France/Agriculteurs: Des blocages durables dans le pays ne sont pas acceptables, avertit Genevard
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.PARIS (Reuters) – Face à la colère des agriculteurs français qui s’exprime pour le troisième jour consécutif, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard a jugé inacceptable mercredi tout blocage durable du pays, ajoutant que la Coordination rurale allait « trop loin ».
« Protester pour exprimer ses inquiétudes et revendiquer un certain nombre d’avancées dans différents domaines est légitime, mais bloquer durablement le pays, cela n’est pas acceptable », a déclaré Annie Genevard au micro de France 2.
Les agriculteurs manifestent leur colère depuis le début de la semaine contre un accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur, le marché unique sud-américain.
Les adhérents de la Coordination rurale ont rejoint le mouvement mardi et ont dévoilé leur intention de bloquer des centrales d’achat, contrairement à la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et aux Jeunes agriculteurs, qui ont répété qu’ils ne voulaient pas perturber la vie quotidienne des Français.
« Je le dis aux membres de la Coordination rurale, qui hier soir se sont livrés à des actes de dégradation et de blocage à la frontière espagnole. Ce n’est pas raisonnable et ça ne sert pas la cause agricole », a ajouté la ministre de l’Agriculture.
Le syndicat a réitéré ses menaces de blocage mercredi, à l’image de José Pérez, co-président de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne.
« Aujourd’hui, on va aller sur des points stratégiques comme on l’a défini avec tous nos collègues des départements voisins. On va bloquer (…) tout ce qui touche à nos produits, à notre alimentation », a-t-il déclaré au micro de BFMTV, depuis les abords de la préfecture d’Agen, où des agriculteurs manifestent.
Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a dénoncé la stratégie du chaos de la Coordination rurale.
« Quand on est un responsable, menacer sur le plan agricole du chaos, ce n’est ni notre ADN ni la volonté qu’on a d’aller chercher des solutions », a-t-il déclaré sur franceinfo.
Arnaud Rousseau a également annoncé de nouvelles manifestations de son mouvement la semaine prochaine, en « ciblant des contraintes ou des entraves ».
« Ça peut être des représentants de l’Etat, des agents, ça peut être des liens avec les administrations, ce sont (les responsables départementaux) qui décideront. L’objectif c’est de mettre la pression pour dénoncer ce qui n’est pas acceptable, et je le redis, toujours dans le respect des biens et des personnes », a déclaré Arnaud Rousseau sur franceinfo.
OPPOSITION DE LA FRANCE
Les agriculteurs de l’UE redoutent que la détermination de Bruxelles et du Mercosur à conclure d’ici à la fin de l’année des négociations commerciales de longue haleine les expose à la concurrence de produits agricoles importés moins chers et qui ne sont pas soumis aux mêmes normes que les produits nationaux.
Arnaud Rousseau a par ailleurs échangé mercredi matin avec le Premier ministre Michel Barnier, selon une publication de la FNSEA sur X.
A l’occasion de cet entretien, le président du syndicat agricole a rappelé « l’importance de faire barrage à l’accord Mercosur à Bruxelles », « la nécessité absolue de lever les contraintes qui pèsent sur l’activité quotidienne des agriculteurs » ainsi que « l’urgence des mesures d’aides au revenu de tous les agriculteurs ».
La ministre de l’Agriculture Annie Genevard a elle réitéré l’opposition de la France au projet du Mercosur en l’état, bien que Paris seul ne soit pas en mesure de bloquer le traité.
Un débat sur l’accord du Mercosur aura lieu dès le 26 novembre au Parlement, a annoncé mardi la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet.
Une crise similaire avait éclaté l’hiver dernier en raison de l’augmentation par « solidarité » des importations agricoles en provenance d’Ukraine à la suite de l’invasion à grande échelle de la Russie.
La situation des agriculteurs français est d’autant plus difficile que leurs récoltes ont été durement affectées par la pluie cet été, tandis que les éleveurs ont été confrontés à une série d’épidémies.
(Rédigé par Zhifan Liu, avec Bertrand Boucey, édité par Kate Entringer)