La BoC réduit ses taux, redoute la guerre tarifaire de Trump
OTTAWA (Reuters) – La Banque du Canada (BoC) a abaissé mercredi son principal taux directeur de 25 points de base, à 3%, tout en réduisant ses prévisions de croissance et en prévenant qu’une guerre tarifaire déclenchée par les États-Unis pourrait causer d’importants dommages économiques.
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Le président américain Donald Trump promet d’imposer samedi des droits de douane de 25% sur toutes les importations en provenance du Canada dont 75% des exportations totales sont destinées aux Etats-Unis.
« Un conflit commercial durable et généralisé nuirait gravement à l’activité économique au Canada », a déclaré le gouverneur Tiff Macklem en ouverture d’une conférence de presse.
Si le Canada et d’autres pays imposaient des droits de douane de 25% aux États-Unis en guise de représailles, cela pourrait réduire la croissance économique du Canada de 2,5 points de pourcentage la première année et de 1,5 point de pourcentage supplémentaire la deuxième année, a indiqué la BoC, précisant qu’il ne s’agissait pas d’une prévision mais d’un scénario hypothétique.
La baisse de taux décidée mercredi est la sixième consécutive alors que l’inflation se maintient autour de la médiane de la fourchette cible de 1% à 3% mais que la croissance économique reste faible.
« Avec une inflation autour de 2% et une offre excédentaire, le conseil des gouverneurs a décidé de réduire le taux directeur de 25 points de base supplémentaires pour le ramener à 3% », a déclaré la banque centrale dans un communiqué.
Le défi de la BoC est que les droits de douane américains pourraient à la fois faire grimper l’inflation et réduire la croissance, deux effets nécessitant des actions contraires sur les taux.
« Avec un seul outil – notre taux d’intérêt directeur – nous ne pouvons pas nous appuyer sur une production plus faible et une inflation plus élevée en même temps », a prévenu Tiff Macklem.
La BoC a également annoncé que son programme de resserrement quantitatif, conçu pour drainer les liquidités excédentaires qu’elle a injectées dans l’économie pendant la pandémie, prendrait fin en mars.
La BoC, qui a été l’une des banques centrales les plus agressives en matière de réduction des taux, a ramené les perspectives de croissance économique du pays à 1,8% en 2025, contre 2,1% prévu en octobre. L’économie devrait croître de 1,8% en 2026, contre 2,3% prévu précédemment.
Elle a en outre revu ses prévisions d’inflation à la hausse, de 2,2% à 2,3% en 2025 et de 2,0% à 2,1% en 2026. Mais ces projections ne tiennent pas compte d’éventuels droits de douane américains.
(Rédigé par Promit Mukherjee et David Ljunggren, version française Bertrand De Meyer, édité par Blandine Hénault)