La France est confrontée à un long conflit social aux conséquences multiples
VOUS AIMEZ CHRÉTIENS TV? DONNEZ-NOUS LES MOYENS DE PRODUIRE DE NOUVELLES ÉMISSIONS CHRÉTIENNES EN FAISANT UN DON ICIGrèves, blocages, manifestations de rue, cela fait plus d’un mois que le front social est mobilisé en France contre le projet de réforme des retraites. Un conflit social inédit, le plus long depuis 1968, qui commence à peser sur les secteurs du Transport, du commerce et du tourisme et a entamé l’image des institutions.
La contestation a débuté le 5 décembre 2019 par une forte mobilisation syndicale, qui a rassemblé 806.000 manifestants dans tout le pays, selon le ministère de l’intérieur, et 1,5 millions, selon la CGT. Depuis, il n’y a pas eu de trêve, notamment chez les syndicats représentatifs des transports en commun (SNCF et RAPT) qui sont à leur 43e jours de grève ce jeudi 16 janvier.
L’intersyndicale (CGT, FO, FSU, CFE-CGC, Solidaire, Unef et UNL) qui a appelé à une nouvelle mobilisation interprofessionnelle le 24 janvier, continue d’exiger le retrait de ce projet de réforme des retraites qui prévoit entre autres, la mise en place d’un système universel de retraite à point, l’allongement de l’âge de la retraite et la suppression des régimes spéciaux.
« La menace c’est qu’avec ce nouveau système de retraite, chacun devra cotiser pour soi-même et arriver à avoir suffisamment de points pour avoir une bonne retraite : c’est une retraite au mérite », a dénoncé à Xinhua, en marge d’un défilé contre la réforme des retraite, René Emmanuel Adelaide, enseignant.
Mais après plusieurs semaines de mobilisation sociale, l’impact commence à se faire sentir dans les secteurs aussi importants que les transports publics, le commerce ou encore le tourisme. La SNCF et la RATP, les deux sociétés de transports publics, ont estimé les pertes à plusieurs millions d’euros par journée de grève.
« Nous allons bientôt dépasser les 700 millions d’euros de chiffre d’affaires perdus », a déclaré le président de la SNCF Jean-Pierre Farandu dans un entretien paru le 9 janvier dans le magazine Paris Match.
Selon le patron de la SNCF, ce manque à gagner est lié au coût direct de l’activité non réalisée comme la non-vente de billets et des tonnes de fret non transportées. « Cela s’élève à environ 20 millions d’euros par jour », a-t-il affirmé.
A la RATP, l’impact des grèves est évalué à plus de 150 millions d’euros, dont 60 à 90 millions d’euros de perte de billetterie, ont rapporté le 10 janvier plusieurs médias Français, citant un des porte-paroles de la RATP. Ce dernier a estimé le manque à gagner à au moins 3 millions d’euros par jour de grève.
Dans les secteurs sensibles du commerce et de l’hôtellerie, les acteurs ont exprimé leurs inquiétudes dès la première semaine du conflit et, prévenu des conséquences d’une éventuelle prolongation du mouvement.
Dans une enquête menée du 6 au 11 décembre sur les conséquences de ce mouvement social sur les TPE-PME (très petite entreprise-petite et moyenne entreprise), la confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a indiqué que 80% des entreprises sont impactées par des pertes de chiffre d’affaires, des retards de livraison ou par des pénuries d’essence. Le commerce est le secteur d’activité le plus concerné.
L’enquête a indiqué qu’une prolongation du mouvement entrainerait la baisse des dépenses d’investissement, des pertes de marché, surtout dans les industries BTP et des licenciements de salariés, notamment chez les commerçants.
Une baisse de chiffre d’affaires de 20 à 25% a également été notée à Paris par l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie, dès la première semaine de mobilisation sociale contre la réforme des retraites. « Si la grève perdure, les touristes vont se tourner vers d’autres destinations », avait alors prévenu dans le journal 20 minutes, Jean-Marc Banquet, président de l’Union de métiers et des industries de l’hôtellerie.
Une inquiétude partagée par la secrétaire d’Etat à l’Economie, Agnès Pannier-Runacher, qui a souligné sur Cnews l’importance de rassurer les touristes. « Dans le tourisme, si vous perdez des réservations, vous ne les rattrapez pas », a-t-elle mis en garde.
Au plan politique, un des enjeux de ce conflit qui perdure est la bataille de l’opinion. Malgré les inconvénients (perturbations des transports, manque à gagner, etc.) liés à la grève, l’opinion publique continue de soutenir le mouvement.
Selon le dernier baromètre Harris Interactive réalisé le 13 janvier pour RTL et AEF info, 60% des Français disent soutenir le mouvement de contestation contre la réforme des retraites. Une mauvaise nouvelle pour le gouvernement qui a joué la stratégie du pourrissement pendant les fêtes de fin d’année, pour inverser la tendance, toujours favorable aux grévistes depuis le début du mouvement.
La popularité du président Français Emmanuel Macron en a aussi pris un coup. Dans le dernier baromètre YouGov réalisé du 6 au 7 janvier, la popularité d’Emmanuel Macron a chuté de 4 points, avec 25% d’opinions favorables contre 29% en décembre 2019. Selon l’enquête, 59% des Français s’attendaient à une implication du Chef de l’Etat dans le conflit pour trouver une sortie de crise.
A cela s’ajoutent des accusations de violences policières lors des manifestations syndicales contre la réforme des retraites. Plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, et remettant en cause le maintient de l’ordre lors des défilés, ont obligé le parquet à ouvrir des enquêtes « pour violence volontaire par personne dépositaire de l’autorité publique », et contraint les autorités à changer de discours sur ces violences longtemps dénoncées par les défenseurs des droits humains.
« C’est l’honneur de la police qui est en jeu, on ne fait pas de croche-pied à l’éthique, sauf à s’abaisser, à abaisser la police », a déclaré le 13 janvier lors de ses vœux à la police, le ministre de l’intérieur Christophe Castaner, faisant ainsi allusion à une des vidéos montrant un policier faire un croche-pied à une manifestante à Toulouse.
Le président français a également indiqué le lendemain que ces « comportements ne sont pas acceptables », et qu’ils portaient atteinte à la « crédibilité et à la dignité des professionnels des forces de sécurité intérieure ».
Ce mouvement social, un des plus long que la France a connu, intervient à quelques mois des élections municipales prévues les 15 et 22 mars prochains. Il contitue d’avoir un impact sur l’économie du pays et la vie des Français.