Des peines de 4 ans à la perpétuité prononcées au procès des attentats de janvier 2015
par Tangi Salaün
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PARIS (Reuters) – Des peines allant de quatre ans de prison à la perpétuité ont été prononcées mercredi à l’encontre de quatorze complices des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly, auteurs des attentats de janvier 2015 qui ont fait 17 morts à la rédaction du magazine satirique Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, à Paris.
A l’issue de trois mois et demi d’un procès présenté comme historique, dont un mois d’interruption en raison de l’épidémie de COVID-19, les magistrats ont écarté la qualification terroriste pour six des accusés.
En l’absence des auteurs des attentats, tous trois abattus par la police, la peine la plus lourde a été infligée à Mohamed Belhoucine, mentor religieux d’Amedy Coulibaly, qui avait notamment rédigé son serment d’allégeance au groupe Etat islamique.
Il a écopé de la réclusion criminelle à perpétuité, même s’il est présumé mort en Syrie, où il était parti quelques jours avant les attentats.
Hayat Boumeddiene, la veuve du tueur de l’Hyper Cacher, a été condamnée à 30 ans de prison après avoir été reconnue coupable d’association de malfaiteurs terroriste et de financement du terrorisme.
Mariée religieusement à Amedy Coulibaly, elle a organisé des escroqueries qui ont permis de financer les attentats. Elle est partie début janvier 2015 en Syrie, où elle est devenue, selon les avocats généraux, une « princesse de l’Etat islamique ». Elle serait toujours vivante et en fuite, sous le coup d’un mandat d’arrêt international.
Une peine de 30 ans de réclusion criminelle assortie d’une peine de sûreté des deux-tiers a également été prononcée à l’encontre d’Ali Riza Polat, présenté par les avocats généraux comme le bras droit d’Amedy Coulibaly, et qui n’a pas servi sa cause en adoptant une attitude outrancière tout au long du procès.
Le trafiquant de drogue franco-turc de 35 ans a été reconnu coupable de complicité des crimes commis par le tueur de l’Hyper Cacher et les frères Chérif et Saïd Kouachi à Charlie Hebdo.
La Cour a notamment retenu « son amitié de longue date avec Amedy Coulibaly et l’intensification de (leurs) relations dans les semaines précédant les attentats », a déclaré le président, Régis de Jorna, en lisant le délibéré.
VERS UN PROCÈS EN APPEL
L’avocate d’Ali Riza Polat, Isabelle Coutant-Peyre, a indiqué qu’elle ferait appel, ce qui entraînera la tenue d’un nouveau procès.
« C’était un scénario, un tournage de film pour faire du spectacle », a-t-elle déclaré. « Nous avons tous supporté une épreuve épouvantable et en premier lieu les gens qui étaient dans le box, traités comme des bêtes de foire, donc je suis triste pour la justice française. »
Reconnu coupable d’avoir aidé Amedy Coulibaly à se procurer des armes, Amar Ramdani a quant à lui été condamné à 20 ans de prison. Une peine de 18 ans a été infligée Nezar Mickaël Pastor Alwatik, seul accusé à avoir affiché une réelle proximité avec la mouvance islamiste radicale, pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste.
« C’était le procès d’une nébuleuse, une nébuleuse de personnes plus ou moins proches des terroristes, ayant fourni plus ou moins d’aide aux terroristes et, ce que dit cette décision, c’est que sans cette nébuleuse, il n’y a pas d’attentats », a commenté Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo, à l’issue de l’audience.
La Cour a été plus clémente pour les autres accusés, semblant entendre les appels de leurs avocats et de certaines parties civiles à ne pas leur faire porter le poids des absences d’Amedy Coulibaly et des frères Kouachi, malgré les images terrifiantes des attaques et les témoignages bouleversants des victimes, au début du procès.
En écartant la qualification terroriste pour ces individus impliqués à des degrés divers dans des achats d’armes ou de voitures, les magistrats ont divisé par deux les peines requises par le parquet, comme celle du « doyen » des accusés, Michel Catino, âgé de 68 ans.
Les peines prononcées ayant été en grande partie couvertes par la détention préventive, ces accusés devraient pouvoir retrouver rapidement la liberté.
« La justice est passée sans vengeance », s’est félicitée une avocate des parties civiles.
La France a été le théâtre de trois nouveaux attentats d’inspiration djihadiste depuis l’ouverture du procès début septembre, marquée par la republication par Charlie Hebdo des caricatures du prophète Mahomet qui ont valu au magazine la haine des islamistes radicaux.
(Tangi Salaün, avec Jean-Philippe Lefief, édité par Jean-Michel Bélot)