honneur, et, par sa grâce, je puis dire qu’il en a été ainsi ; cependant j’ai dû attendre pendant 11 ans l’exaucement complet à mes prières pour les sujets qui ont été mis devant vos yeux. »
Priant trois fois par Jour pour obtenir des collaborateurs
Avant de poser la première pierre de notre nouvel établissement, je me suis senti poussé à prier pour avoir des aides en vue de l’œuvre croissante. Et tout le temps, pendant que le travail avançait, je continuais à prier pour cet objet, vu que l’œuvre tout entière était pour l’honneur et la gloire de Dieu.
Enfin, le moment approchait où nous pouvions prendre possession de l’Orphelinat N° 3. En voulant me rendre compte des différentes offres de service que j’avais reçues, je découvris que, d’une manière ou d’une autre, elles étaient inacceptables. C’était une grande épreuve pour ma foi. Que faire ? J’avais prié, j’avais attendu avec confiance des collaborateurs et maintenant que j’en avais un besoin urgent, je me trouvais dans la difficulté. Mais quoi ? Dieu avait-Il manqué de fidélité à mon égard ? Fallait-il également me dire en moi-même : Il est inutile de prier ? A Dieu ne plaise ! Au contraire, je remerciai le Seigneur pour tout ce qu’Il avait fait pour moi dans le passé ; je le remerciai pour la victoire qu’Il m’avait donnée sur tant et tant de difficultés, pour les collaborateurs à la maison N° 2 et pour ceux qui sont déjà au N° 3.
Au lieu de me laisser aller au doute, je considérai le retard dans la réponse à mes prières comme une épreuve de foi, et résolus qu’au lieu de prier une fois par jour pour cet objet avec ma chère femme, nous nous réunirions trois fois. La chose fut aussi présentée à tout le groupe de nos aides, réclamant leurs prières. Pendant quatre mois j’ai donc encore continué à parler de cette affaire au Seigneur. Le résultat a été que les uns après les autres les aides ont été donnés, n’arrivant aucun d’eux trop tard, en sorte que l’oeuvre a pu se continuer sans confusion et les enfants reçus au moment propice. »
Exaucements remarquables à la prière
Le premier gain de l’artiste
20 avril 1859. — « Reçu la lettre suivante, venant d’une ville éloignée : « Mon cher frère en Christ. Par ce courrier, je vous envoie 52 francs. Comment pourrions-nous mieux, ma femme et moi, vous exprimer ce que nous ressentons pour vous, si ce n’est en déposant cette somme dans la banque de Christ, qui paie toujours le plus haut intérêt et qui ne fait jamais faillite. Mon meilleur conseiller spirituel, comment vous dire toute la joie que j’éprouve en vous relatant ce qui suit : Je suis un artiste, un artiste pauvre (peintre en paysages). Il y a à peu près trois semaines, j’envoyai un tableau à l’exposition de Bristol. Je venais de finir un de vos livres. Ma prière fut alors que si mon tableau de Bristol était vendu, je réclamais le privilège de vous envoyer la moitié du produit. Le prix du tableau est de 500 francs. Dieu dans sa grâce m’envoie un acquéreur. J’ai exposé auparavant à Bristol, mais n’ai jamais fait de vente. Oh ! mon cher ami, mon cœur est plein de joie ! Je n’ai jamais senti aussi bien la présence de Dieu. Par votre moyen, j’ai été rendu capable de me rapprocher de Lui, avec plus de foi, d’ardeur et dans de saintes aspirations. C’est le premier gain que Dieu veut bien m’accorder dans toute l’année dernière. Avec quelle joie je lis votre livre ; le tableau dont je vous parle est exposé à l’Académie des arts à Clifton, numéroté dans le catalogue. Comme je ne serai payé qu’à la fin de l’exposition, je ne pourrai vous envoyer mon offrande qu’alors, etc. » — J’ai reçu des milliers de lettres semblables durant les 40 dernières années. »
Le vent du Nord transformé en vent du Midi
« C’était à la fin de novembre 1857. — Je fus informé, à mon grand étonnement, qu’il y avait dans la chaudière de notre appareil de chauffage au N° 1, une fuite assez considérable, en sorte qu’il nous aurait été impossible de passer l’hiver dans un tel état de choses. Notre appareil de chauffage consiste en une très grande chaudière cylindrique qui contient le feu, et avec laquelle communiquent les tuyaux remplis d’eau, répandant ainsi la chaleur dans les chambres. L’air chaud est aussi en rapport avec. cette chaudière. On avait constaté que tout était en règle de ce côté là pour l’hiver et cependant nous étions maintenant dans une grande difficulté. Comment la résoudre ? Je craignais fort que pendant les réparations qui s’annonçaient comme devant prendre un temps assez long, les enfants, surtout les plus jeunes, n’eussent à souffrir du froid. Mais alors comment chauffer les appartements ? Comment arriver à donner de la chaleur dans des chambres pouvant contenir 300 enfants ? Nous crûmes devoir examiner comme moyen de chauffage : d’abord le gaz, puis les fourneaux Arnolt, etc., mais nous arrivâmes à la conclusion qu’il nous fallait abandonner tous ces divers plans. Quoi faire alors ? J’aurais volontiers donné plus de 2500 francs pour résoudre cette difficulté et afin que les enfants n’aient pas à souffrir du froid. Enfin, je pris la détermination de me remettre entièrement dans les mains de Dieu qui est miséricordieux et compatissant.
