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Tchad: Calme à N’Djamena après les heurts sanglants de mardi

par Mahamat Ramadane

N’DJAMENA (Reuters) – Les forces de sécurité tchadiennes étaient massivement déployées mercredi dans les rues de N’Djamena, où le calme est revenu au lendemain de manifestations contre l’armée dont la répression a fait plusieurs morts et des dizaines de blessés.

La capitale du Tchad est sous tension depuis l’annonce du décès d’Idriss Déby le 19 avril et la prise du pouvoir par l’armée, qui a installé un conseil militaire de transition dirigé par le propre fils de l’ancien président, Mahamat Idriss Déby.

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Mardi, plusieurs personnes ont été tuées dans des affrontements avec l’armée à l’appel de groupes de la société civile invitant à amplifier le mouvement de protestation contre les militaires. Les autorités tchadiennes ont fait état de cinq morts mais un groupe de la société civile évalue le bilan à neuf tués et des dizaines de blessés.

Les appels de l’opposition et des groupes de la société civile en faveur d’une nouvelle manifestation ce mercredi n’ont pas été, semble-t-il, suivis, de nombreux Tchadiens ayant choisi de rester chez eux dans la capitale dans la matinée.

« Nous voulons accorder un peu de temps aux familles de nos camarades pour faire le deuil de leurs proches. Le combat continue », a déclaré Digri Parterre, l’un des leaders de la contestation. Il dit avoir passé la matinée à rendre visite aux blessés dans les hôpitaux.

Alors que l’Occident à longtemps soutenu le régime d’Idriss Déby, considéré comme un rempart contre les groupes djihadistes au Sahel, Succès Masra, l’une des figures de l’opposition au Tchad, a indiqué sur Twitter avoir reçu la visite de l’ambassadeur américain, David Gilmour. L’ambassade n’a pas pu être contactée dans l’immédiat pour un commentaire.

Idriss Déby a été tué alors qu’il rendait visite à ses troupes déployées à plusieurs centaines de kilomètres au nord de N’Djamena face au Front pour le changement et la concorde au Tchad (FACT), un groupe rebelle venu de Libye. Au pouvoir depuis 1990, il venait tout juste d’être réélu à la présidence.

Si l’armée a confié à un civil, l’ancien Premier ministre Albert Pahimi Padacke, la direction d’un nouveau gouvernement, en promettant de transférer le pouvoir aux civils à l’issue d’élections démocratiques dans 18 mois, plusieurs dirigeants d’opposition dénoncent un coup de force des militaires.

Les autorités tchadiennes ont publié un communiqué indiquant que toutes les manifestations étaient interdites et que les forces de sécurité avaient utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser des centaines de manifestants.

Des messages sur les réseaux sociaux indiquent cependant que des tirs à balles réelles ont été utilisées par endroits mardi contre des manifestants. Reuters n’a pas été en mesure de recouper ces informations.

Le président français Emmanuel Macron a condamné mardi avec la plus grande fermeté la répression des manifestations à N’Djamena et réitéré son appel à une transition pacifique au Tchad, ancienne colonie française.

Le groupe rebelle FACT, qui a revendiqué la mort d’Idriss Déby, a également publié une déclaration condamnant le recours à la force contre les manifestants. Il a ajouté rester engagé dans la lutte en faveur d’une transition démocratique.

(Rédigé par Nellie Peyton; version française Claude Chendjou, édité par Jean-Stéphane Brosse)

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