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USA-Graciés par Trump, des émeutiers du Capitole sortent de prison

par Bo Erickson et Andrew Goudsward

WASHINGTON (Reuters) – Des partisans de Donald Trump ayant pris part le 6 janvier 2021 à l’assaut contre le Capitole américain sont sortis de prison mardi, au lendemain du retour à la Maison blanche du président républicain qui a signé d’emblée un décret pour gracier ou commuer les peines d’emprisonnement de quelque 1.500 inculpés.

Cette promesse de campagne de Donald Trump s’est concrétisée via l’un des nombreux décrets qu’il a signés lundi dans la foulée de sa cérémonie d’investiture, laissant suggérer qu’il entend user de toutes ses prérogatives malgré le tollé que la mesure a suscité parmi les élus du Congrès et les forces de sécurité, en danger ou blessés lors de l’assaut.

Une enquête d’opinion réalisée par Reuters/Ipsos montre que 58% des sondés pensent que Donald Trump n’aurait pas dû pardonner toutes les personnes condamnés de crimes lors de l’assaut du 6 janvier 2021.

Plusieurs milliers de partisans de Donald Trump ont violemment fait irruption au Capitole, symbole de la démocratie américaine, pour tenter – en vain – d’empêcher la certification de la victoire de Joe Biden face à Trump lors de l’élection présidentielle de novembre 2020.

Cet assaut a découlé du refus du républicain, à l’époque président sortant, de reconnaître sa défaite électorale face au démocrate, dénonçant sans preuve une vaste fraude et menaçant le transfert pacifique du pouvoir pour la première fois de l’histoire moderne des Etats-Unis.

Quatre personnes ont été tuées et près de 140 officiers de police ont été blessés durant des scènes chaotiques autour et à l’intérieur du Capitole, où les élus du Congrès ont été contraints de fuir, craignant pour leur vie.

« Je suis trahi par mon pays », a déclaré Michael Fanone, ancien officier de police de Washington blessé dans l’assaut du 6 janvier 2021. « Six individus qui m’ont agressé alors que je faisais mon travail, comme des centaines d’autres officiers des forces de l’ordre, vont désormais être libres », a-t-il ajouté lundi soir dans un entretien à la chaîne de télévision CNN.

« MAUVAIS SIGNAL »

Le décret signé par Donald Trump concerne aussi bien ceux condamnés pour effraction, des personnes inculpées pour avoir attaqué des officiers de police, et un groupe plus restreint d’individus ayant été jugés coupables d’assaut contre la démocratie et de complot de sédition.

Nombre d’alliés de Donald Trump, dont le vice-président JD Vance et l’Attorney General (ministre de la Justice) désignée, Pam Bondi, avaient laissé entendre que les personnes reconnues coupables de violences ne seraient probablement pas graciées.

Pardonner des émeutiers ayant attaqué des officiers de police envoie un mauvais message, a réagi mardi le sénateur Thom Tillis, pourtant issu lui aussi du Parti républicain.

« J’ai vu aujourd’hui une image de gens qui écrasaient un officier de police. Aucun d’entre eux ne devrait être gracié », a-t-il dit à Reuters dans les couloirs du Congrès. « Vous rendez cet endroit moins sûr si vous envoyez le signal que les officiers de police peuvent potentiellement être attaqués sans qu’il n’y ait de conséquences. Ca me semble assez clair ».

La porte-parole de la Maison blanche a défendu la décision de Donald Trump, reprenant l’argument avancé sans preuve par ce dernier selon lequel la plupart des condamnations découlaient de motivations politiques des démocrates.

« Le président Trump a fait campagne sur cette promesse », a dit Karoline Leavitt à la chaîne de télévision Fox News. « Cela ne doit pas être une surprise qu’il la réalise au jour un » de son mandat.

PEINES COMMUÉES POUR LES CHEFS DE MILICES

Plus de 1.000 prévenus ont plaidé coupable pour éviter la tenue d’un procès, et plus de 660 ont été placés en détention, selon des données du département fédéral de la Justice.

Le décret commue les peines d’emprisonnement de 14 membres de deux milices d’extrême droite, les Proud Boys et les Oath Keepers, dont certains ont été condamnés pour complot de sédition, sans les gracier formellement – ce qui signifie que certaines restrictions, sur le port d’armes notamment, resteront en vigueur.

Stewart Rhodes, ancien chef des Oath Keepers condamné à 18 ans de prison, est sorti aux premières heures de la nuit de mardi de la prison du Maryland dans laquelle il était détenu. Stewart Rhodes n’avait pas pénétré au Capitole le 6 janvier 2021 mais a été reconnu coupable de complot contre la démocratie, pour avoir notamment contribué à stocker des armes en vue d’un assaut.

Enrique Tarrio, ancien chef des Proud Boys, devrait être libéré dans les prochaines heures, selon sa famille. Il n’était pas présent au Capitole mais a été condamné à 22 ans de détention – la plus lourde peine infligée en lien avec l’assaut du 6 janvier 2021 – pour complot de sédition.

Par ailleurs, le décret signé par Donald Trump enjoint au département de la Justice de classer sans suite toutes les procédures en cours en lien avec l’assaut – soit plus de 300 dossiers -, mettant fin à la plus vaste enquête jamais menée par le département.

« NOTRE POLITIQUE A TOUJOURS ÉTÉ VIOLENTE »

Des juges fédéraux de Washington, dont certains nommés par Donald Trump lors de son premier mandat, chargés d’affaires liées à l’assaut du Capitole avaient exprimé depuis lors leur inquiétude à propos des événements.

Selon un procès-verbal, le juge de district Carl Nichols a déclaré lors d’une audience en novembre dernier que pardonner purement et simplement les agissements du 6 janvier 2021 serait « plus que frustrant et décevant ».

Norm Pattis, avocat de Stewart Rhodes et de deux autres figures de l’assaut du Capitole, a rejeté l’idée que les grâces présidentielles engendrent une recrudescence des violences politiques.

« Notre vie politique a toujours été violente », a-t-il justifié, citant entre autres la Guerre de Sécession et les manifestations des années 1960 pour les droits civiques. « La violence est la norme dans ce pays ».

Peu avant de signer le décret, Donald Trump a exprimé lundi devant une foule de partisans sa volonté de libérer les « otages » du 6-Janvier « qui n’ont, pour la plupart, rien fait de mal ».

Une procédure judiciaire engagée par le département américain de la Justice contre Donald Trump pour son rôle présumé dans l’assaut du Capitole a été abandonnée à la suite du scrutin du 5 novembre dernier, la politique du département étant de ne pas poursuivre un président en exercice.

(Andrew Goudsward, Bo Erickson, Andy Sullivan, Nathan Layne, Saran H. Lynch et Kanishka Singh; version française Jean Terzian)

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