Le jour fut fixé pour les réparations nécessaires. Il fallait pour cela éteindre le feu. Et voici ce qui arriva alors : un vent du nord extraordinairement froid se mit à souffler quelques jours avant le travail de réparation. Les premiers grands froids de l’hiver s’établissaient et nous étions dans de nouvelles difficultés. — Je demandais alors au Seigneur deux choses : d’abord qu’Il voulût bien transformer le vent du Nord en vent du Midi et ensuite qu’Il voulût bien presser les ouvriers dans leur ouvrage. Je me souvins comment Néhémie avait pu terminer son travail en 52 jours, alors qu’il rebâtissait les murs de Jérusalem, « parce que, le peuple avait à cœur son travail ». Le jour mémorable arriva. La veille, le vent du Nord soufflait encore, mais le matin, voilà, c’était le vent du Midi ! Exactement selon ma prière ! Le temps était si doux que l’on pût se passer de feu. — Ce qu’il y eut de remarquable également, c’est que la seconde partie de ma prière fut pleinement exaucée : les ouvriers, dirigés par leur patron, exécutèrent si bien et si promptement leur travail, qu’en 30 heures, les réparations étaient terminées, et le feu était dans la chaudière. Et tout le temps que le vent du Midi avait soufflé, il n’y avait eu aucune nécessité de faire du feu.
Voilà donc une de nos difficultés enlevées par la prière et la foi.
Le chrétien dans les affaires
1er janvier 1869. — Reçu d’Ecosse 1250 francs pour les missions, 625 francs pour la diffusion des saintes Ecritures, et 625 francs pour la distribution des traités, ensuite 250 francs pour le même but et 250 francs pour les orphelins. Je ferai quelques remarques au sujet de ce dernier don. Dans les premiers mois de l’année 1868, un commerçant chrétien m’écrivait pour me demander un conseil, étant alors dans des difficultés spéciales. Par ses lignes, on pouvait découvrir un homme ayant le désir de servir le Seigneur, en toutes choses. Il se trouvait toutefois dans de pénibles circonstances. Je lui répondis, en l’invitant à venir me voir à Bristol, ajoutant qu’il me serait plus facile de lui donner un conseil. Il entreprit ainsi un assez long voyage et nous eûmes une entrevue. Je pus me rendre un compte exact de sa position difficile.
Ayant conversé longtemps avec lui, je lui conseillai :
1 D’exposer chaque jour devant le Seigneur, sa femme et lui, tout ce qui les concernait et même de prier pour cela deux fois par jour, si la chose était possible.
2 D’attendre la réponse, comptant sur la délivrance de Dieu.
3 D’éviter toute affaire louche, de ne pas exposer des articles de réclame, au-dessous de leur prix, dans le but de s’attirer des clients, car s’il agissait ainsi, il ne pourrait pas compter sur la bénédiction de Dieu.
4 Je lui conseillai encore de mettre à part chaque semaine quelque chose de son gain, pour l’œuvre de Dieu et d’agir fidèlement vis-à-vis du Seigneur.
