Israël: Front uni des Etats-Unis et de leurs alliés au Moyen-Orient sur fond d’inquiétudes autour de l’Iran
Le secrétaire d’Etat des Etats-Unis, Antony Blinken, a affiché un front uni lundi avec les alliés de Washington au Moyen-Orient, espérant apaiser leurs inquiétudes sur l’engagement américain dans la région et lever leurs réticences sur l’accord près de voir le jour au sujet du programme nucléaire iranien.
Le chef de la diplomatie américaine a rejoint lundi le sommet entamé la veille dans le kibboutz de Sde Boker, dans le désert du Néguev, dans le sud d’Israël, qui réunit Israël, l’Egypte, ainsi que trois autres pays arabes avec lesquels l’Etat hébreu a normalisé ses relations en 2020 sous l’impulsion des Etats-Unis: Bahreïn, les Emirats arabes unis et le Maroc.
A la clôture du sommet réunissant les ministres des Affaires étrangères de ces six pays, lundi à la mi-journée, le chef de la diplomatie israélienne, Yaïr Lapid, annoncé que ce « sommet du Néguev va devenir un forum permanent », et qu’il s’élargirait à d’autres participants au fur et à mesure de l’établissement de nouvelles relations commerciales et sécuritaires avec d’autres états arabes sunnites aux vues similaires.
« Nous ouvrons aujourd’hui la porte à tous les peuples de la région, y compris les Palestiniens, en leur proposant de remplacer la voie de la terreur et de la destruction par un futur commun de progrès et de succès », a-t-il dit.
« Cette nouvelle architecture et les capacités partagées que nous construisons permettent d’intimider et de dissuader nos ennemis communs, en premier lieu l’Iran et ses affidés », a-t-il ajouté.
Antony Blinken a quant à lui déclaré que les Etats-Unis et leurs alliés oeuvreraient ensemble pour faire face aux défis de sécurité et aux menaces dans la région, y compris celles posées par l’Iran.
FAIRE FACE ENSEMBLE AUX MENACES
« En tant que voisins et, dans le cas des Etats-Unis, en tant qu’amis, nous travaillerons ensemble pour faire face aux défis communs et aux menaces auxquels nous sommes confrontés, y compris en provenance de l’Iran des milices soutenues par Téhéran dans plusieurs pays de la région ».
Gil Haskek, haut responsable du ministère israélien des Affaires étrangères, a expliqué à l’audiovisuel public israélien Kan que ce sommet permettait aux « puissances modérées (de la région) de se rassembler pour discuter et former un front contre les extrémistes », en référence aux autorités iraniennes.
« Il y a des nuances, des perspectives différentes à propos desquelles nous pouvons discuter voire nous disputer, il y a des accords sur certains points et moins d’accords sur d’autres, mais il n’y a aucun doute dans cette pièce et autour de cette table sur le fait que l’Iran ne doit pas être (une puissance) nucléaire », a-t-il ajouté.
Les discussions de Vienne pour relancer l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien étaient sur le point d’aboutir lorsque la Russie a exigé au début du mois un engagement écrit des Etats-Unis à ne pas contrarier ses échanges avec l’Iran dans le cadre des sanctions dont elle est la cible en raison de son offensive en Ukraine.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a cependant déclaré une nouvelle fois lundi lors d’un déplacement à Doha, au Qatar, qu’un accord était proche pour relancer le Plan d’action global commun (PAGC, ou JCPoA en anglais, nom officiel de l’accord de 2015) qui freine le programme nucléaire de Téhéran en contrepartie d’une levée de sanctions frappant la République islamique.
Tout en saluant la normalisation des relations entre Israël et plusieurs pays arabes, Antony Blinken, qui s’est rendu dimanche à Ramallah, en Cisjordanie, pour s’entretenir avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a réaffirmé l’engagement des Etats-Unis en faveur de la solution à deux Etats dans le conflit israélo-palestinien.
« Nous devons être parfaitement clairs, ces accords de paix régionaux ne sauraient être un substitut à des progrès dans le processus de paix entre Palestiniens et Israéliens », a-t-il dit.
Mais la perspective d’une reprise des discussions de paix reste fort lointaine.
Pour la coalition gouvernementale hétéroclite constituée autour du nationaliste Naftali Bennett en juin dernier, les conditions ne sont pas remplies pour renouer les relations diplomatiques avec les Palestiniens, qui de leur côté, rejettent la responsabilité du blocage sur Israël.
Antony Blinken, dont la tournée au Proche-Orient et au Maghreb, qui se poursuit jusqu’à mercredi, doit se rendre au Maroc et en Algérie dans les prochains jours.
(Rédigé par Maayan Lubell et Humeyra Pamuk, avec Dan Williams à Jérusalem ; version française Myriam Rivet)