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Coronavirus: Inquiétude dans l’UE après la réduction de la production de vaccins chez Pfizer

par Francesco Guarascio et Andrius Sytas

BRUXELLES/VILNIUS (Reuters) – Pfizer a annoncé vendredi un ralentissement temporaire de la production et des livraisons de ses vaccins contre le COVID-19 afin de modifier le processus de façon à l’accélérer ensuite, ce qui a suscité l’inquiétude de nombreux Etats membres de l’Union européenne.

La distribution du vaccin mis au point par le laboratoire américain et son partenaire allemand BioNTech a débuté fin décembre dans l’UE.

« Cette situation est inacceptable. Non seulement elle a un impact sur les calendriers de vaccination prévus, mais elle affecte également la crédibilité du processus de vaccination », écrivent les ministres de la Santé et des affaires sociales de Suède, du Danemark, de Finlande, de Lituanie, de Lettonie et d’Estonie, dans une lettre adressée à la Commission européenne.

L’Allemagne, premier acheteur européen du vaccin, a également jugé cette décision surprenante et regrettable.

Selon un membre non identifié de l’exécutif français cité par l’AFP, le gouvernement devra « ajuster le rythme des vaccinations » en raison de la « forte baisse » attendue des livraisons du vaccin Pfizer-BioNTech dans les semaines à venir. Cela ne remet toutefois pas en cause « le déploiement global de la campagne vaccinale », a-t-on ajouté.

A Rome, les autorités ont fait savoir dans la soirée que Pfizer leur avait annoncé une réduction de 29% de ses livraisons à partir de lundi.

Le Canada, dont les approvisionnements proviennent d’une usine Pfizer en Belgique, est lui aussi touché par ce ralentissement temporaire des livraisons, a dit la ministre des Achats Anita Anand aux journalistes.

Après avoir assuré que les livraisons se déroulaient « selon le calendrier convenu », Pfizer a reconnu qu’il y aurait un impact temporaire sur les expéditions de fin janvier à début février en raison des modifications apportées aux processus de fabrication pour stimuler la production.

La Norvège et la Lituanie avaient auparavant annoncé que la société réduisait ses approvisionnements en Europe. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a indiqué par la suite que Pfizer lui avait assuré que les livraisons prévues au premier trimestre ne seraient pas retardées.

Ni la société ni l’UE n’ont précisé le nombre de doses attendues d’ici à la fin mars.

Pfizer, qui doit livrer des millions de doses à un rythme effréné pour enrayer la pandémie qui a déjà fait près de deux millions de morts, a promis que les modifications du processus de fabrication « entraîneraient une augmentation significative des doses fin février et mars ».

DES LIVRAISONS MAL RÉPARTIES ?

Selon une source européenne, un représentant de la Commission a expliqué lors d’une réunion mercredi que les livraisons seraient limitées au moins jusqu’en mars et que la production n’augmenterait de manière notable qu’en septembre.

La Belgique a déjà dit s’attendre à ne recevoir en janvier que la moitié environ des quantités de vaccin Pfizer-BioNTech prévues en raison d’un problème logistique et la Lituanie dit avoir été informée cette semaine que ses livraisons seraient réduites de moitié jusqu’à la mi-février.

« Le fabricant nous a dit que les réductions concernaient toute l’UE », a déclaré vendredi à Reuters Vytautas Beniusis, porte-parole du ministère de la Santé lituanien.

Pfizer et BioNTech ont signé avec l’UE des contrats prévoyant la livraison d’un maximum de 600 millions de doses de leur vaccin cette année, dont 75 millions au deuxième trimestre. Les volumes prévus pour les trois premiers mois de l’année n’ont pas été précisés publiquement.

Moderna s’est engagé de son côté à livrer 10 millions de doses d’ici la fin mars, puis 35 millions au deuxième trimestre et autant au troisième. Quatre-vingts millions de doses supplémentaires doivent être livrées avant la fin de l’année, mais aucun calendrier détaillé n’a été publié.

Les fabricants de vaccins n’ont pas précisé non plus les calendriers de livraison par pays, sachant que chaque Etat membre doit être approvisionné au prorata de son poids dans la population totale de l’UE.

Chez Moderna, un porte-parole a déclaré qu' »à ce stade, nous pouvons simplement confirmer que les doses seront distribués sur la base du prorata entre les pays de l’UE ».

Dans l’immédiat, cette proportionnalité ne semble pourtant pas respectée: l’Allemagne, qui compte 83 millions d’habitants, prévoit de recevoir quatre millions de doses du vaccin Pfizer-BioNTech d’ici fin janvier alors que la Roumanie, avec une population quatre fois inférieure, n’en attend que 600.000 et la Bulgarie, dix fois moins peuplée, à peine 60.000.

(Avec Andrius Sytas à Vilnius, Tsevetelia Tsolova à Sofia, Radu Marinas à Bucarets et Elvira Pollina à Milan; version française Marc Angrand et Jean-Philippe Lefief, édité par Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse)

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