5 Enfin, je le priai de me renseigner chaque mois sur la marche de ses affaires et comment le Seigneur allait lui venir en aide. — Le lecteur sera intéressé d’apprendre que de temps à autre Dieu fit prospérer ce frère chrétien, en sorte que ses rentrées, du 1er mars 1868 au 1er mars 1869, avaient augmenté de plus de 73 000 francs. Quand il m’envoya son offrande, mise à part pour l’œuvre de Dieu et les pauvres, elle se montait en tout à plus de 3000 francs. — J’ai rappelé ce fait, en vue des chrétiens dans le commerce. Ces détails peuvent leur être en bénédiction. »
Réveil dans les Orphelinats
« Dans mon rapport de 1871 à 1872, j’ai déjà parlé de la grande bénédiction qu’il plut au Seigneur de nous donner à la fin de l’année et au commencement de celle-ci. Comme c’est un sujet tellement important, j’en parlerai un peu plus en détails. La situation spirituelle de nos orphelins, en général nous donnait des préoccupations sérieuses, parce qu’il y en avait peu, relativement, parmi eux, qui pouvaient se reposer sur la mort du Seigneur Jésus pour le salut de leurs âmes et d’autres n’avaient pas le désir de rechercher Dieu. Nous fûmes donc conduits, tous ensemble, collaborateurs, instituteurs, etc., à demander un réveil parmi les enfants. En particulier, je le crois, chacun de nous priait dans ce but. Dans le cours de l’année 1872, nous eûmes, en réponse à nos prières, plus de conversions que nous n’en avions jamais eu parmi nos orphelins. Le 8 janvier 1872, le Saint-Esprit commença à travailler, et l’œuvre se continua ensuite plus ou moins. L’orphelinat N° 3 semblait plus réfractaire, jusqu’au jour où Dieu étendit lourdement sa main sur cette maison. La petite vérole se déclara. A partir de ce moment-là, l’œuvre du Saint Esprit se manifesta, en particulier dans une aile de la maison. A la fin de juillet 1872, les aides s’étaient rendu compte par des conversations et par une soigneuse observation que 729 orphelins ou orphelines, confiés à leurs soins, étaient des croyants au Seigneur Jésus. C’est le plus grand nombre que nous ayons jamais eu dans nos orphelinats. Au Seigneur soit la louange et la gloire ! Il a transformé l’épreuve occasionnée par la petite vérole, en une grande bénédiction. Considérez aussi comment nous avons été poussés à prier, alors que l’état spirituel était si bas, et comment aussi Dieu a répondu par une grande manifestation de son Esprit. »
La joie que donnent les réponses aux prières
« La joie que l’on éprouve lorsque Dieu répond à nos prières ne peut pas se décrire ! Et quel élan dans la vie spirituelle ! Je souhaite cette expérience à tous nos lecteurs chrétiens. Si vous croyez réellement en Jésus pour le salut de votre âme ; si vous marchez dans l’intégrité du cœur devant Dieu et que vous persévériez à prier en vous attendant à Lui seul, la réponse arrivera sûrement. Vous ne serez peut-être jamais appelés à servir le Seigneur dans la voie où Il a conduit celui qui vous écrit et, par conséquent, vous n’aurez pas à attendre des exaucements semblables à ceux qui ont été ci-devant énumérés, mais, dans vos circonstances diverses, votre famille, votre travail, votre position dans l’Eglise, vos travaux pour le Seigneur, etc., vous pouvez attendre de Dieu toute réponse à vos prières. »
La grande nécessité d’être sauvé par la foi au Seigneur Jésus
« Si ces lignes, toutefois, venaient à tomber sous les yeux de quelqu’un qui marche dans l’insouciance quant à son salut, je voudrais le supplier, d’abord, d’être réconcilié avec Dieu par la foi en Jésus, le Sauveur. Vous êtes pécheurs, vous méritez la condamnation. Si vous ne croyez pas cela, demandez à Dieu de vous le révéler. Demandez-Lui de vous montrer ce que vous êtes par nature et de révéler ensuite à votre cœur le Seigneur Jésus. Dieu l’a envoyé pour porter votre culpabilité, votre péché. Il l’a expié, et, maintenant, Dieu ayant accepté l’obéissance et les souffrances du Sauveur des pécheurs, Il peut vous recevoir, vous, à cause de Lui, et par Lui. A l’instant même où vous croyez du cœur au Seigneur Jésus, vous obtenez le pardon de tous vos péchés. Etant réconciliés avec Dieu, et ayant obtenu la rémission de ses péchés, le pécheur sauvé a la liberté d’entrer en présence de Dieu pour lui présenter ses requêtes. Plus il réalise que tout est réglé pour lui auprès de Dieu, pour l’amour de Christ, et plus celui qui croit en Lui sera heureux de venir auprès de Lui pour lui parler de tous ses besoins spirituels et temporels. Son Père céleste peut et veut lui aider dans tout ce qui le concerne. Mais quand il y a du péché sur la conscience, que la culpabilité demeure, il est inutile de penser à un exaucement des prières. C’est pourquoi, si vous êtes encore un pécheur non pardonné, que votre prière soit que Dieu veuille bien révéler à votre cœur le Seigneur Jésus, son Fils bien-aimé. »
Le commencement du Réveil de 1859
« En novembre 1856, un jeune Irlandais, M. James McQuilkin, fut amené à la connaissance du Seigneur. Bientôt, après sa conversion, il fit la lecture de mes livres : « Les dispensations de Dieu » . Il fut grandement béni dans son âme, spécialement en ce qui concerne l’exaucement à la prière. Il se dit alors en lui-même : « Voilà ce que M. Muller obtient par la prière ! Ne pourrais-je pas avoir une bénédiction par ce moyen, moi aussi ? » Il se mit donc à prier pour que Dieu lui accordât un compagnon, un jeune homme qui connût le Seigneur. Sa prière fut exaucée. Les deux jeunes gens commencèrent une réunion de prières. Ensuite, M. J. McQuilkin demanda au Seigneur de le conduire à faire la connaissance de quelques autres enfants de Dieu. Bientôt deux autres jeunes gens se joignirent à eux. Il leur proposa une réunion dans laquelle on prierait pour les écoles du dimanche, les réunions de prières et la prédication de l’Evangile. M. J. McQuilkin retrace ces bénédictions à la lecture qu’il a faite de mes livres. Dans l’automne de 1857, ces quatre jeunes gens se rencontraient tous les vendredis soir dans la petite maison d’école, près du village de Kells. Juste à ce moment-là, cette grande œuvre si puissante du Saint-Esprit aux Etats-Unis devenait un fait connu en Angleterre, et M. J. McQuilkin se dit en lui-même une fois encore : « Pourquoi n’aurions-nous pas les mêmes grandes choses ici, sachant tout ce que Dieu a fait pour M. Muller, simplement en réponse à la prière ? » Le 1er janvier 1858, le Seigneur les exauça d’une manière remarquable par la conversion d’un domestique de ferme. Il se joignit au petit nombre déjà existant, et ils furent cinq à prier et à attendre la bénédiction. Bientôt après, un autre jeune homme d’environ vingt ans se convertit ; ils étaient donc six. Et quel encouragement pour les trois premiers qui s’étaient joints à M. McQuilkin. D’autres se convertirent ensuite et formèrent un bon groupe de croyants qui se réunissaient pour lire les Ecritures, pour prier et échanger entre eux des pensées sur les Vérités de Dieu. Ces réunions et d’autres pour l’évangélisation se tenaient dans la paroisse de Connor, Antrim, Irlande. Jusqu’ici, tout se passait sans bruit, quoique bien des âmes passassent de la mort à la vie.
