Les chrétiens soudanais luttent pour survivre
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Dans ce pays ravagé par la guerre, les chrétiens déplacés font partie des groupes les plus vulnérables. La situation est particulièrement désastreuse dans la région disputée d’Abiyé et dans l’État fédéré du Nil Bleu, des zones principalement peuplées de chrétiens. Trezea Adoul Lueth et Jumai Abkhar nous parlent de leur avenir incertain.
Franco Majok, responsable CSI pour le Soudan, s’est récemment rendu dans un camp de déplacés situé dans la région d’Abiyé, une ville qui se trouve à environ 170 kilomètres au nord-est de la ville sud-soudanaise d’Aweil, où vivent de nombreux esclaves libérés par CSI. Le Soudan du Sud et le Soudan revendiquent tous deux cette région frontalière.
La vue des nombreuses personnes qui souffrent dans le camp a bouleversé Franco Majok : « On voit qu’ils ont vécu des expériences traumatisantes : ils connaissent la guerre et la faim. » Avec l’interlocuteur local de CSI, l’évêque Michael Deng, Franco a visité les plus démunis du camp afin de les soulager un peu et de leur offrir de l’aide alimentaire.
Ils fuient devant les combats
La chrétienne Trezea Adoul Lueth est originaire d’Abiyé et a vécu trois ans à Khartoum, la capitale du Soudan. « Par peur, j’ai décidé de retourner dans ma patrie après le début de la guerre. Aujourd’hui, je suis heureuse d’avoir pris cette décision. »
CSI apporte un soutien financier à Trezea pour qu’elle puisse acheter de la nourriture et envoyer ses enfants à l’école. En partenariat avec Mgr Deng, nous avons également permis à Trezea d’acheter un petit terrain pour pratiquer l’agriculture. « C’était mon souhait le plus cher. Je suis infiniment reconnaissante envers CSI. »
Un État fédéré négligé
Après l’indépendance du Soudan du Sud en 2011, l’État fédéré du Nil Bleu, qui appartient au Soudan, mais dont les habitants sont majoritairement chrétiens, s’est battu en vain pour rejoindre le pays nouvellement créé. Depuis lors, des conflits violents éclatent fréquemment avec leur gouvernement musulman, car ils sont gravement négligés par Khartoum : les infrastructures sont en ruine, les établissements publics comme les hôpitaux ou les écoles manquent cruellement et ceux qui existent sont dans un état déplorable.
La situation dans le camp de déplacés de Yabus, la plus grande ville de cet État, est également préoccupante. « Des déplacés de guerre arrivent chaque jour, alors qu’ici non plus, la sécurité ne peut pas être garantie », explique Franco Majok. Il s’est rendu dans ce camp pour apporter de l’aide aux plus démunis.
Il a rencontré Jumai Abkhar (25 ans) et son fils Ismaïl (3 ans) ainsi que Gamria Musa (22 ans) et sa fille Kaltuma (1 an) qui ont quitté leur village de Russris, dans l’État fédéré du Nil Bleu, pour fuir la guerre au Soudan et se réfugier à Yabus. Mais personne ne les attendait dans le camp de déplacés. « Nous avons à peine de quoi manger et nous dormons sous un arbre », confient Jumai et Gamria, désespérées.
CSI soutient ces familles chrétiennes en leur fournissant de la nourriture et des bâches pour construire un abri.
Reto Baliarda

