Entretien de Trump avec Poutine en forme de test pour sa capacité à négocier un accord
par Jeff Mason
WASHINGTON (Reuters) – Le président américain Donald Trump doit s’entretenir mardi par téléphone avec le président russe Vladimir Poutine dans le but de le convaincre d’accepter le projet de trêve avec l’Ukraine préparé par Washington et d’avancer vers une issue permanente à la guerre entre Moscou et Kyiv, entrée dans sa quatrième année.
Cette discussion, annoncée dimanche soir par Donald Trump, va constituer un test pour les qualités de négociateur que l’ancien magnat de l’immobilier met régulièrement en avant, de même que sa relation privilégiée avec le chef du Kremlin, laquelle inquiète les alliés traditionnels de Washington.
« De nombreux éléments d’un Accord Final ont été convenus, mais il en reste beaucoup », a déclaré le président américain lundi via son réseau social Truth.
« Chaque semaine, 2.500 soldats meurent, des deux côtés, et cela doit prendre fin MAINTENANT. J’ai vraiment hâte d’avoir cet appel avec le président Poutine », a ajouté Donald Trump, qui s’est déjà entretenu avec le président russe le mois dernier, convenant de rouvrir le dialogue entre Washington et Moscou.
Mis sous pression par Donald Trump, qui lui a reproché d’être à l’origine du conflit, avec des tensions apparues en direct devant les caméras du monde entier lors de la visite – écourtée – du président ukrainien Volodimir Zelensky à la Maison blanche, Kyiv a accepté la semaine dernière la proposition de trêve de 30 jours élaborée par Washington.
La guerre a été déclenchée par une offensive de la Russie présentée comme une « opération militaire spéciale » mais dénoncée comme une invasion par l’Ukraine et ses alliés. Il s’agit du conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale.
L’administration Trump a évoqué la nécessité que les deux camps effectuent des « concessions », le chef de la Maison blanche laissant entendre que l’Ukraine devait accepter des concessions territoriales et indiquant que le contrôle de centrales énergétiques serait aussi discuté – une référence semble-t-il à la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par l’armée russe.
Aucune précision n’a été donnée par la Maison blanche sur l’heure à laquelle se tiendrait la discussion téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine.
INTRANSIGEANCE
Deux jours après l’entente entre Washington et Kyiv sur le projet de trêve, Vladimir Poutine a déclaré jeudi dernier lors d’une conférence de presse que la Russie soutenait le plan américain, tout en suggérant qu’il fallait le remanier.
Moscou a répété sa volonté de conserver les territoires ukrainiens conquis dans le cadre de son offensive et réclame la garantie que l’Ukraine n’intégrera pas l’Otan.
Volodimir Zelensky a régulièrement déclaré par le passé que la souveraineté de l’Ukraine n’était pas négociable et que les troupes russes devaient complètement se retirer des territoires ukrainiens occupés.
Revenu au pouvoir le 20 janvier, Donald Trump entend réaliser sa promesse de mettre fin rapidement à la guerre entre la Russie et l’Ukraine, après avoir déclaré lors de la campagne présidentielle américaine l’an dernier qu’il trouverait une issue au conflit en seulement vingt-quatre heures.
Le président américain va trouver en Vladimir Poutine un interlocuteur intransigeant, accusé par Volodimir Zelensky de ne respecter aucun accord.
« Il y a un danger que (Vladimir Poutine) tente globalement de faire du bruit lors de cette conversation avec le président Trump, en prétendant de convenir de quelque chose tout en demandant davantage de concessions de la part du camp ukrainien », a déclaré Maria Snegovaya, membre du Centre pour les études stratégiques et internationales, basé à Washington.
« Le pire scénario serait que Poutine réussisse à vendre à Trump un accord lucratif avec la Russie à l’avenir », a-t-elle ajouté.
Donald Trump a opéré un revirement dans la politique de Washington à l’égard du conflit russo-ukrainien, adoptant un ton conciliant avec Moscou, alors que son prédécesseur Joe Biden a apporté un soutien sans faille à Kyiv et imposé des sanctions à la Russie pour l’invasion lancée le 24 février 2022.
En marge du dégel des relations avec le Kremlin, le président américain s’en est pris à des alliés traditionnels de Washington, entre menaces de ne plus contribuer à la sécurité de l’Europe, droits de douane visant les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis, et souhait d’annexer le Canada et de contrôler le Groenland – si nécessaire par la force.
L’administration Trump a toutefois laissé entendre récemment qu’elle était disposée à accentuer la pression sur la Russie afin d’obtenir une trêve avec l’Ukraine.
(Jeff Mason; version française Jean Terzian)
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