« Vers Noël 1858, un jeune homme de A… qui était venu demeurer à Connor et qui s’était converti au milieu de ce petit groupe de croyants, s’en alla visiter ses amis à A… et les entretint au sujet du salut de leurs âmes, leur parlant également de l’œuvre de Dieu, à C… Ses amis exprimèrent le désir de venir voir quelques-uns de ces convertis. Le résultat fut que M. McQuilkin et ses deux amis qui s’étaient d’abord unis à lui pour la prière, se rendirent à A… et tinrent une réunion dans une des églises presbytériennes de l’endroit. Quelques-uns crurent, d’autres se moquèrent et enfin bon nombre pensaient que ces trois jeunes gens étaient mus par un grand orgueil. Cependant, on demanda une autre réunion qui eut lieu, par les mêmes jeunes gens, le 16 février 1859. Le Saint-Esprit commença alors à travailler puissamment. Quelques-uns des nouveaux convertis s’en allèrent ici et là, portant avec eux le feu spirituel, en sorte que dans les alentours et au loin, l’œuvre de l’Esprit de Dieu se répandit. Un grand nombre de pécheurs furent convaincus de péché et cette œuvre se transporta à Ballymena, ensuite à Belfast et ailleurs. Les jeunes croyants étaient employés par le Seigneur pour porter la vérité d’un endroit à l’autre.
« Tel fut le commencement de cette œuvre puissante du Saint-Esprit qui amena au salut, à la conversion, des centaines de milliers d’âmes. Quelques-uns de mes lecteurs se souviendront comment, en 1859, ce feu divin s’alluma en Irlande, en Angleterre, au pays de Galles et en Ecosse, et comment aussi le continent d’Europe fut visité par le Seigneur et eut sa part de bénédictions. Des milliers d’évangélistes sortirent de ce grand mouvement spirituel et se mirent à travailler spécialement au salut des âmes. En cette année 1874, non seulement on voit encore les effets de cette œuvre qui prit naissance en Irlande, et qui se continue plus ou moins en Europe. Il est presque inutile d’ajouter que l’honneur n’en revient, en aucun degré, aux instruments, mais au Saint-Esprit seul. Cependant ces faits sont établis, afin qu’il soit évident que Dieu prend son plaisir à exaucer abondamment les prières de ses enfants. »
Grave maladie de la fille de M. Muller
« Au mois de juillet 1853, il plut au Seigneur d’éprouver ma foi d’une manière toute nouvelle. Ma fille bien-aimée, mon unique enfant, convertie au Seigneur depuis le commencement de l’année 1846, fut très malade, à partir du 20 juin.
Cette maladie, d’abord bénigne, se transforma en typhus. Le 3 juillet, il n’y avait plus d’espoir de la voir se rétablir. C’est alors que ma foi passa dans le creuset. Mais elle triompha, car ma femme bien-aimée et moi eurent la force de la remettre entièrement dans les mains du Seigneur. Il nous soutint tous les deux puissamment. Mais je ne parlerai que de moi. Quoique ma chère enfant fût amenée aux portes du tombeau, mon âme resta en parfaite paix. J’étais heureux d’accepter la volonté de mon Père céleste, assuré qu’Il ferait ce qui était pour le mieux, soit pour notre fille, soit pour ses parents. Elle continua à être fort mal jusqu’au 20 juillet, jour où elle entra en convalescence. »
« Le 18 août, elle fut assez bien pour être transportée à C… afin d’avoir un changement d’air. C’était le 59me jour de maladie.
