Trump n’exclut pas d’user de la force pour contrôler le canal de Panama, le Groenland
par Steve Holland et Joseph Ax
PALM BEACH, Floride (Reuters) – Donald Trump a refusé mardi d’écarter l’hypothèse d’une intervention militaire ou de mesures économiques pour reprendre le contrôle du canal de Panama et obtenir souveraineté sur le Groenland, dans le cadre d’un projet d’expansion des Etats-Unis qu’il prône depuis sa victoire électorale en novembre dernier.
Le président-élu américain a aussi déclaré qu’il envisageait d’utiliser la « force économique » face au Canada, alors qu’il répète son mécontentement à propos de la balance commerciale entre les deux voisins, menaçant Ottawa d’importantes taxes douanières et évoquant la théorie de faire du Canada le 51e Etat américain.
A deux semaines de son retour formel à la Maison blanche, Donald Trump a également émis l’idée de réclamer des alliés de l’Otan une plus grande participation financière, après s’être régulièrement plaint durant son premier mandat présidentiel que les membres de l’Alliance ne contribuaient pas suffisamment au budget commun de défense.
Pendant une conférence de presse décousue d’environ une heure, à Palm Beach en Floride où il réside, il a détaillé les contours d’une politique étrangère s’affranchissant de considérations diplomatiques et faisant fi de préoccupations des alliés des Etats-Unis.
A la question de savoir s’il se garderait de recourir à l’armée ou à la coercition économique contre le Panama et le Groenland, celui qui fut déjà au pouvoir à Washington entre janvier 2017 et janvier 2021 a répondu par la négative.
« Je ne peux pas vous donner de garanties pour ces deux-là (…) On a besoin d’eux pour notre sécurité économique », a-t-il déclaré.
Donald Trump, dont la victoire électorale en novembre dernier face à la vice-présidente démocrate sortante Kamala Harris a été certifiée lundi par le Congrès, a également critiqué les achats américains de produits canadiens et le soutien militaire apporté par Washington à Ottawa.
Il a décrit la frontière entre les deux pays comme une « ligne tracée artificiellement », après avoir à nouveau suggéré la veille, dans la foulée de l’annonce de la démission prochaine du Premier ministre canadien Justin Trudeau, que le Canada devienne le 51e Etat américain.
« Jamais, au grand jamais, le Canada fera partie des États-Unis », a réagi mardi Justin Trudeau. « Les travailleurs et les communautés de nos deux pays bénéficient qu’on soit l’un pour l’autre le plus grand partenaire commercial et en matière de sécurité ».
« IMPÉRIALISME »
Donald Trump a laissé entendre qu’il imposerait des tarifs douaniers au Danemark si celui-ci refusait l’offre formulée par Trump de racheter le Groenland, un territoire qu’il dit considérer comme vital pour la sécurité nationale américaine.
Il a effectué ces commentaires alors que son fils Don Jr. venait d’arriver au Groenland pour une visite privée.
Copenhague a déclaré par le passé, en réponse à des propos de Donald Trump, que le Groenland n’était pas à vendre.
La Première ministre danoise Mette Frederiksen a dit mardi soir que ce n’était « pas une bonne manière d’avancer, que de s’affronter financièrement quand on est des alliés et partenaires étroits ».
Aucun commentaire n’a été obtenu dans l’immédiat auprès des autorités du Panama, dont le président José Raul Mulino a rejeté par le passé l’idée de rétrocéder le canal aux Etats-Unis.
Daniel Fried, ancien diplomate et ambassadeur américain désormais membre du centre de réflexion Conseil de l’Atlantique, a décrit les commentaires effectués par Donald Trump comme relevant de l' »impérialisme du XIXe siècle ».
Annexer le Groenland, a-t-il déclaré, « détruirait l’Otan, parce que cela ne nous rendrait pas différents (du président russe) Vladimir Poutine ».
Pendant sa conférence de presse, la deuxième depuis sa victoire à l’élection présidentielle du 5 novembre, Donald Trump a avancé l’hypothèse que les pays membres de l’Otan versent 5% de leur produit intérieur brut (PIB) pour le budget de l’Alliance – contre un objectif actuel de 2%.
« Je pense que l’Otan doit obtenir 5%. (Les membres) peuvent tous se le permettre », a-t-il dit.
Selon des données de l’Otan, aucun pays membre n’attribue 5% de son PIB à la défense – pas même les Etats-Unis. La Pologne figure en haut du « classement » avec un budget de défense représentant 4,12% de son PIB, devant l’Estonie (3,43%) et les Etats-Unis (3,38%).
Donald Trump a par ailleurs exprimé lors de la conférence de presse son désir de renommer le golfe du Mexique pour en faire le « golfe de l’Amérique ». « Quel nom magnifique », a-t-il ajouté.
(Reportage de Steve Holland, avec la contribution de Daphne Psaledakis, Costas Pitas, Helen Coster, Timothy Reid, Doina Chiacu, Gram Slattery, Louise Rasmussen, Matt Spetalnick, Andrew Gray et Alexandra Ulmer; version française Jean Terzian)
Soutenez le Journal Chrétien, un média porteur d’espérance, ouvert et indépendant.
JE FAIS UN DON MAINTENANTSoutenez le Journal Chrétien, un média porteur d’espérance, ouvert et indépendant
Depuis 2003, le Journal Chrétien incarne une presse chrétienne exigeante et indépendante, qui permet de s’informer, débattre, retrouver du sens et de l’espérance.
Le Journal Chrétien est né avec l'idée que l'information doit être indépendante et fiable, non biaisée par des intérêts d'actionnariat ou publicitaires.
Votre soutien nous est précieux pour nous permettre de continuer à produire ce journalisme chrétien de qualité, à réaliser des enquêtes inédites, des reportages singuliers, pour vous informer et nourrir votre réflexion sur les grands enjeux du moment.
Le Journal Chrétien , ce qui permet à tout donateur de bénéficier d’une déduction fiscale à hauteur de 66%.
NB: Le Journal Chrétien est un média reconnu par l'Etat, ce qui permet à tout donateur de bénéficier d’une déduction fiscale à hauteur de 66%.