L’ex-président philippin Duterte a été remis à la CPI
ROTTERDAM (Reuters) – L’ancien président philippin Rodrigo Duterte a été transféré aux Pays-Bas et remis mercredi à la Cour pénale internationale (CPI), qui l’accuse de crime contre l’humanité, a annoncé l’institution.
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« Il a été arrêté par les autorités de la République des Philippines en exécution d’un mandat d’arrêt émis par la Chambre préliminaire I pour meurtre en tant que crime contre l’humanité », a déclaré la CPI dans un communiqué.
« Une audience de première comparution sera programmée en temps voulu », a ajouté la CPI, qui a remercié les Philippines pour « leur engagement en faveur du respect des mécanismes internationaux visant à l’établissement des responsabilité ».
Pour les familles des victimes de la répression sanglante anti-drogue menée durant la présidence de Rodrigo Duterte, cette arrestation a ravivé l’espoir d’une justice.
Rodrigo Duterte a été arrêté mardi à son arrivée à l’aéroport international de Manille en provenance de Hong Kong, à la demande de la CPI, qui a confirmé avoir émis un mandat d’arrêt à son encontre dans le cadre d’une enquête sur sa « guerre contre la drogue ».
Il pourrait devenir le premier ex-chef d’Etat d’un pays d’Asie jugé par la CPI.
D’après une copie du mandat d’arrêt de la CPI que Reuters a pu consulter, Rodrigo Duterte porte une responsabilité pénale dans la mort d’au moins 43 personnes entre 2011 et 2019, ce qui couvre donc une période durant laquelle il était maire de Davao, dans le sud de l’archipel.
Sa promesse d’une « guerre contre la drogue » a contribué à le porter au pouvoir en 2016, après une campagne marquée par de violents discours lors desquels il disait sa volonté de tuer des milliers de narcotrafiquants.
Selon des données de la police, 6.200 suspects ont été tués dans ce qui a été présenté comme des fusillades lors d’opérations de lutte anti-drogue. Mais des groupes de défense des droits civiques ont déclaré que le bilan réel était nettement plus lourd et concernait également des consommateurs tués dans des « circonstances mystérieuses ».
La police a nié toute implication dans des assassinats et a rejeté les accusations d’exécutions systémiques clandestines.
Mercredi, une vingtaine de manifestants anti-Duterte se sont rassemblés devant le tribunal à La Haye avec des banderoles, dont une exigeant « justice et responsabilité, Rodrigo Duterte est un criminel de guerre! »
Cette arrestation marque un spectaculaire renversement de fortune pour l’influente famille Duterte, qui avait formé une alliance redoutable avec Ferdinand Marcos Jr pour l’aider à remporter l’élection présidentielle de 2022.
(Charlotte Van Campenhout et Stephanie Van Den Berg, avec Karen Lema; version française Noémie Naudin et Kate Entringer, édité par Jean Terzian)
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