« Les parents savent ce que c’est que de voir un enfant malade, une fille unique et de plus, attachée au Seigneur. Eh bien ! le Père céleste sembla nous dire par cette dispensation : Es-tu décidé à me donner cette enfant ? Mon cœur répondit : Comme il te semblera bon, mon Père céleste. Ta volonté soit faite. De même que nos cœurs avaient été rendus capables de Lui donner notre chère enfant, de même il lui plut de nous la rendre. « Prends ton plaisir en l’Eternel et Il t’accordera les demandes de ton cœur » (Ps. 37.4). Le souhait de mon cœur était de retenir près de moi ma fille bien-aimée, si c’était la volonté de Dieu, et le moyen employé pour cela, c’était d’être satisfait de cette volonté. « Dans toutes les épreuves de foi que j’avais eue jusque-là, celle-là était la plus grande et, par la grâce miséricordieuse de Dieu, je le dis à sa gloire, je pus me réjouir dans sa volonté. J’étais parfaitement assuré que si Dieu m’enlevait ma chère fille, tout était bien, tout serait bien pour elle, pour nous, et pour la gloire de Dieu. Je n’eus pas un instant d’anxiété. Il en serait ainsi dans toutes les circonstances, si la foi du croyant était toujours en exercice. »
Encore des épreuves de foi et de patience
L’œuvre ayant pris de l’extension, il fallait pourvoir aux besoins de 330 personnes, et l’épreuve de la foi continuant M. Muller écrit :
« Si nous n’avons jamais eu de revenu assuré, à l’heure actuelle, nous en avons encore moins. Il nous faut tout attendre du Seigneur, et quelquefois les nécessités pécuniaires sont parmi les moindres choses, mais nous regardons vers Lui, c’est pourquoi, nous ne sommes pas désappointés. »
7 octobre 1852. — « Il n’y avait que 200 francs ce matin pour les dépenses courantes des orphelins. Jusqu’ici nous avions été dans l’abondance ; mais les dons qui étaient rentrés étant presque tous pour le fonds de construction, nous nous sommes trouvés dans la disette relativement aux autres dépenses. Ainsi, balance en main le 26 mai 1852, malgré tout ce qui était rentré depuis lors il ne nous restait que 200 francs. Je me suis donc de nouveau adonné à la prière afin de demander au Seigneur qu’Il voulût bien augmenter cette somme. »
9 octobre. — « Au cours de ma lecture ce matin, avant déjeûner, mes yeux se sont arrêtés sur Luc 7. En parcourant le récit du centenier et de la résurrection du fils de la veuve de Naïn, j’ai élevé mon âme vers le Seigneur Jésus, lui disant : « Seigneur Jésus, Tu as la même puissance aujourd’hui, Tu peux pourvoir à tous les besoins de l’œuvre confiée à mes mains. S’il te plaît, fais-le ! » Une demi-heure s’était à peine écoulée que je recevais 5768 fr. 75 ! »
« Comment décrire ma joie, en face de cette délivrance ? J’étais décidé à m’attendre à Dieu seul, au lieu de chercher une délivrance antiscripturaire. J’ai des centaines de mille francs pour le fonds de construction, mais je ne voudrais pas y toucher, parce que cette somme a été donnée pour cet objet. Il y a aussi un legs de 2500 francs pour les orphelins, dû déjà depuis deux mois. En perspective de ce paiement, le cœur, naturellement, aurait pu être enclin à employer une certaine somme du fonds de construction puis la rendre lorsque l’argent du legs arriverait ; mais je ne voulais pas sortir du chemin où Dieu m’avait placé pour chercher du secours ailleurs. Au jour même où je reçus le legs, j’avais déjà mis sous enveloppe 2500 francs qui m’étaient parvenus pour la construction, afin de les porter à la banque, car j’étais bien déterminé à ne pas en faire usage. Je voulais m’attendre à Dieu seul. Mon âme magnifie le Seigneur pour toutes ses bontés. »
13 juin 1853. — « Nous sommes encore dans une grande pauvreté. Non pas que nous soyons dans les dettes, ni même que nous soyons sans le sou, puisque nous avons en main 300 francs ; mais il nous faut de la farine, 10 sacs à la fois, une bonne quantité de farine d’avoine, du savon, et aussi quelques petites réparations à faire dans la maison ; enfin il y a un certain nombre d’ouvriers à rétribuer à part les dépenses courantes de la semaine, qui s’élèvent à environ 1750 fr. De plus, je me suis aperçu, samedi, avant-hier, que l’appareil de chauffage avait aussi besoin d’être réparé, ce qui coûtera probablement 600 fr. Humainement parlant, il nous faudrait 2500 fr. pour ces dépenses extra, sans parler des autres dépenses courantes. »
« Mais je n’avais aucune perspective d’avoir seulement un franc et encore moins 2500 fr. Puis c’était lundi, où généralement il y a peu. En me rendant ce matin à l’Orphelinat et en priant le long de la route, je disais au Seigneur que, quoique ce fût lundi, Il pouvait m’envoyer beaucoup. Il en fut ainsi. Ce matin même, il y avait 7525 fr. à mon adresse pour l’œuvre du Seigneur, à employer comme je le jugerais bon ! Oh ! la joie qui inonda mon cœur ! J’arpentais ma chambre de long en large, des larmes de joie et de gratitude coulaient abondamment le long de mes joues ; je louais, je magnifiais le Seigneur, du fond de mon âme. Je m’abandonnais tout de nouveau à Lui pour le servir. Je n’avais peut-être jamais senti autant la bonté du Seigneur, que dans cette délivrance. »
9 novembre. — « Nous sommes encore dans l’épreuve. Dieu exerce notre foi et notre patience. Cet après-midi, un frère et une sœur du Gloucestershire sont venus me rendre une visite au nouvel Orphelinat, avant de visiter l’établissement. Peu de minutes après, cette sœur me remet 26 fr. qui lui avaient été donnés pour les constructions ; elle me remet pour mes dépenses personnelles 25 fr., et la même somme pour les fonds de construction. Son mari fait don de 125 fr. pour les orphelins et 125 fr. pour les Missions étrangères.
