Thaïlande : La justice destitue le Premier ministre Srettha Thavisin
par Panu Wongcha-um et Panarat Thepgumpanat
BANGKOK (Reuters) – La Cour constitutionnelle thaïlandaise a destitué mercredi le Premier ministre Srettha Thavisin, jugeant qu’il avait violé les règles de l’éthique en nommant un ministre autrefois condamné à une peine de prison, agitant ainsi le spectre d’une crise politique et d’un remaniement gouvernemental.
Le magnat de l’immobilier Srettha Thavisin devient le quatrième Premier ministre en 16 ans à être démis de ses fonctions par la même cour, illustrant ainsi le rôle central joué par le système judiciaire thaïlandais dans la crise politique persistante dans le pays.
Le départ de Srettha Thavisin après moins d’un an au pouvoir oblige le Parlement à choisir un nouveau Premier ministre vendredi, avec la perspective d’une plus grande incertitude dans un pays marqué par des instabilités politiques qui ont entraîné la chute de plusieurs gouvernements et partis.
Son parti, le Pheu Thai, le plus important de la coalition au pouvoir, s’est empressé de tenter de consolider son alliance et a déclaré qu’il se réunirait tôt jeudi pour choisir son candidat au poste de Premier ministre.
Le Pheu Thai et ses prédécesseurs ont fait face à plusieurs crises en Thaïlande, avec deux gouvernements renversés par des coups d’État dans un long conflit entre les fondateurs du parti, la famille milliardaire Shinawatra, et leurs rivaux conservateurs et militaires royalistes.
Les juges se sont prononcés à 5 contre 4 en faveur de la destitution de Srettha Thavisin, estimant qu’il n’avait pas fait preuve d’intégrité dans l’exercice de ses fonctions.
« L’accusé est démis de ses fonctions de Premier ministre en raison de son manque d’honnêteté », ont déclaré les juges, ajoutant que son comportement avait « grossièrement violé les normes éthiques ».
Srettha Thavisin, qui est entré en politique quelques mois avant les élections législatives l’année dernière, a exprimé sa déception et a évoqué la possibilité que le prochain gouvernement modifie son programme politique.
« Je suis attristé de quitter mon poste de Premier ministre », a-t-il déclaré aux journalistes. « J’ai exercé mes fonctions avec intégrité et honnêteté ».
Cette décision fait suite à la dissolution semaine dernière du parti d’opposition Move Forward (« Aller de l’avant »), qui a remporté les élections de 2023, pour avoir mené une campagne visant à modifier une loi relative au crime de lèse-majesté, ce qui, selon la justice, risquait de porter atteinte à la monarchie constitutionnelle.
(Reportage Panu Wongcha-um, Chayut Setboonsarng et Panarat Thepgumpanat, avec la contribution de Thanadech Staporncharnchai ; rédigé par Martin Petty ; version française Dagmarah Mackos, édité par Kate Entringer)
Faites un don au Journal Chrétien avant le 31 décembre et bénéficiez de 66% de déduction fiscale