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Craintes d’un embrasement régional après l’assassinat du chef du Hamas

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LE CAIRE/JERUSALEM (Reuters) – Le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a été tué mercredi à Téhéran aux premières heures de la journée, faisant redouter un embrasement au Moyen-Orient, région secouée depuis près de dix mois par la guerre dans la bande de Gaza et des échanges de tirs transfrontaliers entre Israël et le Hezbollah libanais, aligné comme le Hamas sur l’Iran.

L’Iran et le Hamas imputent cet assassinat à Israël, qui n’a pas revendiqué l’attaque, un porte-parole du gouvernement israélien se contentant de déclarer lors d’un point de presse que l’Etat hébreu ne « commentait pas cet incident particulier ».

S’exprimant par la suite au cours d’une allocution télévisée, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré en début de soirée qu’Israël avait infligé ces derniers jours de lourds revers aux milices alliées de l’Iran, sans mentionner Ismaïl Haniyeh.

Il a promis que quiconque s’attaquerait à Israël paierait un lourd tribut, prévenant les citoyens israéliens que les tensions étaient fortes depuis la frappe menée mardi près de Beyrouth.

L’armée israélienne a dit avoir abattu dans la capitale libanaise un haut commandant du Hezbollah, Fouad Choukr, jugé responsable du tir contre le Plateau du Golan, occupé par Israël, qui a tué samedi douze adolescents et enfants.

Ismaïl Haniyeh, chef en exil du bureau politique du Hamas basé au Qatar, se trouvait à Téhéran pour assister à la cérémonie d’investiture du nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian.

L’IRAN PROMET UNE RÉPONSE « SÉVÈRE »

Annonçant la mort d’Ismaïl Haniyeh aux premières heures de la journée, les Gardiens de la révolution iranienne ont promis une « réponse sévère et douloureuse ».

Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a déclaré qu’Israël s’était exposé à un « châtiment sévère », selon des propos rapportés par la télévision publique.

Il est du « devoir » de l’Iran de venger la mort d’Ismaïl Haniyeh, a ajouté celui qui dispose notamment à Téhéran du dernier mot en matière de politique étrangère.

L’Iran, où a été décrété un deuil national de trois jours, « défendra son intégrité territoriale, sa dignité, son honneur et sa fierté, et fera regretter aux occupants terroristes leur acte lâche », a déclaré Massoud Pezeshkian, cité par la presse locale.

Dans un communiqué, les brigades Al Qassam – la branche armée du Hamas – ont prévenu que l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh ferait entrer le conflit « dans une nouvelle dimension » et aurait des répercussions importantes.

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré lors d’une visite à une batterie de défense antimissile qu’Israël ne recherchait pas une escalade du conflit mais était préparé à tous les scénarios, selon des propos rapportés par les médias israéliens et confirmés par un porte-parole.

Ses commentaires portaient sur les tensions avec le Hezbollah, après que Tsahal a annoncé la veille au soir avoir tué Fouad Choukr.

WASHINGTON PAS INFORMÉ AU PRÉALABLE, DIT BLINKEN

Le Hezbollah a confirmé mercredi que son haut commandant était décédé dans la frappe aérienne israélienne contre un immeuble situé en périphérie sud de Beyrouth, une zone considérée comme un bastion du mouvement chiite armé.

En déplacement à Singapour, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a affirmé que les Etats-Unis n’étaient pas impliqués dans l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh et a rappelé l’importance d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

« C’est une chose dont nous n’avions pas connaissance et dans laquelle nous n’étions pas impliqués », a-t-il dit lors d’un entretien accordé à Channel News Asia.

Interrogé sur l’impact que pourrait avoir la mort du chef du Hamas dans le conflit dans la bande de Gaza, le chef de la diplomatie américaine a dit ne pas vouloir spéculer. « J’ai appris au fil des ans à ne jamais spéculer sur l’impact d’un événement sur un autre », a-t-il répondu.

Le Qatar, qui mène les négociations pour parvenir à une trêve dans la bande de Gaza, a condamné l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh, estimant qu’il s’agissait d’une escalade dangereuse du conflit.

L’Egypte, l’Irak, la Chine, la Turquie et la Russie ont également dit condamner cet assassinat. Le ministère russe des Affaires étrangères a appelé à la retenue entre toutes les parties pour éviter une aggravation des tensions dans la région.

Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne qui exerce un contrôle partiel sur la Cisjordanie occupée, a aussi condamné l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh, selon l’agence de presse palestinienne WAFA.

Plusieurs factions palestiniennes ont appelé à la grève et à des manifestations massives.

LE VISAGE DIPLOMATIQUE DU HAMAS

Ismaïl Haniyeh était depuis 2017 le visage de la diplomatie du Hamas en marge du conflit dans la bande de Gaza, où trois de ses fils ont été tués dans une frappe aérienne israélienne.

En tant que chef du bureau politique du mouvement islamiste palestinien, il était basé au Qatar et pouvait se déplacer librement, principalement entre la Turquie et la capitale qatarie Doha, échappant ainsi au blocus israélien imposé de longue date à la bande de Gaza.

Sa mort devrait remettre en question les chances de succès des négociations visant à parvenir à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

« L’assassinat de notre frère (Ismaïl) Haniyeh par l’occupant israélien est une grave escalade qui vise à briser la volonté du Hamas », a déclaré à Reuters Sami Abou Zouhri, haut représentant du Hamas.

Il a ajouté que le Hamas continuerait de suivre le chemin qu’il s’était tracé, déclarant: « Nous sommes confiants dans la victoire. »

Le Hamas a indiqué que des funérailles seraient organisées jeudi à Téhéran avant que la dépouille d’Ismaïl Haniyeh ne soit transférée vers Doha pour son enterrement.

La mort d’Ismaïl Haniyeh, qui intervient après celle de son adjoint Saleh Al-Arouri tué en début d’année dans une frappe de drone à Beyrouth, laisse Yahya Sinwar – le chef du Hamas dans la bande de Gaza et l’architecte de l’attaque du 7 octobre contre Israël – et Zaher Jabarine – le chef du groupe en Cisjordanie – seuls aux commandes mais dans la clandestinité.

À plus long terme, Khaled Mechal, l’ancien chef du Hamas, apparaît comme un remplaçant potentiel en tant que visage de la diplomatie du Hamas mais la façon dont la succession sera gérée reste floue.

VOIR AUSSI:

PORTRAIT-Ismaïl Haniyeh, visage de la diplomatie intransigeante du Hamas

(Nidal al-Mughrabi au Caire, Maayan Lubell à Jérusalem, Parisa Hafezi à Dubaï, avec la contribution d’Enas Alashray et Ahmed Tolba au Caire; version française Camille Raynaud et Blandine Hénault, édité par Tangi Salaün, Kate Entringer et Jean Terzian)

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