Harcèlement moral: Didier Lombard et France Telecom condamnés
France Télécom, dénommée Orange depuis le 1er juillet 2013, a été condamné vendredi pour « harcèlement moral », une première pour une entreprise de cette envergure, de même que son ancien PDG Didier Lombard dans l’affaire déclenchée par une vague de suicides de salariés il y a un peu plus de 10 ans.
Le tribunal correctionnel de Paris a condamné l’ancien dirigeant à un an de prison, dont huit mois avec sursis, et 15.000 euros d’amende et le groupe, rebaptisé Orange en 2013, à 75.000 euros d’amende pour des faits datant de 2007 et 2008.
A l’exception du sursis, les juges ont prononcé les peines maximales, suivant en cela les réquisitions du ministère public.
L’ex-directeur des opérations de France Telecom Louis-Pierre Wenes, qui fut le bras droit de Didier Lombard, et le directeur des ressources humaines de l’époque, Olivier Barberot, ont écopé des mêmes peines que Didier Lombard.
Quatre autres anciens dirigeants ont été déclarés coupables de complicité de harcèlement moral et condamnés à quatre mois de prison avec sursis et 5.000 euros d’amende.
Ce délibéré clôt un procès long de deux mois, durant lequel les différentes parties ont tenté de faire la lumière sur les pratiques managériales en vigueur au sein de l’opérateur historique français au cours des années 2000, qui ont eu pour effet, selon le tribunal, de dégrader les conditions de travail et de déstabiliser de nombreux salariés.
Les juges d’instruction avaient retenu 39 cas individuels – près de 20 suicides, des tentatives et des dépressions – qui ont été passés en revue à l’audience. Des dizaines de témoins, experts, anciens salariés et proches de personnes qui se sont suicidées ont pris la parole au cours des débats.
Les faits reprochés aux anciens dirigeants de France Telecom et à l’entreprise elle-même se sont déroulés à une période où celle-ci mettait en oeuvre un plan visant à réduire les effectifs de 22.000 personnes et à en transférer 10.000 autres, au besoin en exerçant des pressions sur les agents, en procédant à des mutations forcées, en menant des contrôles tatillons ou en poussant au surmenage.
Ces pratiques, signes d’une « banalisation du mal », répondaient à une « logique financière », a accusé la procureure Françoise Benezech lors du réquisitoire prononcé le 5 juillet.
Les prévenus ont contesté les faits et défendu la légitimité de leur plan.