Ainsi le Seigneur m’a encouragé, mais j’attends davantage. »
Etes-vous préparés pour l’éternité !
« En repassant mon livre de comptes, je rencontre ici et là les noms de plusieurs amis qui ont terminé leur course ici-bas. Bientôt, cher lecteur, votre tour viendra. Etes-vous prêt pour l’Eternité ? Je presse cette question sur votre conscience, et je vous prie, avec affection, de ne pas la renvoyer. Rien ne dépasse, en importance, ce sujet capital. Vous demandez : comment puis-je me préparer pour l’Eternité, comment être sauvé, comment obtenir le pardon de mes péchés ? La réponse est : Croyez au Seigneur Jésus, confiez-vous en Lui seul pour le salut de votre âme. Il a porté. à notre place, la malédiction de Dieu sur le péché, afin que nous, coupables pécheurs, si nous croyons en Lui, nous ne venions jamais en jugement. Il a accompli la loi de Dieu, Il a été obéissant jusqu’à la mort, afin que nous, pécheurs désobéissants, coupables, si nous nous reposons sur Lui, nous soyons reconnus justes à cause de Lui et par Lui. Examinez ces choses, cher lecteur, si vous ne l’avez déjà fait. Par la foi au Seigneur Jésus seul, nous obtenons le pardon de nos péchés, la paix avec Dieu ; nous devenons enfants de Dieu ; nous avons Dieu pour Père et nous pouvons venir à Lui, en toute assurance, pour lui confier tous nos besoins spirituels et temporels. Ainsi, chacun de mes lecteurs peut obtenir des réponses à ses prières, non seulement autant que nous, mais même en plus grande abondance. »
« Il se peut qu’un très petit nombre d’enfants de Dieu soit appelé à servir le Seigneur dans l’établissement d’orphelinats, etc., mais tous sont appelés à se confier en Dieu, à se reposer sur Lui, dans leurs diverses circonstances, à exercer leur foi, à s’adonner à la prière pour leurs occupations terrestres, leurs afflictions et tous leurs besoins. Eprouvez en cela le Dieu vivant, et vous verrez quelle vie heureuse vous aurez … »
« En vérité, je préfère cette vie d’épreuves presque continuelles, si seulement je suis rendu capable de déposer tous mes soucis aux pieds de mon Père céleste, et ainsi entrer toujours plus en communion avec Lui, à une vie de paix et de tranquillité extérieures, sans les preuves constantes de sa fidélité, de sa sagesse, de sa puissance et de sa miséricordieuse providence à mon égard. »
En 1859, M. Muller écrit : « Tous les mercredis soirs, nous nous rencontrons, mes aides et moi pour la prière en commun. Chaque jour également, je mets à part des moments spéciaux pour apporter au Seigneur tous les besoins spirituels et temporels de l’œuvre. J’ai 50 sujets de prière, et même plus, à déposer devant Lui, chaque jour, et par là, je suis grandement béni. Je ne fais savoir à aucun être humain ce qui nous est nécessaire dans l’œuvre. Que dis.-je ! Si même, je pouvais, à chaque demande, obtenir 250 000 fr. par la grâce de Dieu, je ne le ferais pas. Et pourquoi ? Parce que j’ai offert, joyeusement, ma vie tout entière à ce précieux service, qui est de donner au monde et à l’Eglise une démonstration indéniable que c’est une chose bénie que de se confier en Dieu ; qu’Il est maintenant, qu’Il a été toujours le Dieu vivant, le même, qui nous a été révélé dans les saintes Ecritures. Si nous le connaissons, si nous sommes réconciliés avec Lui par la foi en Jésus et si nous lui demandons, en son nom, de nous accorder ce qui est selon sa volonté, Il nous le donnera sûrement, en son temps, pourvu que nous croyions qu’Il le fera …
Dieu n’a jamais failli à mon égard, depuis quarante ans que j’ai mis à l’épreuve sa fidélité, dans l’œuvre qu’Il m’a donnée à faire. »
En l’Eternel se trouve la force éternelle
« A la date du 9 novembre 1861, M. Muller écrit : 9 novembre, samedi soir. Au commencement de cette semaine, j’ai seulement reçu la somme de 98 fr. 75 par la première distribution. Bientôt après, en faisant la lecture de la Parole, j’ai été spécialement attiré vers le passage d’Esaïe 26.4 ; « Confiez-vous en l’Eternel à perpétuité, car l’Eternel est le rocher des siècles. » — Ayant déposé ma Bible à mes côtés, je me suis jeté à genoux et j’ai prié ainsi : Je crois qu’il y a en Jéhova, l’Eternel, la force éternelle, car Il est le rocher des siècles, et je me confie en Lui : 0 Seigneur, aide-moi à me confier en Toi, toujours. Qu’il te plaise de m’envoyer aujourd’hui tous les fonds nécessaires, et même je t’en demande beaucoup pour cette semaine, quoiqu’il en soit rentré si peu jusqu’à maintenant. — Aujourd’hui même, 3 novembre, j’ai reçu 250 francs de Surbiton, 125 francs de Clifton, 50 francs de Bristol, et dans le courant de la semaine le total a été de 11 425 fr. Une fois de plus, le Seigneur, l’Eternel s’est montré digne de ma confiance et Il s’est révélé également comme le rocher des siècles. Cher lecteur croyant, si vous n’avez pas l’habitude de parler au Seigneur de tous les détails de votre vie, commencez à vous confier en Lui de cette manière et vous verrez quelles grandes bénédictions vous en retirerez. »
