BNP Paribas veut figurer parmi les grands de la City malgré la concurrence
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.par Mathieu Rosemain
LONDRES (Reuters) – Lorsque le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky a jeté en début d’année son dévolu sur l’opérateur postal Royal Mail, l’une des entreprises les plus emblématiques du Royaume-Uni, il a choisi deux géants de Wall Street pour le conseiller ainsi que BNP Paribas, qui cherche à s’implanter sur le marché férocement concurrentiel de la City.
L’acquisition d’International Distributions Services, la maison mère de Royal Mail, pour 3,57 milliards de livres (4,02 milliards d’euros) doit encore recevoir le feu vert du gouvernement britannique mais le mandat accordé à BNP Paribas montre l’ambition de la banque française sur un marché dominé par les plus prestigieuses banques d’investissement locales et américaines.
Pour y parvenir, la première banque de la zone euro en termes d’actifs a renforcé ses équipes de fusions et acquisitions et élargi sa clientèle dans le domaine du « corporate broking », un segment d’activité typiquement britannique qui consiste à conseiller les entreprises sur leur stratégie en Bourse et leurs relations avec les actionnaires.
Accroître la popularité de la marque comme la croissance de l’activité sur l’une des principales places financières du monde est un élément clé de la stratégie du directeur général de BNP Paribas, Jean-Laurent Bonnafé, pour la banque d’investissement du groupe qu’il a largement développée à l’échelle mondiale au cours de ses 13 années de mandat.
Les revenus de cette activité ont été le principal moteur de la croissance de 21% du bénéfice net part du groupe au deuxième trimestre, annoncée mercredi par BNP Paribas.
« Plutôt qu’une part de marché spécifique, pour moi la progression est de devenir l’un des suspects habituels », a déclaré à Reuters Matthew Ponsonby, responsable de la banque globale de BNP au Royaume-Uni et ancien de Barclays, lors d’un entretien à Londres.
En jeu pour le dirigeant, une part du marché britannique en plein boom des fusions-acquisitions. À la fin du mois d’avril, 38 entreprises faisaient l’objet d’une offre au Royaume-Uni, soit le nombre le plus élevé depuis juin 2022, selon le courtier Peel Hunt.
Les données du cabinet Dealogic montrent pour leur part que les revenus des honoraires de conseil en fusions-acquisitions ont progressé de 38% depuis début 2024 par rapport à la même période en 2020, même si le total de 995 millions de livres sterling reste légèrement inférieur aux 1,06 milliard de livres sterling générés à la même période en 2023.
COMBLER LE VIDE
Avec une part de marché de 2,2% en 2023, l’activité britannique de banque d’investissement de BNP Paribas se classe au 15e rang en termes de revenus, loin derrière le trio de tête composé de Barclays, Goldman Sachs et JP Morgan, selon les données de Dealogic. La rivale allemande Deutsche Bank se classe au 8e rang.
En 2020, lors de la pandémie de COVID-19, BNP Paribas était parvenue à atteindre une part de marché de 3,5%, la banque française ayant comblé le vide laissé par certains de ses plus grands concurrents.
Emmanuelle Bury, directrice de BNP Paribas au Royaume-Uni, admet que la concurrence est rude mais estime que la banque française a « la possibilité d’accroître sa part de marché », a-t-elle dit lors d’une interview accordée à Reuters.
L’un des moyens d’y parvenir est que la banque développe son activité de « corporate broking » auprès d’un grand nombre de sociétés de premier ordre cotées au Royaume-Uni.
Pour l’heure, BNP Paribas est encore loin de ses concurrents sur ce segment. La banque française est toutefois passé d’un seul client en 2020 à sept en 2023, dont la compagnie aérienne easyJet, le groupe de gestion de fonds d’actifs alternatifs Bridgepoint ou encore l’embouteilleur et distributeur de produits Coca-Cola, Coca-Cola Europacific Partners.
Au total, les clients de BNP Paribas en « corporate broking » représentent un montant de 50 milliards de livres de capitalisation boursière, ce qui place la banque française au 14e rang au Royaume-Uni, selon Adviser Rankings Ltd.
A titre de comparaison, les clients de Morgan Stanley, le leader du marché, représentaient une valeur de 881 milliards de livres en mai 2024, devant JP Morgan (844 milliards) et UBS (695 milliards), selon le fournisseur d’études de marché.
PAS D’OPÉRATIONS DE TYPE NUMIS
Contrairement à certains de ses grands rivaux, BNP Paribas, qui emploie 8.000 personnes au Royaume-Uni, n’a pas cherché à acheter sa place dans le « corporate broking » pour accélérer sa croissance et renforcer sa présence, à l’image des rapprochements entre JPMorgan et Cazenove en 2009 et Deutsche Bank avec Numis en 2023.
BNP Paribas a privilégié la croissance dite organique, en investissant dans ses activités à part entière plutôt qu’en s’attaquant à de grandes cibles.
Dans le conseil en fusions-acquisitions, BNP Paribas se renforce aussi en interne. Son équipe au Royaume-Uni compte désormais 13 membres, avec l’arrivée récente d’un directeur général en provenance de Perella Weinberg Partners.
En 2021, la banque française a recruté Kirshlen Moodley, de JPMorgan, pour diriger son équipe de fusions et acquisitions au Royaume-Uni, et Tom Snowball, ancien directeur exécutif d’UBS, pour mener son équipe britannique de marchés de capitaux.
Ces efforts semblent porter leurs fruits: alors qu’en 2022, BNP était 130e en volume dans le classement de Dealogic pour les fusions et acquisitions, elle a grimpé à la 36e place en 2023, et est numéro 8 depuis le début de l’année.
(Reportage Mathieu Rosemain, avec la contribution de Tommy Reggiori Wilkes à Londres, version française Diana Mandiá, édité par Blandine Hénault)
Chère lectrice, Cher lecteur,
Pardon de vous interrompre, mais nous sommes dans le dernier trimestre de l’année 2024 et il sera bientôt trop tard pour nous aider dans cette collecte. Nous vous demandons de repenser au nombre de fois où vous avez consulté Chretiens.com et si vous pouvez donner 1 € au Journal Chrétien. Si chaque personne lisant les publications de ce site donnait 1 €, nous atteindrions notre but en quelques semaines.
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Le Journal Chrétien est au cœur de l'information en ligne.
Seuls 3% des lecteurs font des dons, alors si vous avez donné par le passé et si vous appréciez toujours nos publications, renouvelez votre soutien. Si vous n'avez pas encore décidé, rappelez-vous qu'il n'y a pas de petite contribution, tous les dons aident, qu'ils soient de 1 € ou 100 €.
Vos dons sont déductibles d'impôts
Si vous êtes un particulier résidant en France, vos dons sont déductibles à 66% de votre impôt sur le revenu, dans la limite de 20 % de votre revenu imposable.Si vous êtes une entreprise française assujettie à l’IR ou l’IS, 60% de votre don au Journal Chrétien est déductible de l’impôt sur les sociétés, dans la limite de 5‰ du chiffre d’affaires. La réduction d’impôts sur le montant excédant ce plafond est reportable sur les 5 années suivant celle du don.
Chaque donateur reçoit immédiatement un reçu fiscal émis par J’aime l’info, une association reconnue d’intérêt général, qui a pour objet le soutien au pluralisme de l’information et la défense d’une presse numérique indépendante et de qualité.