Zelensky face à un choix cornélien, l’Europe, prise de court, tente une parade
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par Anastasiia Malenko et Gram Slattery
KYIV/WASHINGTON/BRUXELLES (Reuters) – Pressé par les Etats-Unis d’accepter leur « plan de paix » d’ici au 27 novembre, le président Volodimir Zelensky a exposé vendredi au peuple ukrainien un choix cornélien entre la « dignité » et le soutien d’un « partenaire majeur », marquant une inflexion dans son approche d’un règlement négocié du conflit avec la Russie.
Washington, qui défendrait un « calendrier agressif » après des sessions de négociation jusqu’ici infructueuses, brandit la menace d’une rupture du partage des renseignements militaires avec Kyiv et des livraisons d’armes s’il ne consent pas à son projet en 28 points, selon deux sources au fait du dossier.
« A un moment, il va devoir accepter quelque chose qu’il n’a pas accepté », a dit Donald Trump à des journalistes, avant de rappeler la réception pleine de tension de Volodimir Zelensky à la Maison blanche en février dernier. « Vous vous souvenez ici-même dans le Bureau ovale, il n’y a pas si longtemps, j’ai dit ‘vous n’avez pas les cartes en main’. »
Le président russe Vladimir Poutine a pour sa part jugé que les propositions américaines pourraient servir de base à un règlement définitif du conflit mais que, en cas de refus ukrainien, les troupes russes continueraient d’avancer en Ukraine.
Au lendemain de discussions avec des émissaires du Pentagone à Kyiv, Volodimir Zelensky a annoncé sur X s’être entretenu vendredi par téléphone avec le vice-président américain J.D. Vance et Dan Driscoll, secrétaire américain à l’Armée, signe d’une intensification du « travail constructif et honnête » que le dirigeant ukrainien appelle de ses voeux.
Déstabilisé par un scandale de corruption à grande échelle en Ukraine et l’avancée des forces russes sur le territoire national, Volodimir Zelensky est confronté à un arbitrage douloureux, qu’il a dépeint vendredi dans un message à la Nation d’une rare tonalité solennelle et funeste.
« Nous vivons l’un des moments les plus difficiles de notre Histoire. La pression sur l’Ukraine a rarement été aussi forte », déclare-t-il dans cette courte allocution vidéo.
« Désormais », poursuit-il, « l’Ukraine est face à un choix très difficile – soit perdre sa dignité soit risquer de perdre un partenaire majeur. Soit les 28 points difficiles (du plan), soit un hiver extrêmement rude – le plus rude jamais connu – et d’autres risques à venir. La vie sans la liberté, sans la dignité, sans la justice. »
Lors d’une réunion retransmise à la télévision du conseil de sécurité russe, Vladimir Poutine a pour sa part déclaré que Moscou n’avait pas encore discuté en détail du plan américain avec Washington mais que les Russes en avaient reçu une copie.
« L’administration américaine a jusqu’à présent échoué à obtenir le consentement de la partie ukrainienne. L’Ukraine est contre », a dit le président russe aux membres de son conseil de sécurité.
Si l’Ukraine et ses soutiens européens refusent d’examiner ces propositions américaines, « c’est bon pour nous », a ajouté Vladimir Poutine.
Après son invasion à grande échelle de l’Ukraine en février 2022, la Russie contrôle un peu plus de 19% du territoire ukrainien, soit 115.500 km², un point de pourcentage de plus qu’il y a deux ans.
LES EUROPÉENS PRIS DE COURT
Face à l’ultimatum américain, confirmé par Donald Trump sur la radio Fox News, Volodimir Zelensky a reçu vendredi le soutien renouvelé des Européens, tenus à l’écart.
Les Vingt-Sept et le Royaume-Uni tentaient de faire front commun face à ce nouveau camouflet diplomatique, refusant d’endosser la « capitulation » inscrite entre les lignes du plan, mais les réactions se sont succédé en ordre dispersé.
A l’initiative, le chancelier allemand Friedrich Merz, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer se sont entretenus vendredi par téléphone avec le président ukrainien d’une « contre-proposition » au plan américain, selon les mots de Volodimir Zelensky.
Les trois dirigeants ont réitéré leur volonté d' »une paix juste et durable » et « réaffirmé que toutes les décisions ayant des implications pour les intérêts de l’Europe et de l’Otan nécessitent le soutien conjoint et le consensus des partenaires européens et des alliés de l’Otan respectivement », rapporte un communiqué de la présidence française.
Rien ne peut être décidé sans l’Ukraine, avait répété avant eux la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à Johannesburg pour le sommet du G20 qui s’ouvre samedi.
Elle a précisé que les dirigeants européens discuteraient du plan avec le président ukrainien en marge du sommet du G20. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a concédé que l’UE n’avait pas pris connaissance du plan et qu’il était donc prématuré de commenter l’initiative américaine.
« GAGNANT-GAGNANT »
Une source proche du dossier a dit à Reuters que des représentants américains devaient présenter le plan, divulgué dans plusieurs médias, vendredi aux ambassadeurs des pays de l’UE à Kyiv.
« C’est un moment très dangereux pour tous », a souligné vendredi la Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité.
« Nous voulons tous que cette guerre finisse, mais le comment importe. La Russie n’a aucun droit légal à des concessions de la part du pays qu’elle a envahi, c’est à l’Ukraine de décider in fine des termes d’un accord », a déclaré Kaja Kallas à des journalistes.
Le projet américain, dont Reuters a consulté une copie, fait la part belle aux revendications russes.
Elaboré selon la porte-parole de la Maison blanche par le secrétaire d’Etat Marco Rubio et l’envoyé spécial Steve Witkoff, il prévoit notamment que Kyiv cède la totalité du Donbass (les oblasts de Donetsk et Louhansk), dans l’est de l’Ukraine, reconnaisse l’annexion de la Crimée et réduise de manière significative la taille de son armée.
L’effectif militaire ukrainien serait limité à 600.000 hommes. Près d’un million de recrues combattent dans les forces armées ukrainiennes face à un ennemi supérieur en nombre sur une ligne de front longue de plus de 1.200 kilomètres.
L’Ukraine recevrait de « robustes garanties de sécurité » – elles ne sont pas détaillées – et s’engagerait aux termes du plan à renoncer à adhérer à l’Otan.
« Ce plan a été bâti pour refléter les réalités de la situation (…) et trouver le meilleur scénario gagnant-gagnant, dans lequel les deux parties gagnent plus qu’elles ne donnent », a souligné la porte-parole de la Maison blanche, Karoline Leavitt.
Voir également :
ENCADRE-Ce que contient le plan américain pour le règlement de la guerre en Ukraine
(avec les rédactions de Bruxelles, Washington et Kyiv, rédigé par Peter Graff, Timothy Heritage, David Brunnstrom et Costas Pitas, John Irish, Andrew Gray, Lili Bayer ; version française Sophie Louet et Bertrand Boucey, édité par Kate Entringer et Jean-Stéphane Brosse)
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