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Emmanuel Macron à Moscou pour une mission diplomatique risquée

Le président français Emmanuel Macron est à Moscou ce lundi pour une mission diplomatique risquée visant à obtenir des engagements de la part de son homologue russe Vladimir Poutine afin de calmer les tensions avec l’Ukraine, que l’Occident soupçonne le Kremlin de vouloir envahir.

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Emmanuel Macron, qui a multiplié ces derniers jours les contacts avec ses alliés occidentaux, rencontrera mardi à Kiev le président ukrainien Volodimir Zelenski.

« Nous discuterons des termes de la désescalade. Il faut être très réaliste. Nous n’obtiendrons pas de gestes unilatéraux, mais il est indispensable d’éviter une dégradation de la situation », a déclaré le chef de l’Etat français au Journal du dimanche.

Emmanuel Macron, dont le pays assure actuellement la présidence de l’Union européenne, joue gros dans cette mission qui pourrait s’avérer embarrassante s’il revient les mains vides.

« On se met dans la main de Poutine. On joue quand même aux dés », a confié à Reuters une source proche du président français.

Cette tournée s’inscrit dans le cadre d’efforts diplomatiques visant à désamorcer les tensions alors que la Russie a massé plus de 100.000 soldats aux portes de l’Ukraine tout en démentant toute intention d’envahir le territoire de sa voisine, dont elle a annexé la péninsule de Crimée en 2014.

Moscou réclame de la part des Occidentaux des garanties sur sa sécurité, dont l’arrêt de toute expansion de l’Otan vers l’Est, exigence rejetée par les Etats-Unis et l’Alliance atlantique.

Selon deux sources proches d’Emmanuel Macron, l’un des objectifs de sa visite est de gagner du temps et de geler la situation au moins jusqu’en avril, qui verra des élections se tenir dans plusieurs pays – en Hongrie, en Slovénie et en France, où le président sortant n’a pas encore officialisé son intention de briguer un second mandat.

« L’OCCASION DE MONTRER SON LEADERSHIP EN EUROPE »

Le dirigeant français, qui a multiplié les coups diplomatiques médiatisés depuis son arrivée au pouvoir en 2017, a eu des relations contrariées avec Vladimir Poutine ces cinq dernières années, prônant un dialogue étroit avec le dirigeant russe tout en subissant de douloureux revers.

Peu de temps après son élection, le locataire de l’Elysée a déroulé le tapis rouge pour Vladimir Poutine au château de Versailles, mais il avait profité de cette visite pour dénoncer publiquement l’ingérence russe lors des élections. Deux ans plus tard, les deux hommes se sont entretenus dans la résidence d’été du président français.

Les nombreux gestes d’Emmanuel Macron envers Vladimir Poutine n’ont pas empêché la Russie de s’immiscer dans les sphères d’influence françaises traditionnelles en Afrique, avec notamment l’arrivée à la fin de l’année dernière au Mali de mercenaires russes que les responsables français soupçonnent d’être soutenus par le Kremlin.

La position d’ouverture d’Emmanuel Macron à l’égard de la Russie a également été critiquée par les pays d’Europe de l’Est de l’ancien bloc soviétique, qui considèrent avec méfiance le projet d’Emmanuel Macron de négocier avec Moscou un « nouvel ordre de sécurité européen ».

Pour contrer les critiques avant son voyage et endosser le rôle de leader européen dans cette crise, Macron a consulté un large panel de dirigeants occidentaux, notamment le Britannique Boris Johnson et le président américain Joe Biden.

A l’approche de l’élection présidentielle des 10 et 24 avril en France, les conseillers politiques du président français espèrent qu’il pourra tirer de ce voyage un bénéfice électoral.

« Pour le président, c’est l’occasion de montrer son leadership en Europe, sa stature de chef d’Etat. Evidemment, ça le place au-dessus de la mêlée », souligne une source gouvernementale française.

(Reportage Michel Rose; version française Elizabeth Pineau)

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