Des médecins racontent l’horreur de l’explosion à l’hôpital de Gaza
BESOIN DE 5000 PARTENAIRES POUR LA CHAÎNE CHRETIENS TVpar Nidal al-Mughrabi
GAZA (Reuters) – Fadel Naim, chef du service de chirurgie orthopédique à l’hôpital Al-Ahli al-Arabi de Gaza, venait de terminer une intervention lorsqu’une énorme explosion a retenti et que son service a été submergé d’appels à l’aide.
« Les gens sont entrés en courant dans le service de chirurgie, criant: ‘aidez-nous, aidez-nous, il y a des morts et des blessés à l’intérieur de l’hôpital' », raconte-t-il. L’hôpital était rempli de corps démembrés et de blessés.
« Nous avons essayé de sauver tous ceux qui pouvaient l’être, mais leur nombre était trop important. »
L’explosion de mardi a causé la mort de 471 Palestiniens, selon le ministère de la Santé de la bande de Gaza.
Israël et les groupes armés palestiniens de la bande de Gaza s’en renvoient la responsabilité. Mercredi, l’armée israélienne a publié une preuve, selon elle, qu’une roquette palestinienne avait provoqué l’explosion de l’hôpital.
Le Hamas assure qu’il s’agissait d’une frappe aérienne israélienne. « Le massacre perpétré par l’occupant israélien à l’hôpital baptiste est le massacre du XXIe siècle et s’inscrit dans la continuité des crimes commis depuis la Nakba en 1948 », a déclaré Salama Marouf, directeur du bureau des médias du gouvernement du Hamas.
La « Nakba », ou « catastrophe », fait référence à la fuite ou au déplacement forcé de nombreux Palestiniens pendant la guerre de 1948 qui a accompagné la création d’Israël.
LE PLAFOND DE LA SALLE D’OPÉRATION S’EST EFFONDRÉ
Le docteur Ibrahim Al-Naqa était fier de cet hôpital baptiste et centenaire, qui accueillait toutes les confessions et offrait aux patients une église et une mosquée.
Mardi, des personnes cherchant à s’abriter des combats les plus violents depuis des décennies entre l’armée israélienne et le Hamas sont entrées dans l’hôpital et y ont trouvé la mort.
Le sang a taché les murs et le sol de ce lieu habituellement paisible, où l’on aidait les patients à se rétablir.
« Cet endroit était un refuge pour les femmes et les enfants qui avaient échappé aux bombardements israéliens », insiste Naqa.
« Cet hôpital a été pris pour cible sans avertissement. Nous ne savons pas quel obus nous a frappé, mais nous en avons vu les effets quand il a atterri sur des enfants et déchiqueté leurs corps. »
Le bilan de l’explosion est de loin le plus lourd d’une frappe depuis la campagne de bombardements lancée par Israël après l’attaque menée le 7 octobre par le Hamas contre des villes, villages et kibboutz du sud de l’Etat hébreu, qui a fait plus de 1.300 morts dont de nombreux civils. Les frappes israéliennes ont fait 3.478 morts au total selon le ministère palestinien de la Santé. Des manifestations ont éclaté en Cisjordanie occupée et dans l’ensemble de la région, y compris en Jordanie et en Turquie.
Le médecin britannico-palestinien Ghassan Abusittah raconte que l’hôpital avait tremblé toute la journée sous les bombardements. Il dit avoir entendu la chute d’un missile juste avant une énorme explosion. Le plafond de la salle d’opération s’est effondré sur lui et d’autres médecins, et dans la cour, Abusittah a vu des corps et des membres partout. Le médecin a soigné un homme dont les jambes avaient été arrachées.
Ghassan Abusittah ajoute que le système médical de Gaza est en lambeaux et que les médecins se démènent pour obtenir les ressources les plus élémentaires. « Nous sommes épuisés. Le nombre de patients ne cesse d’augmenter », dit-il.
(Reportage Nidal al-Mughrabi, avec Abir Al Ahmar, rédigé par Michael Georgy, version française Corentin Chappron, édité par Jean-Stéphane Brosse)