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Manifestations du 1er-Mai, premier test dans la rue pour Emmanuel Macron

Isabelle-Touria Boumhi, une aide-soignante de 60 ans, n’a ni voté pour Emmanuel Macron ni pour Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle, se refusant à choisir entre « la peste ou le choléra ».

Déçue par l’issue du scrutin de dimanche dernier, il ne reste plus selon elle que la rue pour exprimer son mécontentement.

« Je continuerai à lutter dans la rue, jusqu’à ce que j’arrête de travailler. C’est le seul moyen qu’il nous reste pour obtenir quelque chose », dit cette mère célibataire qui, avec un salaire brut de 1.963 euros par mois, doit surveiller la moindre de ses dépenses.

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Militante CGT, elle sera présente à la manifestation du 1er-Mai, fête du Travail, pour réclamer des augmentations de salaire et mettre en garde Emmanuel Macron contre son projet de décaler l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans.

Le président sortant a été réélu dimanche avec 58,54% des voix, dans un contexte social éruptif, alors que les questions de pouvoir d’achat, portées par des augmentations records de prix, suscitent de vives inquiétudes au sein de l’exécutif.

Isabelle-Touria Boumhi a vu le coût de la vie augmenter au fur et à mesure des années, alors que son salaire stagnait. Elle a perçu une augmentation de 228 euros par mois en 2021 grâce aux accords du Ségur de la santé signés pendant la crise sanitaire. Mais c’est une somme qu’elle juge loin d’être suffisante.

QUAND LE SALAIRE NE SUFFIT PLUS

« Ça m’est arrivé de me dire : ‘je travaille du matin au soir mais je ne profite pas' », dit celle qui évite tout achat superflu, fait ses courses chez les grossistes alimentaires et achète uniquement ses vêtements en solde.

Pour partir en vacances, elle contracte des prêts à la consommation, des sommes qui peuvent aller de 2.000 à 5.000 euros. Mais elle en met une partie de côté « en cas de coup dur » et rembourse le crédit en plusieurs années.

Pour Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, le président de la République doit garder en tête qu’il a été élu sans réelle adhésion de la population, essentiellement afin de faire barrage à l’extrême-droite.

« Il est essentiel qu’il ne fasse pas semblant d’écouter mais qu’il réponde par des actes aux attentes des citoyens et au monde du travail », dit-il lors d’un entretien avec Reuters.

Sur la question du pouvoir d’achat, la solution doit venir de l’augmentation des salaires, dit le syndicaliste.

« On ne peut pas avoir applaudi les soignants, parler des premières et deuxièmes lignes et faire en sorte qu’ils se retrouvent deux ans après à une position comparable à celle qu’ils connaissaient avant la crise pandémique », dit celui qui appelle à une large mobilisation, non seulement le 1er-Mai, mais également dans les entreprises pour que s’ouvrent des négociations.

« S’il n’y a pas de pression sur le président de la République et le gouvernement celui-ci va considérer qu’il a les mains libres pour les réformes anti-sociales », prévient-il.

« Plus il y aura de monde de mobilisé lors de ce 1er-Mai et à l’issue de ce 1er-Mai dans les entreprises, les services, plus on pourra peser sur la politique du gouvernement. »

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, appelle de son côté le chef de l’Etat à organiser un « grand rendez-vous social » afin d’associer le plus grand nombre aux décisions.

« Monsieur le président, vous ne pourrez pas relever ces défis tout seul », déclare-t-il dans une tribune publiée mardi dans Le Monde. « Convoquez dès aujourd’hui une rencontre avec les partenaires sociaux et les grandes associations. Appelez-la comme vous voulez (conférence, Grenelle, convention…), mais lancez dès maintenant ce grand rendez-vous social pour changer de méthode et associer le plus grand nombre à la coconstruction des décisions. »

(Reportage Caroline Pailliez, édité par Jean-Michel Bélot)

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