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Israël exclut toute trêve au Liban malgré les pressions internationales

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par Timour Azhari et James Mackenzie

BEYROUTH/JÉRUSALEM (Reuters) -Israël a rejeté jeudi, après trois jours d’intenses bombardements sur le Liban, un appel au cessez-le-feu avec le Hezbollah, malgré les pressions des Etats-Unis et de la communauté internationale.

Les avions de combat israéliens ont poursuivi leurs frappes sur des cibles liées au mouvement chiite libanais parrainé par l’Iran, dont l’une dans le sud de Beyrouth a fait deux morts et 15 blessés, selon le ministère de la Santé libanais, portant le bilan total des frappes menées depuis la nuit à 28 morts.

Le raid sur la capitale libanaise a coûté la vie à un haut commandant du groupe armé, Mohammad Surur, chef d’une unité de drones du Hezbollah, ont déclaré à Reuters deux sources proches des services de sécurité libanais.

De l’autre côté de la frontière, dans le nord d’Israël, Tsahal a effectué des manoeuvres simulant une incursion terrestre, une option évoquée la veille par le chef d’état-major de l’armée israélienne, le général Herzi Halevi.

« Il n’y aura pas de cessez-le-feu dans le Nord. Nous continuerons à lutter contre l’organisation terroriste du Hezbollah de toutes nos forces jusqu’à la victoire et au retour en toute sécurité des habitants du Nord dans leurs foyers », a déclaré à la mi-journée le chef de la diplomatie israélienne Israël Katz dans un communiqué publié sur X en réaction à un appel franco-américain à un cessez-le-feu de vingt et jours.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, arrivé à New York où il s’exprimera vendredi à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies, a ordonné à l’armée de poursuivre ses opérations « avec toute la force nécessaire ».

23 RÉFUGIÉS SYRIENS TUÉS

La campagne de bombardements lancée lundi par Israël, la plus intense depuis la guerre de 2006 entre l’Etat hébreu et le mouvement chiite pro-iranien, a fait plus de 600 morts et des centaines de milliers de déplacés. Seule victime française connue à ce jour, une femme âgée de 87 ans est morte lundi dans un village proche de Tyr, a déclaré le Quai d’Orsay.

Les raids nocturnes menés par Israël jeudi ont visé 75 entrepôts d’armes ou lanceurs de roquettes de la milice chiite dans la plaine de la Bekaa et le sud du Liban, a indiqué l’armée israélienne.

La frappe la plus meurtrière a entraîné la mort d’au moins 23 Syriens, femmes et enfants pour la plupart, tués dans la destruction d’un immeuble de trois étages à Younine, selon le maire de la ville, Ali Qusas. Le Liban abrite quelque 1,5 million de réfugiés syriens.

Les avions de chasse israéliens ont également bombardé des installations à la frontière libano-syrienne pour empêcher des transferts d’armes du Hezbollah à partir de la Syrie, a déclaré l’armée israélienne.

D’après Tsahal, environ 45 projectiles ont été tirés du Liban vers le nord d’Israël, dont certains ont été interceptés, les autres tombant dans des zones inhabitées.

Le Hezbollah a dit avoir tiré notamment des roquettes sur la ville israélienne de Kiryat Shmona.

Cette brusque escalade du conflit entre Israël et le Hezbollah, qui s’ajoute à la guerre dans la bande de Gaza, fait craindre un embrasement régional et mobilise la communauté internationale, à la recherche de solutions diplomatiques.

« ÉVITER DE NOUVELLES ESCALADES »

Dans une déclaration commune publiée jeudi par l’Elysée, le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Joe Biden plaident pour « un cessez-le-feu temporaire afin de donner à la diplomatie une chance de réussir et d’éviter de nouvelles escalades de part et d’autre de la frontière ».

Cette déclaration négociée en marge de l’Assemblée générale de l’Onu est désormais approuvée par les États-Unis, l’Australie, le Canada, l’Union européenne, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Royaume-Uni et le Qatar, ont-ils dit.

Réagissant au rejet de la trêve par Israël, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a déclaré qu’il comptait s’entretenir avec des responsables israéliens jeudi à New York.

Le gouvernement de Benjamin Netanyahu a annoncé dans le même temps avoir obtenu une aide de 8,7 milliards de dollars (7,8 milliards d’euros) de la part de Washington, dont une somme de 3,5 milliards déjà reçue pour des achats de matériel de guerre et 5,2 milliards pour financer ses systèmes de défense aérienne.

Le chef du Pentagone, Lloyd Austin, a déclaré que les Etats-Unis continueraient à protéger Israël tout en soulignant que la voie diplomatique était le meilleur moyen pour l’Etat hébreu de rétablir la sécurité dans le nord de son territoire.

Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, dont le gouvernement intérimaire comprend des ministres choisis par le Hezbollah, considéré comme la principale force politique du Liban, a accueilli favorablement l’appel à un cessez-le-feu, tout en estimant que sa mise en oeuvre ne serait possible que si Israël était prêt à respecter les résolutions internationales.

Mais en Israël, l’hypothèse d’une trêve a été rapidement rejetée par la frange dure du gouvernement, qui s’est fixé pour objectif de permettre le retour dans leurs foyers d’environ 70.000 habitants du nord d’Israël chassés par les tirs du Hezbollah, quasi quotidiens depuis le déclenchement de la guerre à Gaza il y a près d’un an.

« On ne doit pas donner à l’ennemi le temps de se remettre des coups sévères qu’il reçoit et se réorganiser pour continuer la guerre après 21 jours », a déclaré le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui dirige l’une des deux formations nationalistes religieuses membres de la coalition au pouvoir.

Depuis que le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a annoncé la semaine dernière que le centre de gravité de la guerre contre ses ennemis régionaux se déplaçait vers le nord, le Hezbollah a été frappé par une double vague d’explosions de bipeurs et talkies-walkies utilisés par ses membres, qui a fait 39 morts et environ 3.000 blessés, et Israël a mené plusieurs frappes ciblées contre des dirigeants du Parti de Dieu, avant de lancer sa campagne massive de bombardements.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, a prévenu mercredi que Téhéran ne resterait pas indifférent si le conflit au Liban devait encore s’aggraver.

(Avec John Irish, Michelle Nichols et Humeyra Pamuk aux Nations unies, Maya Gebeily et Laila Bassam à Beyrouth, Ari Rabinovitch à Jérusalem, Gabriella Borter et Kanishka Singh à Washington; version française Camille Raynaud et Jean-Stéphane Brosse, édité par Sophie Louet)

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