La baisse des revenus d’intérêt et la hausse des pertes sur créances pèsent sur le T2 des banques américaines
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.NEW YORK (Reuters) – Certaines des plus grandes banques américaines devraient enregistrer des bénéfices plus faibles au deuxième trimestre, plombés par la baisse des revenus d’intérêts et par la nécessité de mettre de côté des réserves plus importantes pour compenser les pertes sur créances, selon les analystes.
Alors que les grandes banques ouvrent vendredi la saison américaine des résultats au Etats-Unis, les analystes prévoient une hausse des provisions pour pertes potentielles sur les prêts commerciaux et industriels (C&I), ainsi que sur l’immobilier commercial.
« Un cycle de crédit se produit au cours de chaque expansion économique », explique Betsy Graseck, analyste chez Morgan Stanley. « Nous misons prudemment sur une normalisation du cycle de crédit », ajoute-t-elle, faisant référence aux niveaux habituels de pertes sur les créances douteuses liées aux prêts à la consommation et aux prêts commerciaux.
Selon une simulation de la Réserve fédérale américaine (Fed), les taux de pertes sur les prêts C&I devraient atteindre 8,1%, contre 6,7% l’an dernier.
Les prêts C&I représentent un risque plus important pour les grandes banques qu’en 2023, selon le dernier test de résistance réalisé par la Fed le mois dernier.
En dépit de ces perspectives peu encourageantes, les grandes banques d’affaires américaines devraient bénéficier d’une reprise des opérations de fusion et d’acquisition.
Les volumes de fusions et d’acquisitions ont atteint 1.600 milliards de dollars (1.480 milliards d’euros) au niveau mondial au premier semestre, soit une hausse de 20% sur un an, selon les données de Dealogic. Sur la même période, les volumes des marchés de capitaux ont grimpé de 10%.
Les analystes surveilleront également de près les commentaires des banques sur les revenus d’intérêts, les marchés s’attendant de plus en plus à une réduction des taux d’intérêt de la Fed dans les prochains mois.
La stabilisation des taux d’intérêt a permis aux banques de retenir les fonds de leurs clients plus facilement, ce qui a atténué la concurrence pour les dépôts.
« Tous les clients qui allaient transférer leurs dépôts pour obtenir un taux plus élevé (…) l’ont probablement fait », selon Chris Kotowski, analyste chez Oppenheimer. Les banques peuvent alors utiliser ces dépôts en réévaluant les taux des prêts à des niveaux plus élevés.
Au niveau du secteur, le revenu net d’intérêts (RNI), qui correspond à la différence entre les revenus des banques sur les prêts et les dépôts, devrait atteindre un creux au cours du deuxième ou troisième trimestre avant de remonter, les banques négociant de nouveaux prêts à des taux relativement plus élevés, précise l’analyste.
Les taux d’intérêt se sont effondrés au cours de la pandémie, entraînant les taux hypothécaires à des niveaux historiquement bas en 2021 et les prêts automobiles à des niveaux inférieurs à plusieurs années, avant le relèvement des taux par la Fed début 2022.
« Les actifs fixes, qui comprennent les prêts hypothécaires et les prêts automobiles, vont être réévalués à partir d’un taux très bas », ajoute Chris Kotowski.
Voici la liste des principaux facteurs à surveiller, selon les analystes, lors de l’annonce des résultats des six plus grandes banques américaines :
J.P. MORGAN
La plus grande banque américaine devrait faire état d’une baisse de 13% de son bénéfice par action (BPA) au deuxième trimestre, ses dépenses croissant avec la hausse des investissements dans l’entreprise.
BANK OF AMERICA
Le deuxième prêteur américain devrait afficher une baisse de 9% de son bénéfice par action, en raison de la chute du revenu net d’exploitation.
WELLS FARO
Le bénéfice par action de Wells Faro devrait progresser de 3%, porté par les commissions sur les services bancaires d’investissement et la baisse des provisions pour pertes de crédit. Son bénéfice net devrait toutefois stagner.
CITIGROUP
Le bénéfice devrait augmenter avec la vigueur de son activité de services, qualifiée par Citi de « joyau de la couronne », et à l’augmentation des frais de banque d’investissement.
GOLDMAN SACHS
Le bénéfice devrait plus que doubler par rapport au deuxième trimestre 2023, lorsqu’ils avaient atteint leur niveau le plus bas en trois ans. Goldman Sachs devrait bénéficier d’une reprise des transactions, conjuguée à une diminution des dépréciations d’actifs dans le secteur de la consommation.
MORGAN STANLEY
Morgan Stanley devrait afficher un bénéfice par action en hausse de 33%, stimulé par les fusions, les acquisitions et les marchés de capitaux.
BANQUE BPA T2 BPA T2
2024 2023
JPMorgan $4,15 $4,75
Chase
Banque $0,80 $0,88
d’Amérique
Groupe $1,39 $1,33
Citi
Wells $1,29 $1,25
Fargo
Goldman $8,48 $3,08
Sachs
Morgan $1,65 $1,24
Stanley
*Estimations moyennes LSEG
(Reportage Saeed Azhar et Niket Nishant ; version française Dagmarah Mackos ; édité par Augustin Turpin et Kate Entringer)
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