RDC : A Beni, l’hôpital submergé face à la flambée de la violence
Les défis et les profondes préoccupations se multiplient à l’hôpital général de référence de Beni, situé dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), submergé par des victimes d’attaques brutales menées par les rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF), un cauchemar pour les pays dans la région africaine des grands lacs.
HOPITAL SUBMERGE
Les civils blessés, principalement des femmes qui ont à peine survécu à des coups de feu et des blessures à la machette, ont afflué à l’hôpital général de référence dans la ville de Beni. Ils sont venus de villages environnants de Beni, région la plus touchée par les atrocités des rebelles ADF dans ce pays d’Afrique centrale.
Kambale Ushindi, un jeune homme de 21 ans hospitalisé depuis janvier, a été touché par deux balles, l’une dans le pied et l’autre dans le cou, dans une embuscade, en route vers l’Ituri, une province voisine où les rebelles se livrent également à des attaques meurtrières et sans discrimination contre la population civile sans défense.
Tous les passagers à bord n’ont pas parvenu à s’échapper et à se mettre à couvert, se souvient Kambale Ushindi.
« Je suis allé chercher un membre de ma famille, dont le véhicule est tombé dans l’embuscade (par les rebelles) quelques heures avant en partance pour la province de l’Ituri. En arrivant sur le lieu, nous avons été pris dans la même embuscade », a-t-il raconté.
A côté du lit de M. Kambale, Patrick Mbusa, un autre survivant chanceux, dont la main droite a été amputée par des rebelles lors de l’attaque de décembre dernier dans son village natal d’Oicha, non loin de Beni.
Au cours de cette attaque sanglante, M. Mbusa a perdu trois membres de sa famille, dont sa femme.
« Nous avons été surpris de l’attaque en pleine nuit dans notre village. Les rebelles ont tiré plusieurs coups des balles et ont commencé à tuer d’autres personnes à l’aide de la machette », a confié cet homme de 41 ans, qui a réussi à ramper pour se mettre à l’abri malgré ses blessures.
« Notre véhicule est tombé dans l’embuscade sur la route vers la cité de Komanda, à la limite avec la province de l’Ituri. Notre véhicule a été brûlé quelques minutes après que le chauffeur a été touché par le tir. C’est dans la brousse que je me suis rendu compte que j’étais touché au pied d’une balle », a indiqué Justin Paluku, un autre blessé qui a déjà passé quelques semaines au lit.
Avec le nombre croissant d’attaques brutales par les rebelles ADF, dont un attentat-suicide en pleine fête Noël en décembre dernier dans le centre-ville de Beni, l’hôpital fait face à des pressions sans précédent, submergé par des patients cherchant un refuge.
Pour accueillir plus de patients, des tentes de fortune ont été installées sur le terrain nu de la cour de l’hôpital par le comité International de la Croix-Rouge.
Frederico Silvio Martoglio, responsable des urgences du comité International de la Croix-Rouge à Beni, a déclaré à Xinhua que les attaques croissantes menées par des rebelles de l’ADF entraînaient une surpopulation, mettant l’hôpital sous pression.
VERS LA FIN DE L’ATROCITE
La montée de la violence survient également au moment où les Forces armées de la RDC (FARDC) ont lancé conjointement des opérations avec la Force de défense du peuple ougandais (UPDF) depuis fin novembre dernier, contre plusieurs bases contrôlées par des rebelles, cachées principalement dans la forêt de Beni.
Depuis le début des opérations militaires conjointes en territoire de Beni, plusieurs bases rebelles ont pu être démolies, avec des centaines de rebelles neutralisés ou capturés, selon les deux armées.
En janvier 2022, l’UPDF a même annoncé une seconde phase de l’opération conjointe, tout en déployant ses soldats sur le champ de bataille dans l’Ituri, et progressant davantage sur le groupe rebelle, une filiale suspecte de l’Etat islamique.
Depuis des décennies, des centaines des civils ont déjà trouvé la mort dans les attaques de ces rebelles ADF dans le territoire de Beni et une partie de l’Ituri.
Malgré l’état de siège décrété par le gouvernement congolais depuis le mai dernier, les rebelles ADF ont multiplié leurs attaques contre les civils, une situation qui a poussé Kinshasa à autoriser le déploiement de l’armée ougandaise sur son territoire pour éradiquer ce fléau.
Dans une interview donnée exclusivement à Xinhua lors du lancement des opérations conjointes en décembre dernier, le général Muhanga Kayanja de l’UPDF a affirmé sa détermination à détruire « une fois pour toutes » les rebelles ADF.