Jésus-Christ est le même, hier, aujourd’hui et éternellement
26 mai 1861. — A la fin de cette présente période je trouve que le total des dépenses diverses est de 617 520 fr. 40 ou de 1690 fr. 60 par jour. Je suppose que les dépenses de l’année prochaine seront encore plus élevées. Mais le même Dieu qui m’a aidé dans le passé, m’aidera encore à l’avenir. »
« Vous voyez bien, cher lecteur, comment le Seigneur dans sa fidélité est venu à mon secours, année après année. Avec l’agrandissement successif de nos établissements, il est évident que les dépenses augmentaient toujours en proportions, mais le Seigneur n’a jamais failli à ses promesses, et nous avons été secourus. Vous pourriez peut-être me poser la question suivante : Que feriez-vous s’Il venait à vous faire défaut ? Ma réponse est celle-ci : Cela ne se peut pas, aussi longtemps que nous nous confions en Lui, et que nous ne vivons pas dans le péché. Mais si nous venions à le laisser de côté, Lui, la fontaine des eaux vives, pour nous creuser des citernes crevassées qui ne contiennent pas d’eau, en nous confiant au bras de la chair ; ou si nous allions vivre dans le péché d’une manière ou d’une autre, alors nous crierions à Lui en vain. Au Psaume 66.18, il y a cette parole solennelle : « Si j’avais conçu de l’iniquité dans mon cœur, le Seigneur ne m’aurait point exaucé. »
« Jusqu’ici, par la grâce de Dieu, quoique dans la faiblesse, et faillible en bien des manières, j’ai pu me confier en Lui seul, et marcher dans l’intégrité, haïssant le péché, aimant la sainteté et recherchant toujours plus à ressembler au Seigneur Jésus. »
21 octobre 1868. — « A mesure que les jours s’écoulent, nous faisons connaître nos requêtes à notre Dieu, car depuis plusieurs années nos sorties se sont élevées à plus de 2500 francs par jour. Toutefois, quoique nos dépenses aient été si grandes, le Seigneur n’a jamais manqué de nous venir en aide. Nous avons été, vraiment, d’après les apparences extérieures, comme le « Buisson ardent au désert », et cependant, nous n’avons pas été consumés. De plus, nous sommes remplis de courage et de confiance dans le Seigneur, quoique nous ayons devant nous la perspective de plus grandes charges. Oh ! si tous les ouvriers du Seigneur connaissaient par expérience toutes les bénédictions qui découlent d’une vie de dépendance, de confiance en Dieu seul ! En Lui, on ne connaît pas le désappointement. Les amis terrestres peuvent changer de manière de voir, en ce qui concerne notre œuvre ; perdre la capacité de nous venir en aide, même en le désirant beaucoup, mais Lui, Il reste, à perpétuité, le Dieu riche. Les amis terrestres peuvent, à un certain moment, transférer leurs dons à d’autres œuvres ; et, comme ils se trouveraient surchargés, ils se voient obligés de nous abandonner ; mais Lui, Il peut pourvoir à tous nos besoins et à tous ceux de millions d’autres qui travaillent dans son champ et qui se confient en Lui. Son bonheur est de donner. Les amis terrestres peuvent nous être enlevés par la mort, et nous perdons ainsi leurs secours, mais Lui, Il vit aux siècles des siècles ; Il ne peut mourir. Pendant les quarante dernières années, j’ai surtout expérimenté ce dernier point de vue en ce qui concerne cette institution. Non seulement un, ni deux, ni même cinq ou dix amis, mais un grand nombre, qui m’aidaient autrefois de leurs offrandes, sont partis de ce monde. Et notre œuvre s’est-elle arrêtée à cause de cela ? Non, certes. Et pourquoi ? Parce que je me suis confié en Dieu et en Lui seul. »
28 juillet 1881. — « Nous avons eu ces derniers temps juste pour payer le tiers de nos dépenses. En conséquence, tout ce que nous avons actuellement pour les orphelins se réduit à presque rien. Si on regardait seulement aux apparences, on pourrait se dire : Comment continuer cette œuvre ? Mais je crois que le Seigneur nous viendra en aide, soit pour les orphelins, soit pour les divers besoins de l’institution. Je dis ceci également pour les chers enfants de Dieu, afin qu’ils soient fortifiés dans la foi et que Dieu soit glorifié. »
Cette confiance permanente dans le Dieu vivant a été vraiment récompensée à la vue de tous. Il a tellement secouru et protégé cette œuvre que M. Wright pouvait écrire en mai 1902 qu’il avait en main une balance de quelques milliers de livres sterling, et depuis le 28 juillet 1881, M. Wright constate dans son journal qu’il est rentré et qu’il s’est dépensé plus de 12 500 000 francs.
