Les ventes de L’Oréal déçoivent au T3, avec des difficultés en Chine
PARIS (Reuters) – L’Oréal a fait état mardi d’une hausse de 3,4% de ses ventes au troisième trimestre, une progression nettement moins importante qu’attendu, alors que la période a été marquée par la détérioration du chiffre d’affaires en Chine du géant français des cosmétiques.
Sur la période juillet-septembre, les ventes de L’Oréal, propriétaire entre autres des marques Maybelline et Lancôme, se sont élevées à 10,28 milliards d’euros, soit une croissance organique de 3,4%.
Ce montant est très inférieur aux attentes : un consensus Visible Alpha cité par Jefferies ressortait à 6%.
« La dernière fois que L’Oréal a publié une croissance organique trimestrielle de ses ventes plus basse que cela, c’était lors du T3 2020, pendant les jours sombres du COVID », ont déclaré des analystes de RBC dans une note.
Selon des analystes de Barclays, la portée et l’importance de ce raté seront probablement prises en compte négativement par les investisseurs. « Bien que les investisseurs étaient nerveux à l’approche des résultats, ceux-ci sont tout de même plus faibles que prévu », ont-ils écrit.
Dans le communiqué accompagnant ses résultats trimestriels, L’Oréal a mis en avant l’évolution de son chiffre d’affaires sur les neuf premiers mois de l’année, la décrivant comme une « solide croissance de 6% malgré les turbulences ».
L’action L’Oréal a chuté de 20% depuis juin dernier, faisant de ce fait s’évaporer environ 50 milliards d’euros de sa capitalisation boursière, dans un contexte d’inquiétude des investisseurs à propos de la faible consommation en Chine.
En Asie du Nord, région dominée par le marché chinois et représentant environ un quart des ventes de L’Oréal, le chiffre d’affaires du groupe a subi une chute de 6,5% au troisième trimestre en données comparables, contre un recul de 2,4% au trimestre précédent.
« Les turbulences » dans la région au troisième trimestre ont été « pires que prévu », a déclaré le directeur général de L’Oréal, Nicolas Hieronimus, lors d’une conférence téléphonique avec des analystes.
« La situation de l’écosystème chinois est toujours plus difficile, mais nous croyons en l’avenir de ce marché et espérons que le stimulus du gouvernement contribuera à améliorer la confiance des consommateurs », a-t-il déclaré dans le communiqué du groupe.
OPTIMISME POUR 2025
D’après des statistiques de Pékin publiées vendredi, la Chine a connu au troisième trimestre sa croissance la plus lente depuis début 2023.
Le premier groupe de luxe au monde, LVMH, a déclaré la semaine dernière que le moral des consommateurs dans le pays était au plus bas.
Outre LVMH, le fabricant franco-italien de Ray-Ban, EssilorLuxottica, et la marque italienne Salvatore Ferragamo ont imputé leur moindre performance au troisième trimestre au ralentissement général de la consommation en Chine.
L’Oréal a constaté une faible demande pour ses crèmes solaires et ses produits dermatologiques. La division des produits dermatologiques, qui bénéficiait de la croissance la plus rapide, a vu la hausse de ses ventes ralentir à 0,8%, contre 10,8% au deuxième trimestre.
« Nous devons amener de nouveaux produits », a déclaré mardi aux analystes Nicolas Hieronimus, notant que le ralentissement de la division avait surtout été ressenti aux Etats-Unis, où peu d’innovations ont été lancées récemment.
En Amérique du Nord, les ventes globales de L’Oréal ont toutefois augmenté de 5,2%, une accélération par rapport au trimestre précédent, nourrie par la demande en parfums et en produits capillaires.
En Europe, principal marché de L’Oréal avec environ un tiers des ventes, la croissance a ralenti au troisième trimestre, avec une hausse de 5,6% du chiffre d’affaires contre 9,7% au trimestre précédent.
Le directeur financier du groupe, Christophe Babule, a déclaré lors de la conférence téléphonique que la contribution exceptionnelle des grandes sociétés envisagée dans le projet de loi de finances 2025, en France, pourrait représenter environ « 250 millions d’euros d’impôt additionnel » pour L’Oréal.
Nicolas Hieronimus a quant à lui dit s’attendre à ce que « le marché mondial de la beauté connaisse une croissance à un niveau pré-COVID en 2025 », l’estimant entre 4 et 5%.
Toutefois, dans une note publiée dans la journée, Jefferies anticipe une « réaction négative de l’action » et « de nouvelles révisions à la baisse des prévisions obstinément élevées pour l’exercice 2025 en données comparables », citant « la nervosité autour de la durabilité de la croissance du secteur et de l’avenir de la Chine ».
(Rédigé par Florence Loève et Dominique Patton, édité par Jean Terzian)
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