Tensions à Bruxelles, la contestation des agriculteurs européens se durcit
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.par Erol Dodrudogan et Kate Abnett
BRUXELLES (Reuters) – La tension montait jeudi à Bruxelles où des agriculteurs manifestent en marge du Conseil européen pour faire entendre leur colère et demander davantage de soutien de la part des dirigeants de l’UE.
Des manifestants ont jeté des oeufs sur le Parlement européen, allumé des incendies près du bâtiment et déclenché des feux d’artifice tandis que les policiers tentaient de les repousser à l’aide de canons à eau.
Des journalistes de Reuters ont vu des manifestants tenter d’abattre les barrières érigées devant le Parlement européen.
Un millier de tracteurs, selon les estimations des forces de l’ordre, étaient garés sur une place à quelques rues du bâtiment.
« Pas d’agriculteurs, pas de nourriture », pouvait-on lire sur une banderole.
« Nous devons espérer que ces personnes comprennent que l’agriculture est nécessaire. C’est la nourriture, vous savez », a déclaré Kevin Bertens, un agriculteur de la banlieue de Bruxelles.
Les agriculteurs européens se plaignent des contraintes administratives, d’un excès de normes restreignant par exemple leur accès à l’eau, mais aussi de la concurrence jugée déloyale d’autres pays, notamment d’Ukraine, pour laquelle l’Union européenne a levé les quotas et les droits de douane afin de la soutenir face à l’invasion lancée par la Russie en février 2022.
Ils ont déjà obtenu plusieurs mesures, notamment de la Commission européenne qui a annoncé une limitation des importations agricoles en provenance d’Ukraine et un assouplissement de réglementations environnementales sur les terres en jachère.
Mais les agriculteurs estiment que ces annonces ne sont pas suffisantes et la contestation gagne plusieurs pays européens : la France, la Belgique, l’Italie, l’Espagne et le Portugal.
Ces manifestations interviennent avant les élections du Parlement européen qui se tiendront en juin et alors que les agriculteurs se disent de plus en plus tentés par l’extrême droite.
Bien que la crise agricole ne figure pas officiellement à l’ordre du jour du sommet européen, elle ne manquera pas d’être abordée, du moins en marge de celui-ci.
À son arrivée au sommet, le Premier ministre belge Alexander De Croo a estimé qu’il fallait discuter des revendications des agriculteurs.
« Ils offrent des produits de haute qualité, nous devons également nous assurer qu’ils peuvent obtenir le juste prix », a-t-il dit.
Le président français, Emmanuel Macron, devait en outre s’entretenir de ces questions en marge du sommet avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
(Reportages Geert De Clercq, Nicolas Delame et Kate Entringer à Paris, Johnny Cotton, Yves Herman, Kate Abnett, Phil Blenkinsop, Erol Dogrudogan, Petra Wischgoll à Bruxelles, Piotr Lipinski à Gdansk ; Rédigé par Ingrid Melander ; Version française Kate Entringer)
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