Pendant ces vingt années, sa foi et sa patience ont été grandement mises à l’épreuve, car au 15 août 1881, il écrit de nouveau :
« Nous sommes maintenant réduits à la somme de 7315 fr. 70. Depuis 25 ans, nos fonds n’ont pas été aussi bas, et nous avons chaque jour à pourvoir aux besoins de 2100 personnes. Nous n’avons donc une réserve que pour quatre jours et demi, mais nos yeux sont sur le Seigneur. Il est mon céleste pourvoyeur. Reçu aujourd’hui environ 700 francs. »
22 août. — « Une partie d’un legs a été payée (legs qui nous avait été donné, il y a bien des années) et nous avons reçu vingt-cinq mille francs. »
26 février 1882. — « Il y a eu aujourd’hui pour les orphelins la somme de 2438 fr. 25, à peu près 600 fr. de plus qu’il ne nous faut pour les dépenses d’un jour. »
2 mars. — « Notre situation actuelle vis-à-vis des orphelins se traduit par cette prière : Donne-nous chaque jour notre pain quotidien. Jusqu’ici, Dieu est venu à notre aide. »
20 avril 1882. — « Au milieu de la disette, nous avons reçu d’Edimbourg 2500 francs avec cette clause : « Cette somme devait vous être remise comme legs, mais je vous l’envoie maintenant. »
3 juin. — « De W … 12 500 francs. Quelle merveilleuse délivrance pour nous que ce don, et quelle preuve de ce que Dieu fera encore pour nous ! »
21 octobre. — « De W … 25 000 francs. En réponse à nos prières, Dieu a parlé à son cher enfant et il a incliné son cœur à nous envoyer une seconde offrande, plus élevée que toutes les autres. Nous avons donc une nouvelle preuve que notre Dieu faisait seulement passer notre foi dans le creuset pendant l’année écoulée, et non pas qu’Il nous châtiait, en jugement. J’ai attendu, je me suis confié en Lui, et je n’ai pas été confus. »
« Dieu se plaît, dans ses relations avec nous, à varier sa manière d’agir, afin que nous ne soyons pas tentés de nous confier dans les dons et dans les circonstances, mais en Lui seul. Par sa grâce, nous sommes rendus capables de regarder vers Lui seul et nos cœurs sont gardés en paix. »
Appendice
1 Une confiance pleine et entière dans les mérites et dans la médiation du Seigneur Jésus-Christ, comme seul terrain sur lequel nous nous puissions réclamer quelque bénédiction. (Voyez Jean 14.13 ; 15.16, etc.)
2 Délaisser tout péché connu ; si nous conservons quelque iniquité dans notre cœur, le Seigneur ne nous écoutera pas, car alors ce serait sanctionner le péché (Ps. 66.18).
3 Une foi implicite en la parole de Dieu, parole de la promesse que Dieu a confirmée avec serment. Or, ne pas croire ce qu’Il dit, c’est le faire menteur et parjure (Héb. 11.6 ; 6.13-20).
4 Ne Lui demander que ce qui est selon sa volonté. Nos motifs doivent être purs ; nous ne devons rechercher aucun don de Dieu pour satisfaire nos convoitises (1 Jean 5.14 ; Jacques 4.3).
5 Qu’il y ait de l’importunité dans la supplication. Il faut savoir s’attendre à Dieu, et savoir L’attendre patiemment. Tel le laboureur qui attend avec patience le précieux fruit de la terre (Jacq. 5.7 ; Luc 18.1-8).
© George Muller Éditions « Je sème » Nyon