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Marine Le Pen échoue sur la dernière marche avant l’Elysée

Son oeuvre de normalisation et une campagne nourrie par la colère d’un pays au bord de la crise de nerfs n’ont pas suffi : finaliste pour la seconde fois, Marine Le Pen échoue sur la voie de l’Elysée mais ancre durablement l’extrême droite dans le paysage politique français.

A 53 ans, « Marine », comme l’appellent ses proches et ses partisans, s’incline face à Emmanuel Macron avec 41,45% des voix, selon les résultats définitifs. Le président sortant a recueilli 58,55% des suffrages exprimés lors du second tour du scrutin.

La députée du Pas-de-Calais a nettement amélioré son score de 2017, qui l’avait vu perdre avec 33,9% des voix, sans franchir le plafond de verre qui sépare du pouvoir le « camp national » de celle qui récuse le terme d' »extrême droite ».

« Pourquoi cette campagne est différente ? Parce qu’on va la gagner », déclarait-elle l’automne dernier lors de l’inauguration du siège de sa campagne, durant laquelle elle a laissé les rênes du Rassemblement national à son dauphin Jordan Bardella.

Lors d’un entretien accordé à Reuters fin mars, elle se présentait comme un « Phénix rené de ses cendres » depuis sa déconvenue de 2017 tout en disant sa confiance en l’issue de ce qui devait être, « a priori », sa dernière course à l’Elysée.

Marine Le Pen, née Marion, a été élevée dans le sud de Paris puis sur les hauteurs de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) à l’ombre de Jean-Marie Le Pen, dont elle hérite le nom, mais aussi l’aplomb, la carrure et l’art de tenir un auditoire en haleine.

Des trois filles, c’est elle, la benjamine, l’avocate de formation, qui s’impose comme la dépositaire de la marque Le Pen, celle qui ne tremble pas au moment de la partition du FN, en 1998-1999, entre légitimistes et dissidents partis dans le sillage de Bruno Mégret.

FEMME, MÈRE, AMOUREUSE DES CHATS

Elle débute en politique à 24 ans avec une candidature aux législatives à Paris, son premier point de chute électoral avant Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). Elle entre au service juridique du parti en 1998 et met fin à sa brève carrière au barreau.

La campagne présidentielle lui offre alors l’occasion de prendre la lumière et de roder sa verve. « C’est la naissance de quelque chose », déclare-t-elle le 21 avril 2002, lorsqu’elle apprend la qualification de son père au second tour.

Avec son association Générations créée à ce moment-là « elle impose une ligne beaucoup plus sociale. Le pouvoir d’achat, elle en parlait déjà », analysait le député du Pas-de-Calais Bruno Bilde vendredi dernier à Berck-sur-Mer, dernière étape d’une campagne menée dans des territoires favorables à la candidate.

« Aujourd’hui c’est l’aboutissement de toute une vie consacrée aux autres », déclarait le même jour à Reuters le maire d’Hénin-Beaumont, Steve Briois.

Présidente du Front national à partir de janvier 2011, Marine Le Pen adopte une tactique consistant à lui donner les atours de la respectabilité et l’image d’un parti taillé pour l’exercice du pouvoir. Rieuse, éruptive et travailleuse, cette amoureuse des chats police son image en jouant sur sa singularité de femme et mère de trois enfants.

« Marine c’est une femme généreuse, attentive, d’une simplicité extraordinaire, qui aime chanter. Evidemment elle peut être cash et heureusement », dit d’elle le jeune député RN Emmanuel Blairy, qui la connaît depuis quelques mois.

« DÉDIABOLISATION »

Elle est celle qui ose en 2015 exclure Jean-Marie Le Pen, auteur de propos incompatibles avec un parti en quête de « dédiabolisation ». « Une des périodes les plus difficiles pour elle, et pour nous aussi d’ailleurs. Mais il était dans une logique d’autodestruction », commente Bruno Bilde.

La stratégie « mariniste » porte ses fruits à partir de 2012 : 17,90% au premier tour de la présidentielle. En 2017, au terme d’une campagne financée par un prêt contracté auprès d’une banque russe, celle qui a été reçue au Kremlin par Vladimir Poutine se qualifie pour le duel final face à Emmanuel Macron et trouve un allié en la personne de Nicolas Dupont-Aignan.

Un débat raté plus tard, elle retourne dans l’ombre et se retrouve confrontée à plusieurs affaires qui mettent en lumière les procédés du FN, soupçonné notamment d’avoir indûment rémunéré certains de ses collaborateurs avec des fonds publics alloués au travail du Parlement européen.

Durant l’ère Macron, Marine Le Pen travaille à son programme, en adoucit les termes en excluant désormais tout « Frexit ». Imperturbable, elle ignore la montée d’Eric Zemmour, à qui elle laisse l’outrance et le discours anti-immigration jusqu’ici accolé à son camp. Et laisse sa nièce Marion Maréchal rallier l’ex-essayiste vers un avenir politique incertain.

Le pari élyséen perdu, « place au troisième tour, qui commence dès demain », commente Emmanuel Blairy, prêt à en découdre pour les législatives de juin.

(Reportage Elizabeth Pineau)

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