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Des milliers de Palestiniens regagnent le nord de la bande de Gaza

par Nidal al-Mughrabi et Maayan Lubell

LE CAIRE/JERUSALEM (Reuters) – Des dizaines de milliers de Palestiniens déplacés par les combats entre le Hamas et Israël ont commencé lundi à retourner dans le nord de la bande de Gaza, à la faveur d’un accord sur une prochaine libération d’otages.

Une colonne de civils, certains avec leurs enfants dans les bras ou portant leurs effets personnels sur le dos, s’étirait sur plusieurs kilomètres le long du littoral sur une route menant vers le Nord.

« C’est comme si j’étais née à nouveau et que la victoire était nôtre à nouveau », témoigne Umm Mohammed Ali, une mère de famille palestinienne.

Selon plusieurs témoins, les premiers civils sont arrivés à Gaza, dans le centre de l’enclave, lundi à l’aube après qu’un premier point de passage a ouvert. Un autre poste a ouvert trois heures plus tard, permettant le passage des véhicules.

« Mon coeur bat la chamade, je pensais que je ne reviendrais jamais », déclare Osama, 50 ans, fonctionnaire et père de cinq enfants à son arrivée dans la ville de Gaza.

« Que le cessez-le-feu fonctionne ou pas, nous ne quitterons plus jamais la ville de Gaza et le Nord, même si Israël envoie un char pour chacun d’entre nous, nous ne serons plus déplacés », ajoute-t-il.

L’annonce de l’ouverture des points de passage a déclenché une salve de célébrations dans les campements où des familles ont été déplacées à plusieurs reprises durant les 15 mois de guerre.

« Pas le temps de dormir, j’ai fait toutes nos valises et je suis prête à partir dès les premières lueurs du matin », confie Ghada, une mère de cinq enfants.

« Au moins, maintenant, nous rentrons à la maison ; maintenant, je peux dire que la guerre est finie et j’espère que ça restera calme », se réjouit-elle dans un message à Reuters.

25 OTAGES VIVANTS, HUIT MORTS

Des préposés en veste rouge enrôlés par le Hamas encadraient les civils sur la route du littoral : des enfants emmitouflés se tenant par la main, des hommes poussant des personnes âgées en chaise roulante, des familles posant pour des selfies.

Près de 650.000 personnes ont été déplacées du nord de Gaza pendant la guerre. Une grande partie de la zone est à présent en ruines. Selon le bureau des médias du Hamas, les civils qui ont perdu leur maison auront besoin d’au moins 135.000 tentes et abris.

Seules les personnes non armées sont autorisées à regagner le Nord. Tous les véhicules sont contrôlés à la recherche de munitions et d’explosifs.

Selon le Hamas, des gardes de sécurité égyptiens et des policiers du mouvement palestinien vont assurer le retour de véhicules le long de la Route Salah ad-Din, l’artère principale reliant le nord et le sud de l’enclave.

En vertu du cessez-le-feu négocié entre Israël et le Hamas, les habitants du Nord devaient regagner la zone durant le week-end, mais l’Etat hébreu a accusé le mouvement palestinien d’entraver sa mise en oeuvre en ne libérant pas l’otage civile Arbel Yehud. En conséquence, l’armée israélienne a maintenu sa présence dans le corridor de Netzarim qui sépare le Nord du reste de l’enclave.

Dimanche soir, des médiateurs qataris sont parvenus à débloquer la situation. Le Hamas a consenti à libérer Arbel Yehud, une femme soldat Agam Berger et un autre otage jeudi. Trois autres doivent être libérés samedi.

Cet accord scellé, Israël a donné son feu vert lundi matin au retour des habitants du Nord.

Sur les 33 otages devant être remis aux autorités israéliennes dans le cadre de la première phase de l’accord, 25 sont vivants (sept d’entre eux ont été relâchés depuis l’entrée en vigueur de la trêve le 19 janvier) et huit ont été tués par le Hamas, a déclaré un porte-parole du gouvernement israélien.

Un responsable du Hamas a déclaré à Reuters que le mouvement avait remis aux médiateurs une liste identifiant les 33 otages. Les familles étaient confrontées à une douloureuse attente, les identités des défunts et des vivants n’ayant pas encore été confirmées.

(Reportage Nidal al-Mughrabi et Maayan Lubell, version française Pauline Foret, édité par Sophie Louet)

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